Sur la chaîne allemande Deutsche Welle, émissions en langue arabe, (1), Abderahmane Chalgham, ancien ministre des Affaires étrangères libyen sous Kadhafi, aujourd’hui représentant du CNT à l’ONU, a critiqué très sévèrement le rôle joué par le Qatar en Libye. Il accuse l’émirat de vouloir imposer son hégémonie sur son pays en jouant divers courants politiques contre d’autres. Et, il ne mâche pas ses mots : « Le Qatar dirige les Etats-Unis et la France, d’ailleurs c’est qui Qatar ? Son armée n’est-elle pas composée de mercenaires venus de Bengladesh, de Népal et du Pakistan ? De quoi ce pays est capable ? Je crains que le Qatar attrape le syndrome de la grandeur que celui d’Al-Kadhafi et se considérer comme un leader dans la région. Je n’admettrai jamais cela. Le nombre des martyrs et des blessés libyens dépasse le nombre de la population du Qatar ». « La Libye », dit-il, « n’a pas besoin de l’argent du Qatar ».
Nous n’avons besoin ni du Qatar,
ni des Etats-Unis…
Le 3 novembre, dans une interview au quotidien algérien Al-Khabar (2), il a mis en garde l’émirat contre« tout accès de mégalomanie ». Au Qatar, dit-il, « les experts qui dirigent le pétrole et les banques … sont des Libyens » !
Il soupçonne le Cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani, du Qatar, de vouloir faire de la Libye un émirat relevant de son autorité. « Ceci est inacceptable », clame-t-il. Et, il dénonce le trouble jeu qatari : « le groupe chargé de cette opération sous supervision qatarie, va collecter des armes et les redistribuer à d’autres".
« La Libye ne sera pas un émirat dirigé par le calife du Qatar », averti-t-il. « Tout le Qatar n’équivaut pas à un quartier de la Libye…nous n’avons en rien besoin de ce pays ». Qu’on nous laisse « décider de notre propre sort… nous n’avons besoin ni du Qatar, ni des Etats-Unis ».
(1) http://mediacenter.dw-world.de/arabic/video/#!/308905/%D9%85%D8%B9_%D8%A7%D9%84%D8%AD%D8%AF%D8%AB/Program=30086
(2) http://fr.elkhabar.com/?Chelgham-accuse-le-Qatar-de
http://www.france-irak-actualite.com/
Prenant pour argent comptant les déclarations de BHL sur le souhait du nouveau régime libyen d’établir des relations avec Israël, David Gerbi, juif d’origine libyenne résidant à Rome, avait obtenu, en septembre, l’accord de Mustapha Abdeljalil, président du CNT, de rénover la synagogue désaffectée Dar al-Bishi, à Tripoli. Selon le Wall Street Journal (3/10/11), Gerbi était soutenu par des dirigeants de la communauté berbère.
Début octobre, le CNT l’a informé que son projet était prématuré, mais ne lui a pas demandé de l’abandonner. Il a alors démoli le mur qui obstruait l’entrée de la synagogue. Mais après avoir prié, alors qu’il commençait de nettoyer les gravats, une foule en colère s’est attroupée devant l’édifice, scandant des slogans hostiles. Pour les habitants du quartier, l’initiative prise par Gerbi était une provocation sioniste. Un cheikh lui a conseillé de déguerpir au plus vite, sinon il risquait d’être lynché. Mustapha Abdeljalil, penaud, a dû ensuite déclarer qu’il n’avait pas donné son feu vert à Gerbi.
Les juifs libyens, estimés à 40 000 à la fin de la Seconde guerre mondiale, se sont pour la plupart installés en Israël en 1948 et après la guerre de juin 1967, c'est-à-dire avant la chute de la monarchie. Leurs descendants, environ 200 000, réclament des compensations à l’Etat libyen.