Crise dans la rébellion - Les nombreuses bavures de la force de la coalition ainsi que les lignes de fractures au sein de la rébellion consacrent la désillusion de l'Otan, qui au départ pensait faire une promenade de santé en Libye. Afin de renverser le colonel Kadhafi pour le remplacer par un homme de paille qui servirait les intérêts occidentaux. Cet enlisement signifie, à en croire un analyste, que Kadhafi n'est pas seul dans cette lutte contre le néo-colonialisme au nom de la protection civile. Presque deux semaines après l'assassinat, dans des circonstances encore peu claires, du chef de l'état-major de la rébellion, le général Abdel Fatah Younès, le président du conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, a dissout le gouvernement en donnant la responsabilité à son chef, Mahmoud Jibril, d'en former un nouveau, a rapporté Misna.
En unissant les deux fonctions, celle de Premier ministre et « numéro 2 » de la rébellion, Jibril devra créer un nouvel organe exécutif pour le CNT, né en mars dernier à Benghazi après la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi et actuellement formellement reconnu par 30 pays, afin de gérer les territoires sous le contrôle des insurgés.
Le général Younès, qui a rejoint la rébellion après avoir été auparavant ministre de l'Intérieur sous le régime de Kadhafi, avait été tué le 28 juillet suite à un interrogatoire à Benghazi. Cet homicide a soulevé beaucoup de questions sur l'identité de ses assassins qui, selon certaines sources, se recruteraient parmi les éléments encore fidèles à Kadhafi. De même qu'il a fait naître des présomptions sur l'existence des divisions au sein du CNT soutenus par des Occidentaux. L'organe politique de la rébellion, est composé de 31 membres bien que, probablement pour des raisons de sécurité, seuls 13 noms d'entre eux aient été publiquement diffusés; ils sont pour la plupart des juristes, avocats et enseignants.
Samedi dernier, le président du CNT avait lancé un appel à l'unité dans la lutte contre Kadhafi en demandant entre autres à tous les groupes armés qui gèrent la sécurité à Benghazi de se soumettre à l'autorité du ministère de l'Intérieur.
Outre les lignes de fracture au sein de la rébellion, il y a lieu de souligner que l'alliance Atlantique va des erreurs en erreurs.
Leçon de l'enlisement
L'Alliance est reprochée pour plusieurs bavures commises en contradiction de la résolution onusienne autorisant l'intervention étrangère en Libye afin de protéger la population civile.
Fort malheureusement, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan) a maintes fois raté des cibles pour tuer des civils.
C'est dans ce contexte que des critiques augmentent, à en croire Misna, au sein du Conseil de sécurité de l'Onu sur les objectifs de l'offensive de l'Otan contre la Libye.
C'est ainsi qu'au terme d'une réunion à huit-clos hier au siège de l'Onu, la Russie, l'Inde et d'autres délégations ont exprimé leurs inquiétudes par rapport aux bombardements effectués contre les installations de la télévision publique libyenne, en restant en attente d'une enquête de l'Otan à laquelle ils ont demandé des explications sur la nature et les raisons du choix de cette cible. «Nous sommes très inquiets et nous avons demandé de mettre fin à ces actions, ils nous ont répondu qu'ils sont en train d'enquêter sur le bombardement de la télévision », a déclaré l'ambassadeur russe aux journalistes, Vitaly Churkiàn.
A ce sujet, Irina Bokova, directrice de l'Unesco a été très claire : « Je déplore l'attaque de l'Otan à Al-Jamahiriya et ses installations. Les médias ne doivent pas être l'objectif d'actions militaires», lit-on dans une de ses notes. «Nous attendons de connaître précisément les faits, en particulier de l'Otan même», a déclaré le délégué indien Hardeep Singh Puri qui, ce mois-ci, est en charge de la présidence du Conseil. Des explications ont été demandées par le Brésil et le Liban également.
Tirant les leçons de l'enlisement, un analyste estime que l'Alliance Atlantique est tout simplement désillusionnée pour la simple raison qu'en intervenant dans la précipitation, elle pensait faire une promenade de santé pour renverser le chef de la Jamahiriya arabe libyenne qu'on devait remplacer rapidement par un homme de paille. Cette débâcle, a-t-il renchéri, coïncide malheureusement avec la basse conjoncture que traverse les économies de la plupart des pays occidentaux. Entre-temps le guide libyen profite des erreurs de l'Occident pour gagner du temps afin de se maintenir au pouvoir.
L'analyste souligne même que la résistance du régime libyen face à la coalition occidentale signifie en d'autres termes que le colonel Kadhafi n'est pas seul dans cette lutte contre le néo-colonialisme au nom de la protection civile, arguant qu'il bénéficie du soutien de plusieurs pays africains.
Pierre Emangongo
http://www.afriquejet.com/otan-cnt-libye-2011081120430.html
Le Potentiel/11/08/2011
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