« Tout ceux qui, voulant dire une vérité avant son heure, risque de se trouver hérétiques » disait Teilhard de Chardin L’imam Ali s’est trouvé hérétique au milieu des omeyades qui cultivaient la culture d’empire et non celle du Khalifat du Prophète comme Omar et Abu Bakr et Otman. Son nom a été banni ainsi que celui de l’Imam al Hassan son fils le cinquième Khalife bien guidé qui se trouve exclu contre toute logique des Khalifes bien guidés. Les Omeyades craignant pour leur pouvoir ont interdit que Ali et Hassan et Hussein soient évoqués dans les livres, les sermons ; le recueil de Hadith. L’imam al Hassan a refusé la confrontation armée avec Mu’awiya malgré qu’il avait autour de lui 90 000 combattants dont des compagnons qui ont participé à Badr. Il avait compris que vaincre et régner dans une époque qui n’est pas la sienne est vanité qui ne peut ramener que la Fitna et la profanation du sang des Musulmans.
Abu Dherr Al Ghiffari a eu des affrontements verbaux avec les régents et les princes omeyades qui dépensaient l’argent au nom du principe que c’est la richesse d’Allah que Dieu leur a confié et quand ils manquaient d’argent ils recouraient aux taxes et imports appauvrissant le royaume par l’excès de taxe et les nombreux soulèvements brimés dans le sang. Abu Dherr maintenait avec fermeté que la richesse est le bien des Musulmans qu’Allah leur a donné et qu’ils doivent gérer cet argent d’une manière démocratique, équitable, solidaire, dans la justice sociale et l’investir non dans les palais et la consommation mais fi Sabil Allah ( défendre l’islam, libérer le captif, aider l’opprimé, secourir le pauvre et le nécessiteux, donner asile aux voyageurs, créer de l’emploi, créer des fondations caritatives et pieuses). Face à la force militaire, à l‘entêtement et au changement du temps qui a soumis le musulman à l’épreuve de la richesse, de l’injustice et de la gouvernance insensé Abou Dherr a vécu exilé, dans la pauvreté et il est mort dans la solitude conformément à la prophétie.
La vie ne se passe pas selon nos vœux et même si nous sommes justes et honnêtes la Sagesse divine a donné du répit aux injustices comme preuve contre eux et a donné l’épreuve de la patience comme rang auprès de lui.
C’est à cette vérité implacable que je me suis trouvé confronté dans l’évocation de mon ami et compagnon de route Ghazi Hidouci.
Ghazi Hidouci est né en 1939 à Ain-Beida, une ville de l'est algérien. Après des études de Mathématiques et d’ ·économie, il a accompli une carrière de haut fonctionnaire au Plan et a été conseiller économique à la présidence de la République de 1984 à 1989, puis Ministre de l’Économie et des Finances jusqu'en juillet 1999. Il est le concepteur principal des réformes politiques et économiques brutalement interrompues après le départ poussé du gouvernement de Mouloud Hamrouche et juste avant l’interruption des premières élections supposées être libres et démocratiques.
Cette homme, que j’ai fréquenté et avec qui j’ai débattu de tous les sujets nationaux et internationaux reste, pour moi, une grande figure intelligence, subtile, compétence qui pourrait sans flagornerie et sans exagération être considéré comme le véritable disciple de Malek Bennabi par la profondeur, la justesse , l’étendue, le contenu, la dimension et la cohérence de sa pensée et de sa vision sur l’Algérie dans une vision réellement civilisationnelle et capable de donner au terme Nahda dans laquelle nous avons grandi une dimension qui lui a manqué et que Malek Bennabi a dénoncé comme n’étant qu’une rhétorique de verbeux qui n’apporte ni solution aux défis du temps ni réponse aux problèmes et interrogations des hommes. Ghazi qui a connu toutes les grandes figures de son temps avait la compétence de mobiliser des équipes saines et compétentes pour conduire l’Algérie à bon port.
Connaissant son potentiel, devinant sa dimension civilisation et secoué par ses premières mesures qui attaquent la rente dans ses fondements structurels et qui défendent la monnaie nationale il fut attaqué de la manière la plus inattendue : faire passer dans les mosquées, dans la presse, dan la radio, dans les cafés, dans les cérémonies de mariage que le ministre de l’économie algérienne est un Juif. En dehors du fait que ses adversaires ne l’affrontent pas sur le terrain politique et économique faute d’arguments et d’éthiques ils ont essayé de le déstabiliser sur le plan affectif. Je reconnais son courage et son sens des responsabilités puisque il a laissé ses détracteurs le harceler derrière son dos et le livrer aux islamistes de la plèbe crédule, fanatiques, ignorants et colporteurs des mensonges, des rumeurs et de la namima contraires à l’enseignement du Prophète. Il a préféré se consacrer à la situation de cessation de paiement de l’Algérie étouffé par le FMI, la Banque mondiale et les Banques françaises qu’une mauvaise gestion et le recours aux crédits commerciaux à court terme a gonflé le service de la dette rendant l’Algérie insolvable sur le marché internationale recevant des consignes pour mettre à genou l’Algérie et acheter son patrimoine industriel le plus conséquent du monde arabe à prix au rabais.
