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FRANÇOIS HOLLANDE: Une nouvelle gauche sereine avec l'histoire coloniale?

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«Avant moi, la France était coupée en deux, avec moi, elle sera pliée en quatre» Coluche
FRANÇOIS HOLLANDE: Une nouvelle gauche sereine avec l'histoire coloniale?
Ça y est! le Parti socialiste a, finalement -au bout d'un marathon qui a tenu en haleine les Français pendant un mois et demi- son candidat à l'élection présidentielle de 2012. Les Français découvrent au fil des jours un candidat tout en rondeur qui avance avec une cinétique lente mais sûre, se jouant des pronostics d'il y a quelques années qui le disaient fini en décembre 2006. Il n'en fut rien. Annonçant le premier sa candidature à la candidature, il ne fut pas pris au sérieux, d'autant que les socialistes, mais pas seulement, misaient comme sur un bon cheval sur Strauss-Kahn notamment après, dit-on, le pacte de Marrakech selon lequel Martine Aubry avait décidé de s'effacer à son profit. Mal lui en a pris. Strauss-Kahn fut définitivement rayé de la liste après ses multiples affaires scabreuses, desquelles il arrive à s'en dépêtrer curieusement.

Il est indéniable que le Parti socialiste a fait sa mue. Tout le monde pensait que ces primaires allaient donner lieu à une foire d'empoigne. Il n'en fut rien. Même les médias européens sont unanimes à admirer le fair-play des candidats. «Il se passe quelque chose, écrit Marie Beloil, dans la gauche française. Les médias étrangers sont nombreux à le constater. Il y a quelques semaines encore, la primaire socialiste était avant tout pour eux prétexte à ragots et bons mots. Ils s'amusaient de voir François Hollande croiser le fer avec Ségolène Royal, son ancienne compagne et la mère de ses quatre enfants. Mais plus l'échéance des 9 et 16 octobre approche, plus ils suivent sur le fond la compétition de 2012.

Au fil de la campagne, les présidentiables du Parti socialiste (PS) ont montré qu'ils avaient encore à dire et à proposer. La bonne tenue de leur deuxième débat télévisé, le 28 septembre, a retenu l'attention. Le quotidien espagnol El País salue ainsi «un échange constructif d'idées». Et la Frankfurter Allgemeine Zeitung s'étonne de voir que les ´´élephants´´ peuvent faire mentir leur réputation: «Depuis que Nicolas Sarkozy avait pris le pouvoir, ils passaient même pour des dinosaures. Leurs idées semblaient dater du Déluge. Leur incapacité à résoudre les luttes de pouvoir internes avait conforté la machine à perdre' du PS», se souvient le quotidien allemand. Mais «avec la primaire, le PS emprunte finalement la voie de la modernisation qu'il n'avait pas eu la force de suivre alors qu'il était dans l'opposition», poursuit-il. «L'élan provoqué par la primaire ébranle le camp présidentiel, qui s'attendait à voir les socialistes continuer à se battre eux-mêmes, comme par le passé.» «Le plus remarquable, à propos du débat télévisé, c'est tout simplement qu'il a eu lieu», commente pour sa part Foreign Policy. Pleine d'ironie, la revue américaine s'amuse de voir les socialistes français s'inspirer des Etats-Unis pour organiser leur primaire. «Bien que Sarko se soit toujours vanté d'être un candidat dans le style américain, ce sont les socialistes qui, malgré leur horreur de la vulgarité capitaliste, ont adopté notre système.»(1)


La force et la bonhomie d'un animal politique

François Gérard Georges Hollande né en 1954 est le fils du docteur Georges Hollande, favorable à l'Algérie française. Licencié en droit, diplômé de HEC Paris, de l'Institut d'études politiques de Paris, il sort 7e de l'École nationale d'administration (ENA), dans la promotion Voltaire la même que celle de Dominique de Villepin et de Ségolène Royal. Il adhère au Parti socialiste en 1979 et devient conseiller de François Mitterrand pour les questions économiques. En 1997, après la victoire de la gauche, il retrouve son siège de député et Lionel Jospin est nommé Premier ministre. Il lui laisse les rênes du parti en novembre 1997. Après le congrès de Reims, Martine Aubry prend les rênes du Parti socialiste.(2)

