VERS UN ÉTÉ INDIEN DES ISLAMISTES

Alors que commence l’automne, on peut se demander ou en sont les printemps arabes. Surtout que s’annonce un été indien qui, dans ces pays pourrait bien vite devenir celui des islamistes. C’est plus qu’une possibilité, c’est une probabilité.

On parle toujours trop vite et ceux dans les médias et nos milieux politiques, qui ont développé une argumentation optimisme par arabophilie et démocratisme, risquent de le regretter. Il faut rappeler le raisonnement. Les peuples arabes aspirent, comme tous les autres, à la démocratie, conduits par une jeunesse formidable, qui a tourné le dos à l’islamisme et à l’obscurantisme. Ce sont les régimes autoritaires, qui faisaient le jeu de l’islamisme, en barrant la route à la démocratisation du monde arabo-musulman.

C’était beau comme une sourate ou un paragraphe de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Mais c’était idéologique et utopiste, un autisme démocratique. On se cachait les difficultés pouvant faire capoter ce beau scénario. On ne voyait, une fois de plus, que ce que l’on voulait voir.

La clef palestinienne reste bloquée

Que constate-t-on? Tout d’abord que le printemps des Palestiniens est renvoyé a une date ultérieure. Le sort des Palestiniens à qui on refuse une terre et un Etat ,dont ils ont été chassés par la force, est à l’origine du grand malaise et de l’immense frustration arabe. Mère de toutes les guerres de la région et du terrorisme islamiste international, la résolution du conflit palestinien est e passage obligé à tout printemps crédible, du Maroc au Pakistan.

Or, malgré les révolutions démocratiques, la préférence américaine reste largement israélienne, comme l’a encore prouvé les contradictions du président Obama qui avait promis un Etat aux palestiniens et qui menace maintenant le projet de ce même Etat d’un droit de veto. Une position qui rassure Israël, mais conforte également les courants islamistes chez les Palestiniens, au-delà du succès diplomatique superficiel du président Abbas.

En Libye, les protégés de l’Otan sont en train de déraper au grand dam des Occidentaux. Le pouvoir qu’ils ont mis en place est déjà miné par les islamistes dans un pays qui risque de connaître le sort, au mieux de l’Irak, au pire de la Afghanistan avec, peut être, une synthèse des deux à la fois.

En Tunisie l’organisation laborieuse des élections va démontrer la puissance du courant islamiste par rapport aux minorités jeunes et actives d’un Internet financé, pour ne pas dire manipulé, largement par les USA. Le pays est loin d’être stabilisé.

Situation à peu près identique en Egypte, avec la montée en puissance des Islamistes et, chez les militaires, du camp des faucons qui ne veut plus entendre parler du traité de paix avec Israël, dont Moubarak exigeait le respect absolu. En Syrie la répression continue et le pays est fragilisé et incertain. La guerre civile s’installe, durablement, au Yémen, avec des combats de plus en plus violents avec les Islamistes. La Jordanie est sous tension comme le Liban. L’Algérie est une incertitude de plus en plus périlleuse, avec un jeu régional trouble aussi bien en Libye qu’en Tunisie.

Reste l’Arabie saoudite, la monarchie totalitaire et sectaire, pourtant si choyée par nos énergétiques démocraties. Les femmes pourront voter, ça c’est du printemps. Mais seulement pour les municipales ; il ne faudrait pas abuser. Elles ne pourront toujours pas se rendre aux bureaux de vote en voiture ni aller à des congrès internationaux sans l’autorisation du mari ou l’accompagnement d’un homme de la famille. On a vraiment les printemps qu’on peut, même à la Mecque et à Médine.

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