Le connaissant comme Musulman puisque nous avons prié ensemble dans des mosquées ou à la maison, connaissant son père et sa mère tous les deux des Hadjis, connaissant ses frères et ses sœurs tous Musulmans pratiquants il me rappelle Otman qui refuse d’être défendu dans les Mosquées et les quartiers. Il était convaincu d’une part qu’il fallait rester sur la bataille politique et économique et d’autre part que ce n’était pas une tare d’être Juif pour celui qui connait la civilisation musulmane et la place accordée aux juifs dans l’administration et le commerce. Le combat est contre le sionisme et toute victoire économique et politique en faveur du peuple algérien affaiblit le sionisme et l’impérialisme et par conséquent porter l’étiquette de Juif ne pouvait nuire à sa mission puisqu’elle créait la diversion lui permettant d’avancer dans les dossiers et faire passer la véritable loi de protection de l’économie algérienne « le crédit et la monnaie » qui protège la monnaie, qui libère les banques de la bureaucratie et qui donne au gouverneur de la Banque Centrale un pouvoir qui le rend indépendant du Ministre des Finances et du Chef du Gouvernement pour gérer avec professionnalisme les institutions bancaires et financières, le déficit public et la planche à billet sans contrepartie des gains de productivité et de production dans l’économie réelle.
On a utilisé contre lui Raymond Benhaim Juif d’origine marocaine que le Ministre du commerce a sollicité pour expertiser les sociétés publiques de denrées alimentaires et former des traders pour acheter du blé, du café, des épices, du sucre et les denrées alimentaires hors des circuits traditionnels de surfacturation. Dans cette haine contre Ghazi on a pas voulu voir en Benhaim un patron de la société ACT de consulting qui apporte un savoir faire aux algériens pour se libérer des monopoles et créer un Observatoire national de veille sur les transactions commerciales pour apprendre à faire de la veille documentaire, stratégique et intervenir d’une manière professionnelle, cohérente, opportune et pertinente très en amont dans la filière et faire l’économie des intermédiaires, des monopoles, des prix excessifs et se libérer du shipping indexé qui venait grever les prix et encombrer les ports. Raymond Benhaïm est un Juif anti sioniste ami des palestiniens et qui apporte un savoir faire qu’il facture dans la transparence et il évolue dans la transparence. Les Juifs sionistes, les agents du Makhzan marocain, les ripoux de l’import -export français qui sont dans les circuits algériens les véritables décideurs sont cachés par le bruit fait sur ACT et son ami Hidouci.
J’avais commencé à travailler avec lui sur plusieurs projets mais difficilement car tant dans son entourage que dans le mien on faisait tout pour rendre notre collaboration impossible. Je lui apporte ici mon soutien et mon témoignage car j’ai travaillé avec lui sur des dossiers brulant mais passionnant même s’ils n’ont pas vu le jour eu égard aux réseaux de destruction de l’économie y compris dans ses proches et mes proches. Je les cite car il a donné à la fonction de décideur algérien ses titres de noblesse :
Il a été question que je devienne le secrétaire général du Ministère de l’Économie et des Finances. J’ai refusé malgré que dans son projet c’était le premier pas pour que devienne Ministre de l’Économie et des Finances et qu’il se retire se réservant au travail avec le Président de la République, à la prospective et la réflexion pour former et préparer les générations montantes. J’ai subi d’énormes pression et pour sa propre protection et sa propre sérénité 20 ans après je fais cas de ces pressions. Je ne suis pas un homme d’appareil et de réussite mondaine mais un homme de convictions et de principes. Alors que j’avais en charge le dossier de la pèche que j’ai redressé et développé avec des moyens réduits je l’ai très peu sollicité sauf pour une action de protection du patrimoine nationale. J’avais signé une convention avec les corailleurs de Béni Yéni d’être les prioritaires du travail sur le Corail brut et j’ai fait signer par Ghazi un arrêté interdisant l’exportation du corail brut. Cet arrêté a été bloqué par l’imprimerie officielle et n’a jamais été publié au journal officiel. Ce qui montre le niveau de prédation de l’économie nationale et le niveau de complicité.
Il m’avait proposé de prendre la tête de l’office algérien des Céréales pour enlever à Belkheir et son clan la main mise sur la nourriture stratégiques des Algériens dont personne ne savait quelle était son véritable coût, ni ce que devenait ses ristournes, ni sa qualité sanitaire, ni pourquoi et comment redonner à l’office sa vocation qui n’était pas d’importer du blé, du mais, des pates et des farines mais de les produire dans cette terre surnommé « le grenier à blé de Rome » et qui a construit la prospérité de la France coloniale. Des hommes proches à lui qui sont au service de la présidence actuelle m’ont envoyé un message : « Tu es socialement fragile ! Ce poste n’est pas à toi ». Pour un homme intègre, fier et conscient des enjeux j’avais deux choix : encaisser, me taire et livrer d’autres batailles en silence ou aller le voir et le mettre en situation difficile d’arbitrer entre ses équipes dans son cabinet et ses ministres. Le silence est d’or. J’ai fourni mon analyse personnelle sur la maison du grain « AGRA », Algérie Grain. Tout en gérant la pèche algérienne côtière, halieutique et océanique contre les mafieux qui cherchait à privatiser j’ai vu un Ministre qui a le sens des réalités du peuple, la maitrise des dossiers et le désir de donner au cadre algérien sa place de dignité et son rôle de décideur
En son nom j’ai reçu la délégation Peugeot conduite par mosieur Calvet et des membres de son directoire en leur disant qu’ils étaient un groupe industriel et que le principal de concurrence loyal et de bienséance interdisait au Ministre de l’Économie de les recevoir mais que je suis disposé à l’informer de leurs projets en Algérie. Libéré de la bureaucratie tatillonne et incompétente j’ai dit au directoire ce qui semblait être intéressant pour l’Algérie et réaliste eu égard aux réticences connues de Peugeot envers l’Algérie : une chaine de montage de 30000 véhicules en Algérie, l’implantation d’un réseau concessionnaire qui donne les mêmes prestations que celles données en France, et la mise sur pied d’une sous-traitance algérienne dans le réseau mondial de Peugeot sur 5 ans de 5 milliard de 20 milliards de francs. L’Algérie fournirait le foncier immobilier et la main d’œuvre, Peugeot fournirait la documentation technique know how produit et know how production. J'ai écris il n'y a pas longtemps un article sur la viste de son excellence l'ambassadeur de France à Constantine et j'ai dénoncé le contenu de ce voyage y compris le leurre de l'industrie automobile.