«Avec son physique à mi-chemin entre Louis de Funès et Patrick Sébastien, son sourire affable digne de Philippe Chevallier, et sa bonhomie que ne renierait pas Fernandel, le candidat socialiste à la présidence de la République est connu pour ses bons mots et son sens de l'humour. (..) Dernière vanne en date, le 6 octobre 2011, alors qu'il évoquait le prix à payer pour pouvoir voter à la primaire, la fameuse «contribution citoyenne», le candidat PS a (encore) réussi à faire rire toute une salle. «Un euro, c'est pas cher pour se débarrasser de Sarkozy!», avait-il déclaré. Plusieurs fois nommé au «Prix de l'humour politique», François Hollande n'a jamais reçu la récompense, il était pourtant à nouveau en lice en 2011»(3).

Les médias le redécouvrent et ne tarissent pas d'éloges. «Gauche molle, écrit Laurent Joffrin? Ceux qui ont inventé ce slogan désobligeant - et désormais embarrassant parce qu'utile à la droite - ne connaissaient pas le personnage ou bien faisaient semblant de l'ignorer. Il fallait de la constance pour tailler sa route en solitaire pendant deux ans, muni de ce bagage apparemment mince, à l'ombre d'un DSK dont tout le monde prédisait la désignation en gloire. Il fallait de la constance pour refuser d'attaquer des socialistes, même ceux qui distribuaient les coups sans trop de retenue, au risque de handicaper la gauche après la primaire, François Hollande a tenu le cap. (...) L'opiniâtreté calme l'emporte sur la rhétorique de la «gauche dure». Est-ce de mauvais augure? (...) Le peuple de gauche, qui s'est porté sans ambiguïté vers le candidat Hollande, pourra, à bon droit, présenter ses exigences. - Exigence d'unité - Exigence d'imagination. Exigence de vérité. Le «rêve français» cher à Hollande, doit conduire à une réalité tangible. (...) Il était le favori des socialistes(4).

Elise Karlin va plus loin, elle décrypte une volonté de fer sous des dehors lisses. Ecoutons-la: «Un hiver comme celui-là, aucun homme ne peut souhaiter le vivre une seconde fois. Décembre 2006. Dans son bureau de Solferino, François Hollande est en quête de lui-même. La politique? Un mois plus tôt, Ségolène Royal a été plébiscitée par les militants socialistes pour les représenter à l'élection présidentielle. (...) Lui, le patron, le chef, le premier d'entre eux, n'est plus qu'un pion sur l'échiquier, un soutien, un obligé. (...) Etrange personnage que ce quinquagénaire à l'éternel sourire, sympathique et chaleureux. Il tutoie facilement, manifeste volontiers de l'empathie - pas le genre à se monter le col et à pointer la distance de sécurité. Un banquet républicain? Il fait le tour de toutes les tables, salue un à un les 200 convives. Il est simple d'abord, direct, disponible, d'humeur égale, loin de l'image du politicien dont la morgue, souvent, éloigne le passant. Rien de mondain ni de compassé chez ce député ».(5)

« Ce que j'apprécie chez François, résume son vieux camarade Michel Sapin, c'est qu'il est exactement ce qu'il a l'air d'être. Ce n'est pas un type colérique qui se dissimule derrière un visage avenant.» (...) D'autant que, en artiste du compromis, Hollande est passé maître dans l'esquive des conflits. (...) Même lorsqu'il est touché par un propos blessant, le masque ne tombe pas. Ou, tout récemment, celui de Laurent Fabius, (´´Hollande président? On rêve!´´), l'ex-premier secrétaire a fait l'édredon. (...) François Hollande est un animal à sang-froid. La politique, chez lui, ne cède plus un pouce à l'affect. Solitaire par essence, blindé par expérience, il dissimule au plus profond tous ses anciens désarrois, les traces de ses tourments d'enfant,. (...) Malgré les apparences, lui ne fendra jamais l'armure.»(5)


Le programme de François Hollande

François Bazin explique la simplicité du programme présidentiel de François Hollande : «François Hollande a de la chance. Dans toute élection, c'est une qualité rare qui donne à celui qui la possède une assurance tranquille dont on ne mesure pas suffisamment la force de mobilisation, dès lors que le choix relève plus de la raison que de la passion..(...) Avec pour seul viatique, un thème (la jeunesse), un engagement (la justice grâce à la réforme fiscale) et une promesse (le contrat de génération), il a enfoncé le même clou. Pour le reste, il n'a eu de cesse de montrer que «le plus» de sa candidature était l'assurance de la gagne face à Nicolas Sarkozy.(6)

A l'unisson du Parti socialiste, les candidats à la primaire critiquent l'utilisation polémique de l'immigration par Nicolas Sarkozy et les résultats calamiteux de sa politique migratoire. Ils souhaitent au contraire concilier humanisme et pragmatisme. Les candidats appellent à cesser la politique de reconduites systématiques à la frontière,politique du chiffre menée par la droite depuis 2007. Ils veulent établir une liste de critères transparents pour régulariser les sans-papiers présents sur le territoire «au cas par cas». Ces critères seraient notamment le fait d'avoir un travail, des enfants scolarisés ou de payer des impôts. François Hollande et Arnaud Montebourg insistent sur la nécessité pour le migrant de démontrer son intégration sur le territoire, notamment par l'apprentissage de la langue. Les candidats à la primaire estiment que la France a besoin d'une immigration légale. Ils veulent développer l'immigration de travail, en fonction des besoins du marché de l'emploi et des secteurs qui peinent à recruter. Autre priorité: encourager la venue des étudiants. La maire de Lille met en avant la proposition socialiste d'instaurer des titres de séjours progressifs, «d'un an, deux ans, cinq ans, au fur à mesure que les migrants s'intègrent». Arnaud Montebourg, Ségolène Royal et Manuel Valls veulent, de leur côté, permettre aux travailleurs qui immigrent de faire des allers-retours entre la France et leur pays d'origine. La présidente de Poitou-Charentes veut créer «un droit sécurisé à l'aller-retour» qui passe par l'instauration de visas permanents. François Hollande veut de son côté simplifier l'accès à la nationalité pour les étrangers présents depuis longtemps sur le territoire et propose une cérémonie solennelle au moment de l'entrée dans la citoyenneté. Tous les candidats aux primaires militent pour accorder le droit de vote aux élections locales aux étrangers.(7)

La sécurité s'annonce comme l'un des thèmes essentiels de la prochaine élection présidentielle. Longtemps, la gauche s'opposait à la droite sur le plan des principes. La première insistait sur la politique préventive face à la responsabilité collective de la société, quand la seconde défendait une politique répressive face à la responsabilité individuelle du délinquant. Cette opposition a vécu. Sans abandonner le volet préventif, la gauche rejoint la droite sur la responsabilité individuelle et la nécessité de durcir les sanctions: «Dur contre le crime, dur contre les causes du crime», affirmait Tony Blair. La gauche souligne aussi que la sécurité est affaire de justice sociale: la violence touche en priorité les familles modestes et les quartiers populaires. Les candidats à la primaire veulent redéployer les moyens en fonction des besoins. La priorité est ainsi pour eux de lutter contre l'insécurité dans les quartiers sensibles.(7)