L' Algérie avait une capacité de production de 14 millions de tonnes de ciment qui pouvait être étendue à 17 millions juste en ajoutant du lait sortant des acieries algériennes. La qualité du ciment faisait que le dosage pouvait être moins riche et nous donnait en réalité 20 millions de tonnes efficacité ciment. L'Algérie n'en avait besoin que de 6 millions et le comble de l'ironie elle importait 3 millions. Les cadres algériens du secteur avaient évaluaient à 400 mille dollars le couts de pièce de rechange et l'apport d'un expert étranger en cimenterie pour consolider et redéployer la production avec exportation de 50% de la production. La bureaucratie, la rente et les médias aux ordres ont rendu impossible cette mission de redressement d'une filière qui permettait avec l'acier de lancer avec des algériens tout le processus de construction urbain du pays.
Je passe sur les projets de coopératives pour les jeunes et sur la restructuration organique et le redéploiement technico industrielle de Sonacome en holding de PME et micro entreprises mutualisés sur la petite et moyenne mécanique pour répondre à un besoin, créer de l’emploi et mettre en jonction les locaux disponibles de la filières véhicules avec les cadres sous employés et les jeunes entrepreneurs issus des centres de formation à mettre en place pour mettre fin au gaspillage des 5 milliards jetés dans la formation et l’emploi jeunes sans stratégie autre que faire des affaires par certains cadres du service public sans scrupules.
Un dossier intéressant m’a été confié par lui : comment faire de la Zakat une institution pour éviter l’inefficacité et la contre synergie dans sa collecte et sa redistribution. L’idée était de partir avec une direction générale et des directions par wilayas à l’image de l’inspection des finances. Il restait à affiner son aspect démocratique et le droit de regard des citoyens qui en sont les prioritaires.
La tâche n’était pas facile, les cadres n’étaient pas là. Souvent ils brillaient par leurs diplômes autant que par leur inconscience politique et sociale ou morale. Ceux qui se sont engagés portaient les stigmates de la bureaucratie. Insoumis et libres mais paradoxalement disciplinés et assidus au travail j’ai conduit une entreprise publique qui n’était pas encore passé à l’économie sous le régime de l’entreprenariat et de l’initiative. Cela gène les rentiers. J’avais recruté un quadragénaire qui voyait dans mon style policée et bienveillant une faiblesse qui lui a couté sa place alors que là où je passe je n’ai jamais mis quelqu’un dehors. Il se trouvait il y quelques temps dans le front national du changement de l’Algérie. Je souris car cet ingrat a fait une lettre aux services de sécurité me traitant de voleur, d’ami de Hidouci le Juif et d’organisateur de la grève du FIS à Alger. La providence divine a voulu que les enquêteurs venus m’interrogeaient alors que je vivais sans revenus et souffrant à la suite d’une ablation du poumon ont retrouvé en moi le nationaliste qui avait travaillé corps et âme pour l’Algérie avant de travailler pour Hidouci. Une enquête a été faite sur ma gestion par l’Inspection générale des Finances (IGF) qui me donne un quitus que peu d’algériens ont : j’ai pris mes fonctions en clôturant l’ancienne comptabilité qui avait 12 milliards anciens de déficits entre l’approvisionnement et les découverts bancaires sur les salaires. J’ai clôturé ma comptabilité avec 3 milliard anciens de bénéfices sans découverts bancaires, sans prêts bancaires. 20 ans après je rends hommages aux jeunes algériens qui m’ont assisté, au chauffeur qui s’asseyait à côté de moi me laissait conduire en déplacement, aux petites travailleurs avec qui j’ai partagé le pain, les dattes et le petit lait
Bien avant la chute du gouvernement, Hidouci m’a demandé de rejoindre son cabinet. Le temps de finir un travail qui me tenait à coeur et le rejoindre son gouvernement tombe. Quelques mois plus tard je tombe alors que je suis au Japon parvenant à ouvrir le marché japonais et à leur faire signer un contrat où ils s’engageaient à investir en Algérie 100% de leur bénéfice sur 10 ans dans une règle dégressive dès la première année de rentabilité. Ce travail venait à la suite d’une idée que j’ai discuté avec Ghazi Hidouci et que j’ai réalisé avec peu de moyens avec les coréens : produire la première ferme marine en Algérie et y produire des algues d’exportations pour l’Asie, produire de l’alginate pour les prothésistes et de la gélatine végétale.
Je profite de l’occasion pour dire au président de l’UOIF qu’il est faux d’affirmer qu’il est impossible de produire de la gélatine hallal. Je l’ai fait. Mobiliser de l’argent et de la volonté je vous donne le chemin à suivre.
A notre âge nous n'avons rien à justifier ni à quémander mais infromer les jeunes "Distinguer avant de toucher les gens par ignorance et que vous soyez ensuite pris de remords" (le Coran). Il nous arrive de répondre à des questions embarrassantes : comment faites vous pour vivre dans ces conditions difficiles de précarité et d'incompréhension. Il m'arrive de dire ce qui disait un hadith ou une sentence de l'Imam Ali : Allah distribue équitablement, Il ne donne pas la richesse, l'intelligence et la sagesse à la meme personne. Il partage et celui qui a reçu de la science et de la sagesse a beaucoup réussi même si les mois mondaines nous cernent et ne font pas pitié pour celui tombe ou qui plie. Parfois je me dis qu'Allah nous a donné mais il a privé les autres car ils nous ont empéché de réaliser le bien dont nous avons la compétence de pouvoir faire avec facilité, humilité et probité. Puis je me suis rappelé l'étrangeté de la situation dhier et d'aujourd'hui qui témoigne de lois sociologiques : l'absence d'efficacité sociale et de considération pour la compétence car si les gouvernants ont l'excuse d'être despote et saboteurs la communauté ne peut ignorer ses compétences. Ghai et moi avons consacré une partie de notre temps à trouver le meileur cadre de servir notre communauté en leur apportant nos compétences et notre expertise sans rien demander en contrepartie que la joie de servir et la reconnaissance d'être écoutée et transmettre. En 1995 nous avons proposé aux Musulmans de France de leur apporter l'expertise de résoudre la question du Hallal. Nous n'avons pas été écouté ni suivi. Ni lui ni moi ne sommes naïfs et sans repères idéologiques, politiques, sociaux et économiques pour comprendre l'impasse. Je vous demande à ce sujet de lire comme une parabole éducative et méditative ce récit de Malek Bennabi :
"C'était, en 1938, à Marseille, j'étais attablé sur la terrasse d'un café avec un ami algérien dont je connaissais la loyauté, la droiture et les nobles vertus. Il était d'une vaste culture, étant membre des
oulémas traditionnels d'Algérie. Il menait une modeste vie et ses ressources ne suffisaient guère à subvenir aux besoins élémentaires de sa famille. Je lui ai rendu visite un jour à l'hôpital où il soignait une maladie. Je l'avais trouvé en pleurs, la mine défaite, l'air fatigué, et quand je m'étais enquis de son état de santé, il m'avait répondu: « Quel dommage! Je ne sers plus à rien . . . ». Je vous ai raconté ce fait pour vous livrer une illustration de son dévouement et de son intégrité morale.
J'étais donc un jour assis en sa compagnie sur la terrasse d'un café à Marseille. Il évoqua les difficultés qu'il éprouvait et ses conditions matérielles fort précaires. Puis il a pris congé de moi. Je suis resté seul, méditant son cas, lorsqu'une odieuse vieille femme fait son entrée dans le café. Elle arborait une mine dévoilant les signes d'une vie dissolue et les traits tirés par les liqueurs dont la forte odeur se dégageait de sa bouche. Se tenant au milieu du café, elle a commencé à chanter d'une voix rauque et à danser sur un seul pied. Une fois son numéro terminé, elle a tendu la main sollicitant la bonté des clients. Elle a rassemblé du fait de la
générosité française ce qui pouvait suffire à l'Algérien et à sa famille pour les dépenses d'une semaine!
La question qui s'est imposée à mon esprit était: pourquoi cet homme respectable et dévoué est-il privé d'une vie décente alors que cette vieille dame dépourvue de la moindre qualité morale, dispose de
moyens de subsistance conséquents? C'est alors que je suis revenu à la loi statisticienne que j'ai évoquée tout à l'heure et j'ai compris que la vie d'un individu n'est nullement inhérente à sa personnalité ni à son don personnel: elle est fonction avant tout de son rapport avec une société donnée. Si la société offre les garanties à l'individu, tous ses individus ne seront pas privés d'une vie
décente. La vieille fripouille signalée tout à l'heure en tire le même bénéfice dans les' mêmes proportions que n'importe quel citoyen de la société française.
Mon infortuné ami aussi prend sa part dans les mêmes proportions que n'importe quel citoyen de la société algérienne dont il fait partie!
La «volonté» dans son sens collectif est nécessaire. Dieu Tout Puissant dit: Qu'il ait parmi vous une communauté qui prêche le Bien, ordonne ce qui est y décent et proscrit ce qui est blâmable: ces gens sont les Bienheureux"
Ce récit de Malek Bennabi et mon récit sur Ghazi Hidouci ont valeur symbolique : C'est à la communauté de reconnaitre la compétence de ses élites car c'est cette reconnaissance qui leur donne légitimité et non les appareils qui nomment et dégomment. La communauté doit apprendre à juger les hommes sur leurs idées, leur engagement et la manière dont ils vivent, ils vivent du produit de leur salaire ou de leur misère dans la dignité et la gloire d'avoir servi honorablement une cause au prix de leur vie. Je donne un exemple islamique de ce qu'on appelle "Aimer en Allah". Aimer en Allah n'est pas lié à l'intérêt ou à des rituels religieux tellement ostentatoires qu'ils finissent par devenir païens et traitres, Aimer en Dieu c'est se soutenir mutuellement d'une manière désinterressé par respect de la valeur et de la probité vus dans l'autre et dans la lutte fi sabil Allah dont la lutte pour l'indépendance politique et économique d'un pays musulman. Ce récit intervient en ce moment car Ghazi Hidouci après 20 ans d'exil a décidé de participé à une conférence à Alger sur les révolutions arabes et d'informer les participans et les Algériens qui auraient eu l'intelligence de l'écouter sur ce qui nous attend. J'écris sans relàche sur les révolutions arabes depuis plus d'un an et c'est une solidarité que j'exprime sur ce thème sensible que les élites universitaires et les journalistes veulent occulter laissant une fois le peuple algérien sans solution sauf que la démission ou la révolte.