L'hommage aux victimes du 17 Octobre 1961

Un hommage qui annonce la rupture avec le Sarkozysme. Au lendemain de sa désignation comme candidat officiel du Parti socialiste pour l'élection présidentielle de mai 2012, François Hollande rend hommage aux manifestants algériens massacrés à Paris lors de la manifestation du 17 octobre 1961. Il a expliqué qu'il avait prévu depuis longtemps d'être présent à ce rendez-vous. «Je voulais être là, fidèle à la promesse que j'avais faite. Je suis venu témoigner de ma solidarité aux enfants, petits-enfants de ces familles endeuillées par ce drame», a-t-il déclaré. En rendant hommage aux victimes algériennes, le candidat du PS entend certainement marquer les esprits au moment où de multiples voix s'élèvent tant en France qu'en Algérie pour la reconnaissance officielle de ce massacre qui a fait des centaines de morts. Alors que le président Nicolas Sarkozy a choisi d'ignorer l'événement, France Hollande, lui, prend date. En attendant, le candidat des socialistes, qui s'est rendu en Algérie en décembre 2010 où il fut reçu avec les honneurs dignes d'un chef d'Etat, entend incarner une nouvelle conception des relations tumultueuses entre Algériens et Français ».(9

Dans un entretien accordé en août dernier à l'hebdomadaire Jeune Afrique, François Hollande expliquait que les deux pays doivent être «dans une relation de confiance mutuelle et dans la construction de projets communs. « Je souhaite que les choses soient dites, expliquait-il. Nous allons célébrer en 2012 le cinquantième anniversaire de l'indépendance algérienne: ce sera l'occasion de rappeler ce qu'est le passé: l'Histoire et ses douleurs multiples. Il ne faut pas nous figer dans une commémoration qui sera forcément différente dans l'évocation du souvenir en Algérie et en France. Nous devons être dans une relation de confiance mutuelle et dans la construction de projets communs. Tant de liens humains, culturels et économiques nous unissent... »» (9)

On le voit, François Hollande veut marquer son époque et est en rupture avec les socialistes qui ont toujours trompé l'Algérie. Souvenons-nous de la Sfio, du Parti communiste qui ont tous voté les pouvoirs spéciaux en Algérie. Souvenons-nous de l'affection de François Mitterrand envers les Algériens. Celui qui a aboli la peine de mort en 1981 n'avait aucun état d'âme quand il a signé les condamnations à mort de plusieurs dizaines d'Algériens, au début de la Guerre d'Algérie. Espérons que la nouvelle génération de socialistes assumera sereinement l'histoire sanglante de la colonisation en Algérie. Un hommage qui marquera les esprits en ce jour-là de recueillement.


1.Marie Béloeil Primaire socialiste - Une cure de jouvence? Courrier international 05.10.2011

2.François Hollande. Encyclopdie Wikipédfia

3.http://www.lepost.fr/article/2011/10/17/2616145_francois-hollande-ce-comique-les-meilleures-vannes-du-candidat-socialiste.html

4.Laurent Joffrin http://tempsreel.nouvelobs.com/laurent-joffrin/20111017.OBS2582/primaire-ps-francois-hollande-ou-la-constance.html

5. Élise Karlin, L'Express:Qui-se-cache-derriere-francois-hollande_18102011

6.François Bazin http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/primaire-socialiste/20111006.OBS1868/primaire-ps-les-candidats-au-banc-d-essai-hollande-le-chanceux.html 7102011

7.http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/idees-primaire socialiste/20110928.OBS1321/primaire -ps-comparez-les-projets-des-candidats-sur-l-immigration.html

8.http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/idees-primaire socialiste/20110915.OBS0446/primaire -ps-comparez-les-projets-des-candidats-sur-la-securite.html

9.Tayeb Belmadi http://www.dna-algerie.com/interieure/l-hommage-symbolique-de-francois-hollande-aux-victimes-algeriennes-du-17-octobre-1961-2


Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

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