A ceux qui ont brulé notre pays et le talent que nous portions je dirais comme Francis Bacon : « L'hérétique n'est pas celui que le bûcher brûle, mais celui qui l'allume. »
http://liberation-opprimes.net
Abu Dherr Al Ghiffari a eu des affrontements verbaux avec les régents et les princes omeyades qui dépensaient l’argent au nom du principe que c’est la richesse d’Allah que Dieu leur a confié et quand ils manquaient d’argent ils recouraient aux taxes et imports appauvrissant le royaume par l’excès de taxe et les nombreux soulèvements brimés dans le sang. Abu Dherr maintenait avec fermeté que la richesse est le bien des Musulmans qu’Allah leur a donné et qu’ils doivent gérer cet argent d’une manière démocratique, équitable, solidaire, dans la justice sociale et l’investir non dans les palais et la consommation mais fi Sabil Allah ( défendre l’islam, libérer le captif, aider l’opprimé, secourir le pauvre et le nécessiteux, donner asile aux voyageurs, créer de l’emploi, créer des fondations caritatives et pieuses). Face à la force militaire, à l‘entêtement et au changement du temps qui a soumis le musulman à l’épreuve de la richesse, de l’injustice et de la gouvernance insensé Abou Dherr a vécu exilé, dans la pauvreté et il est mort dans la solitude conformément à la prophétie.
La vie ne se passe pas selon nos vœux et même si nous sommes justes et honnêtes la Sagesse divine a donné du répit aux injustices comme preuve contre eux et a donné l’épreuve de la patience comme rang auprès de lui.
C’est à cette vérité implacable que je me suis trouvé confronté dans l’évocation de mon ami et compagnon de route Ghazi Hidouci.
Ghazi Hidouci est né en 1939 à Ain-Beida, une ville de l'est algérien. Après des études de Mathématiques et d’ ·économie, il a accompli une carrière de haut fonctionnaire au Plan et a été conseiller économique à la présidence de la République de 1984 à 1989, puis Ministre de l’Économie et des Finances jusqu'en juillet 1999. Il est le concepteur principal des réformes politiques et économiques brutalement interrompues après le départ poussé du gouvernement de Mouloud Hamrouche et juste avant l’interruption des premières élections supposées être libres et démocratiques.
Cette homme, que j’ai fréquenté et avec qui j’ai débattu de tous les sujets nationaux et internationaux reste, pour moi, une grande figure intelligence, subtile, compétence qui pourrait sans flagornerie et sans exagération être considéré comme le véritable disciple de Malek Bennabi par la profondeur, la justesse , l’étendue, le contenu, la dimension et la cohérence de sa pensée et de sa vision sur l’Algérie dans une vision réellement civilisationnelle et capable de donner au terme Nahda dans laquelle nous avons grandi une dimension qui lui a manqué et que Malek Bennabi a dénoncé comme n’étant qu’une rhétorique de verbeux qui n’apporte ni solution aux défis du temps ni réponse aux problèmes et interrogations des hommes. Ghazi qui a connu toutes les grandes figures de son temps avait la compétence de mobiliser des équipes saines et compétentes pour conduire l’Algérie à bon port.
Connaissant son potentiel, devinant sa dimension civilisation et secoué par ses premières mesures qui attaquent la rente dans ses fondements structurels et qui défendent la monnaie nationale il fut attaqué de la manière la plus inattendue : faire passer dans les mosquées, dans la presse, dan la radio, dans les cafés, dans les cérémonies de mariage que le ministre de l’économie algérienne est un Juif. En dehors du fait que ses adversaires ne l’affrontent pas sur le terrain politique et économique faute d’arguments et d’éthiques ils ont essayé de le déstabiliser sur le plan affectif. Je reconnais son courage et son sens des responsabilités puisque il a laissé ses détracteurs le harceler derrière son dos et le livrer aux islamistes de la plèbe crédule, fanatiques, ignorants et colporteurs des mensonges, des rumeurs et de la namima contraires à l’enseignement du Prophète. Il a préféré se consacrer à la situation de cessation de paiement de l’Algérie étouffé par le FMI, la Banque mondiale et les Banques françaises qu’une mauvaise gestion et le recours aux crédits commerciaux à court terme a gonflé le service de la dette rendant l’Algérie insolvable sur le marché internationale recevant des consignes pour mettre à genou l’Algérie et acheter son patrimoine industriel le plus conséquent du monde arabe à prix au rabais.
Le connaissant comme Musulman puisque nous avons prié ensemble dans des mosquées ou à la maison, connaissant son père et sa mère tous les deux des Hadjis, connaissant ses frères et ses sœurs tous Musulmans pratiquants il me rappelle Otman qui refuse d’être défendu dans les Mosquées et les quartiers. Il était convaincu d’une part qu’il fallait rester sur la bataille politique et économique et d’autre part que ce n’était pas une tare d’être Juif pour celui qui connait la civilisation musulmane et la place accordée aux juifs dans l’administration et le commerce. Le combat est contre le sionisme et toute victoire économique et politique en faveur du peuple algérien affaiblit le sionisme et l’impérialisme et par conséquent porter l’étiquette de Juif ne pouvait nuire à sa mission puisqu’elle créait la diversion lui permettant d’avancer dans les dossiers et faire passer la véritable loi de protection de l’économie algérienne « le crédit et la monnaie » qui protège la monnaie, qui libère les banques de la bureaucratie et qui donne au gouverneur de la Banque Centrale un pouvoir qui le rend indépendant du Ministre des Finances et du Chef du Gouvernement pour gérer avec professionnalisme les institutions bancaires et financières, le déficit public et la planche à billet sans contrepartie des gains de productivité et de production dans l’économie réelle.
On a utilisé contre lui Raymond Benhaim Juif d’origine marocaine que le Ministre du commerce a sollicité pour expertiser les sociétés publiques de denrées alimentaires et former des traders pour acheter du blé, du café, des épices, du sucre et les denrées alimentaires hors des circuits traditionnels de surfacturation. Dans cette haine contre Ghazi on a pas voulu voir en Benhaim un patron de la société ACT de consulting qui apporte un savoir faire aux algériens pour se libérer des monopoles et créer un Observatoire national de veille sur les transactions commerciales pour apprendre à faire de la veille documentaire, stratégique et intervenir d’une manière professionnelle, cohérente, opportune et pertinente très en amont dans la filière et faire l’économie des intermédiaires, des monopoles, des prix excessifs et se libérer du shipping indexé qui venait grever les prix et encombrer les ports. Raymond Benhaïm est un Juif anti sioniste ami des palestiniens et qui apporte un savoir faire qu’il facture dans la transparence et il évolue dans la transparence. Les Juifs sionistes, les agents du Makhzan marocain, les ripoux de l’import -export français qui sont dans les circuits algériens les véritables décideurs sont cachés par le bruit fait sur ACT et son ami Hidouci.
J’avais commencé à travailler avec lui sur plusieurs projets mais difficilement car tant dans son entourage que dans le mien on faisait tout pour rendre notre collaboration impossible. Je lui apporte ici mon soutien et mon témoignage car j’ai travaillé avec lui sur des dossiers brulant mais passionnant même s’ils n’ont pas vu le jour eu égard aux réseaux de destruction de l’économie y compris dans ses proches et mes proches. Je les cite car il a donné à la fonction de décideur algérien ses titres de noblesse :
Il a été question que je devienne le secrétaire général du Ministère de l’Économie et des Finances. J’ai refusé malgré que dans son projet c’était le premier pas pour que devienne Ministre de l’Économie et des Finances et qu’il se retire se réservant au travail avec le Président de la République, à la prospective et la réflexion pour former et préparer les générations montantes. J’ai subi d’énormes pression et pour sa propre protection et sa propre sérénité 20 ans après je fais cas de ces pressions. Je ne suis pas un homme d’appareil et de réussite mondaine mais un homme de convictions et de principes. Alors que j’avais en charge le dossier de la pèche que j’ai redressé et développé avec des moyens réduits je l’ai très peu sollicité sauf pour une action de protection du patrimoine nationale. J’avais signé une convention avec les corailleurs de Béni Yéni d’être les prioritaires du travail sur le Corail brut et j’ai fait signer par Ghazi un arrêté interdisant l’exportation du corail brut. Cet arrêté a été bloqué par l’imprimerie officielle et n’a jamais été publié au journal officiel. Ce qui montre le niveau de prédation de l’économie nationale et le niveau de complicité.
Il m’avait proposé de prendre la tête de l’office algérien des Céréales pour enlever à Belkheir et son clan la main mise sur la nourriture stratégiques des Algériens dont personne ne savait quelle était son véritable coût, ni ce que devenait ses ristournes, ni sa qualité sanitaire, ni pourquoi et comment redonner à l’office sa vocation qui n’était pas d’importer du blé, du mais, des pates et des farines mais de les produire dans cette terre surnommé « le grenier à blé de Rome » et qui a construit la prospérité de la France coloniale. Des hommes proches à lui qui sont au service de la présidence actuelle m’ont envoyé un message : « Tu es socialement fragile ! Ce poste n’est pas à toi ». Pour un homme intègre, fier et conscient des enjeux j’avais deux choix : encaisser, me taire et livrer d’autres batailles en silence ou aller le voir et le mettre en situation difficile d’arbitrer entre ses équipes dans son cabinet et ses ministres. Le silence est d’or. J’ai fourni mon analyse personnelle sur la maison du grain « AGRA », Algérie Grain. Tout en gérant la pèche algérienne côtière, halieutique et océanique contre les mafieux qui cherchait à privatiser j’ai vu un Ministre qui a le sens des réalités du peuple, la maitrise des dossiers et le désir de donner au cadre algérien sa place de dignité et son rôle de décideur
En son nom j’ai reçu la délégation Peugeot conduite par mosieur Calvet et des membres de son directoire en leur disant qu’ils étaient un groupe industriel et que le principal de concurrence loyal et de bienséance interdisait au Ministre de l’Économie de les recevoir mais que je suis disposé à l’informer de leurs projets en Algérie. Libéré de la bureaucratie tatillonne et incompétente j’ai dit au directoire ce qui semblait être intéressant pour l’Algérie et réaliste eu égard aux réticences connues de Peugeot envers l’Algérie : une chaine de montage de 30000 véhicules en Algérie, l’implantation d’un réseau concessionnaire qui donne les mêmes prestations que celles données en France, et la mise sur pied d’une sous-traitance algérienne dans le réseau mondial de Peugeot sur 5 ans de 5 milliard de 20 milliards de francs. L’Algérie fournirait le foncier immobilier et la main d’œuvre, Peugeot fournirait la documentation technique know how produit et know how production. J'ai écris il n'y a pas longtemps un article sur la viste de son excellence l'ambassadeur de France à Constantine et j'ai dénoncé le contenu de ce voyage y compris le leurre de l'industrie automobile.
L' Algérie avait une capacité de production de 14 millions de tonnes de ciment qui pouvait être étendue à 17 millions juste en ajoutant du lait sortant des acieries algériennes. La qualité du ciment faisait que le dosage pouvait être moins riche et nous donnait en réalité 20 millions de tonnes efficacité ciment. L'Algérie n'en avait besoin que de 6 millions et le comble de l'ironie elle importait 3 millions. Les cadres algériens du secteur avaient évaluaient à 400 mille dollars le couts de pièce de rechange et l'apport d'un expert étranger en cimenterie pour consolider et redéployer la production avec exportation de 50% de la production. La bureaucratie, la rente et les médias aux ordres ont rendu impossible cette mission de redressement d'une filière qui permettait avec l'acier de lancer avec des algériens tout le processus de construction urbain du pays.
Je passe sur les projets de coopératives pour les jeunes et sur la restructuration organique et le redéploiement technico industrielle de Sonacome en holding de PME et micro entreprises mutualisés sur la petite et moyenne mécanique pour répondre à un besoin, créer de l’emploi et mettre en jonction les locaux disponibles de la filières véhicules avec les cadres sous employés et les jeunes entrepreneurs issus des centres de formation à mettre en place pour mettre fin au gaspillage des 5 milliards jetés dans la formation et l’emploi jeunes sans stratégie autre que faire des affaires par certains cadres du service public sans scrupules.
Un dossier intéressant m’a été confié par lui : comment faire de la Zakat une institution pour éviter l’inefficacité et la contre synergie dans sa collecte et sa redistribution. L’idée était de partir avec une direction générale et des directions par wilayas à l’image de l’inspection des finances. Il restait à affiner son aspect démocratique et le droit de regard des citoyens qui en sont les prioritaires.
La tâche n’était pas facile, les cadres n’étaient pas là. Souvent ils brillaient par leurs diplômes autant que par leur inconscience politique et sociale ou morale. Ceux qui se sont engagés portaient les stigmates de la bureaucratie. Insoumis et libres mais paradoxalement disciplinés et assidus au travail j’ai conduit une entreprise publique qui n’était pas encore passé à l’économie sous le régime de l’entreprenariat et de l’initiative. Cela gène les rentiers. J’avais recruté un quadragénaire qui voyait dans mon style policée et bienveillant une faiblesse qui lui a couté sa place alors que là où je passe je n’ai jamais mis quelqu’un dehors. Il se trouvait il y quelques temps dans le front national du changement de l’Algérie. Je souris car cet ingrat a fait une lettre aux services de sécurité me traitant de voleur, d’ami de Hidouci le Juif et d’organisateur de la grève du FIS à Alger. La providence divine a voulu que les enquêteurs venus m’interrogeaient alors que je vivais sans revenus et souffrant à la suite d’une ablation du poumon ont retrouvé en moi le nationaliste qui avait travaillé corps et âme pour l’Algérie avant de travailler pour Hidouci. Une enquête a été faite sur ma gestion par l’Inspection générale des Finances (IGF) qui me donne un quitus que peu d’algériens ont : j’ai pris mes fonctions en clôturant l’ancienne comptabilité qui avait 12 milliards anciens de déficits entre l’approvisionnement et les découverts bancaires sur les salaires. J’ai clôturé ma comptabilité avec 3 milliard anciens de bénéfices sans découverts bancaires, sans prêts bancaires. 20 ans après je rends hommages aux jeunes algériens qui m’ont assisté, au chauffeur qui s’asseyait à côté de moi me laissait conduire en déplacement, aux petites travailleurs avec qui j’ai partagé le pain, les dattes et le petit lait
Bien avant la chute du gouvernement, Hidouci m’a demandé de rejoindre son cabinet. Le temps de finir un travail qui me tenait à coeur et le rejoindre son gouvernement tombe. Quelques mois plus tard je tombe alors que je suis au Japon parvenant à ouvrir le marché japonais et à leur faire signer un contrat où ils s’engageaient à investir en Algérie 100% de leur bénéfice sur 10 ans dans une règle dégressive dès la première année de rentabilité. Ce travail venait à la suite d’une idée que j’ai discuté avec Ghazi Hidouci et que j’ai réalisé avec peu de moyens avec les coréens : produire la première ferme marine en Algérie et y produire des algues d’exportations pour l’Asie, produire de l’alginate pour les prothésistes et de la gélatine végétale.
Je profite de l’occasion pour dire au président de l’UOIF qu’il est faux d’affirmer qu’il est impossible de produire de la gélatine hallal. Je l’ai fait. Mobiliser de l’argent et de la volonté je vous donne le chemin à suivre.
A notre âge nous n'avons rien à justifier ni à quémander mais infromer les jeunes "Distinguer avant de toucher les gens par ignorance et que vous soyez ensuite pris de remords" (le Coran). Il nous arrive de répondre à des questions embarrassantes : comment faites vous pour vivre dans ces conditions difficiles de précarité et d'incompréhension. Il m'arrive de dire ce qui disait un hadith ou une sentence de l'Imam Ali : Allah distribue équitablement, Il ne donne pas la richesse, l'intelligence et la sagesse à la meme personne. Il partage et celui qui a reçu de la science et de la sagesse a beaucoup réussi même si les mois mondaines nous cernent et ne font pas pitié pour celui tombe ou qui plie. Parfois je me dis qu'Allah nous a donné mais il a privé les autres car ils nous ont empéché de réaliser le bien dont nous avons la compétence de pouvoir faire avec facilité, humilité et probité. Puis je me suis rappelé l'étrangeté de la situation dhier et d'aujourd'hui qui témoigne de lois sociologiques : l'absence d'efficacité sociale et de considération pour la compétence car si les gouvernants ont l'excuse d'être despote et saboteurs la communauté ne peut ignorer ses compétences. Ghai et moi avons consacré une partie de notre temps à trouver le meileur cadre de servir notre communauté en leur apportant nos compétences et notre expertise sans rien demander en contrepartie que la joie de servir et la reconnaissance d'être écoutée et transmettre. En 1995 nous avons proposé aux Musulmans de France de leur apporter l'expertise de résoudre la question du Hallal. Nous n'avons pas été écouté ni suivi. Ni lui ni moi ne sommes naïfs et sans repères idéologiques, politiques, sociaux et économiques pour comprendre l'impasse. Je vous demande à ce sujet de lire comme une parabole éducative et méditative ce récit de Malek Bennabi :
"C'était, en 1938, à Marseille, j'étais attablé sur la terrasse d'un café avec un ami algérien dont je connaissais la loyauté, la droiture et les nobles vertus. Il était d'une vaste culture, étant membre des
oulémas traditionnels d'Algérie. Il menait une modeste vie et ses ressources ne suffisaient guère à subvenir aux besoins élémentaires de sa famille. Je lui ai rendu visite un jour à l'hôpital où il soignait une maladie. Je l'avais trouvé en pleurs, la mine défaite, l'air fatigué, et quand je m'étais enquis de son état de santé, il m'avait répondu: « Quel dommage! Je ne sers plus à rien . . . ». Je vous ai raconté ce fait pour vous livrer une illustration de son dévouement et de son intégrité morale.
J'étais donc un jour assis en sa compagnie sur la terrasse d'un café à Marseille. Il évoqua les difficultés qu'il éprouvait et ses conditions matérielles fort précaires. Puis il a pris congé de moi. Je suis resté seul, méditant son cas, lorsqu'une odieuse vieille femme fait son entrée dans le café. Elle arborait une mine dévoilant les signes d'une vie dissolue et les traits tirés par les liqueurs dont la forte odeur se dégageait de sa bouche. Se tenant au milieu du café, elle a commencé à chanter d'une voix rauque et à danser sur un seul pied. Une fois son numéro terminé, elle a tendu la main sollicitant la bonté des clients. Elle a rassemblé du fait de la
générosité française ce qui pouvait suffire à l'Algérien et à sa famille pour les dépenses d'une semaine!
La question qui s'est imposée à mon esprit était: pourquoi cet homme respectable et dévoué est-il privé d'une vie décente alors que cette vieille dame dépourvue de la moindre qualité morale, dispose de
moyens de subsistance conséquents? C'est alors que je suis revenu à la loi statisticienne que j'ai évoquée tout à l'heure et j'ai compris que la vie d'un individu n'est nullement inhérente à sa personnalité ni à son don personnel: elle est fonction avant tout de son rapport avec une société donnée. Si la société offre les garanties à l'individu, tous ses individus ne seront pas privés d'une vie
décente. La vieille fripouille signalée tout à l'heure en tire le même bénéfice dans les' mêmes proportions que n'importe quel citoyen de la société française.
Mon infortuné ami aussi prend sa part dans les mêmes proportions que n'importe quel citoyen de la société algérienne dont il fait partie!
La «volonté» dans son sens collectif est nécessaire. Dieu Tout Puissant dit: Qu'il ait parmi vous une communauté qui prêche le Bien, ordonne ce qui est y décent et proscrit ce qui est blâmable: ces gens sont les Bienheureux"
Ce récit de Malek Bennabi et mon récit sur Ghazi Hidouci ont valeur symbolique : C'est à la communauté de reconnaitre la compétence de ses élites car c'est cette reconnaissance qui leur donne légitimité et non les appareils qui nomment et dégomment. La communauté doit apprendre à juger les hommes sur leurs idées, leur engagement et la manière dont ils vivent, ils vivent du produit de leur salaire ou de leur misère dans la dignité et la gloire d'avoir servi honorablement une cause au prix de leur vie. Je donne un exemple islamique de ce qu'on appelle "Aimer en Allah". Aimer en Allah n'est pas lié à l'intérêt ou à des rituels religieux tellement ostentatoires qu'ils finissent par devenir païens et traitres, Aimer en Dieu c'est se soutenir mutuellement d'une manière désinterressé par respect de la valeur et de la probité vus dans l'autre et dans la lutte fi sabil Allah dont la lutte pour l'indépendance politique et économique d'un pays musulman. Ce récit intervient en ce moment car Ghazi Hidouci après 20 ans d'exil a décidé de participé à une conférence à Alger sur les révolutions arabes et d'informer les participans et les Algériens qui auraient eu l'intelligence de l'écouter sur ce qui nous attend. J'écris sans relàche sur les révolutions arabes depuis plus d'un an et c'est une solidarité que j'exprime sur ce thème sensible que les élites universitaires et les journalistes veulent occulter laissant une fois le peuple algérien sans solution sauf que la démission ou la révolte.
A ceux qui ont brulé notre pays et le talent que nous portions je dirais comme Francis Bacon : « L'hérétique n'est pas celui que le bûcher brûle, mais celui qui l'allume. »
http://liberation-opprimes.net
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