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Ne nous trompons pas de cible !

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Une crise qui sert à cacher les excès des autres
Ne nous trompons pas de cible !
On se sert du déraillement des dettes souveraines pour expliquer la crise actuellement. N’était-elle pas apparue suite aux opérations inconsidérées des grandes banques ? N’était-ce pas la faillite de deux fonds spéculatifs de la banque d’affaires Bear Stearns : High Grade Structured Credit Enhanced Leverage Fund et High-Grade Structured Credit Fund, qui a mis les feux aux poudres au milieu de 2007 ? Et n’a-t-elle pas débouché sur la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 ? Les autres banques n’ont-elles pas échappé à ce triste sort grâce au soutien massif de leur gouvernement ?
 
Aujourd’hui, toutes ces banques disposent de crédits illimités auprès de leur banque centrale. Il est toutefois surprenant qu’aucune d’entre elles n’a mis ces centaines de milliards à la disposition de l’économie réelle, comme on le leur avait demandé. Aujourd’hui encore, elles préfèrent spéculer avec une partie de ces sommes et placer l’autre partie auprès de la banque centrale, en toute sécurité.
 
Normalement, lors de l’adjudication hebdomadaire de fonds, le conseil de la banque centrale détermine le montant qu’elle allouera en fonction de sa politique monétaire. Aujourd’hui, les rôles sont inversés. Ce sont les banques qui déterminent ce dont elles auront besoin et la BCE le leur fournit sans rechigner. C’est ce qu’on apprend du directeur-adjoint de la BCE, Paul Mercier.
 
Les Trésors, eux, sont vides. Ils sont obligés de faire appel aux banques pour le placement de leurs emprunts, car, comme chacun sait, la BCE ne leur concède aucune avance et ne peut acheter leurs emprunts. Les traités européens le lui interdisent. Les banques, elles, accepteront de placer les emprunts d'état, à condition qu'ils répondent à leurs conditions. Si elles n'ont pas les moyens d'opérer, elles lèveront des crédits auprès de la BCE. Et si par malheur les conditions leur déplaisaient ou, pis, si elles ne faisaient plus confiance aux états émetteurs, elles s'abstiendront et vendront même les titres dont elles se méfient, contraignant la BCE d'intervenir directement sur le marché secondaire pour calmer le jeu. A ce jour, la BCE a déjà consacré plus de 186 milliards à de telles interventions ! En pure perte.
 
Soyons francs, les grandes banques pratiquent actuellement un jeu odieux. Depuis le Big Bang de 1986, ce sont elles qui ont pris le pouvoir sur les marchés. Elles ne se contentent pas d’être l’intermédiaire incontournable, elles fixent aussi les prix de tout ce qui se négocie. Ce prix ne découle plus de l’équilibre entre l’offre et la demande, mais se fixe à la tête du client. Et ce n’est pas tout. Les banques sont de nouveau particulièrement actives sur le marché de gré à gré où elles écoulent des produits hautement sophistiqués, généralement faits sur mesure, dont les fameux CDS (Credit Default Swap, assurance spéculative).
 
Peu avant que la crise n’éclate en 2007, le marché de ces produits représentait plus de 600.000 milliards de dollars (40 fois le PIB des Etats-Unis !) Aujourd’hui, selon le dernier relevé réalisé par la Banque des Règlements Internationaux, les banques jonglent avec plus de 700.000 milliards de dollars ! En d’autres termes, l'ingénierie financière des grandes banques continue allègrement d'émettre ce genre de produits et, en passant, de détruire le monde.

Ces produits permettent aux banques de trafiquer leurs comptes. La Deutsche Bank, par exemple, possède pour plus de 8 milliards d'euros de titres souverains italiens. Les vendre lui occasionnerait une perte que la banque ne souhaite pas enregistrer. Aussi a-t-elle 'couvert' les neuf dixièmes du montant à l'aide de CDS. De cette façon, sa position nette est revenue à moins d'un milliard d'euros. Pas de quoi sourciller, avouez. En fait, la Deutsche floue son monde et, qui sait, se floue elle-même. En effet, une couverture assurantielle ne peut jamais être déduite. Elle n'intervient qu'en cas de malheur et uniquement si les conditions sont respectées. Or, depuis que les titres grecs chutent, les banques ont dû accepter une décote officielle de 50% (alors que ces titres en montrent une de plus de 80%) sans qu'aucune d'entre elles n'ait pu exercer les CDS les concernant. En clair, la garantie représentée par ces CDS était totalement factice. Donc, au lieu de soustraire la couverture, la Deutsche aurait dû ajouter le coût de celle-ci sans changer la valeur des titres détenus.
 
Rien ne semble pouvoir rassasier les grandes banques. Si elles estiment qu’un gouvernement ne répond plus à leurs exigences, elles le remplacent par des technocrates, comme en Grèce et en Italie. Eux, au moins, parlent le même langage et comprennent par conséquent ce qui est attendu de leur part. Notons, pour la petite histoire, que Lucas Papademos a trafiqué avec Goldman Sachs, qu'il était à la tête de la banque centrale grecque au moment où celle-ci troquait sa drachme contre l'euro. Il est donc directement responsable de la magouille statistique qui a permis l'adhésion de la Grèce à la zone euro. Et c'est ce même personnage qui aujourd'hui doit redresser les comptes ?

Mario Monti ne vaut pas mieux. Lui aussi a quelques accointances avec la sinistre Goldman Sachs. Lui aussi, en tant que commissaire européen, a favorisé la privatisation des services publics et donc le démantèlement programmé des prérogatives sociétales des états. Et c'est cette personne qui a été choisie pour redresser la situation en Italie !?! Bien entendu, sans que le peuple ait pu s'exprimer. Certes, les deux sbires ne séviront pas longtemps. Mais ils auront le temps de détruire ce qui reste encore debout. Tout porte à croire qu'aussi longtemps que les instances européennes poursuivent dans cette voie, elles accéléreront inévitablement l'implosion du système.

Il devient urgent de mettre un terme à cette folie suicidaire. Les dirigeants doivent cesser d'écouter les conseils des banquiers et autres économistes patentés. Leurs modèles sont caducs depuis bien longtemps. S'ils ne parviennent pas à s'en rendre compte par eux-mêmes, il faudra qu'on les éjecte séance tenante. Il est urgent qu'ils interdisent toute forme de spéculation, sur n'importe quelle opération financière, qu'elle soit marchande ou de gré à gré. La spéculation engendre la volatilité, elle augmente donc les risques.

La formation des prix sur les places financières doit elle aussi être réglementée. Le fixing est dans ce domaine la méthode la plus efficace. Fini le prix qui change à chaque opération, indépendamment de l'importance de la transaction et se déroulant en continu. On récolte à intervalles réguliers tous les ordres d'achats et de vente, détermine leur balance et en fonction de celle-ci, fait évoluer le prix jusqu'à sa résorption intégrale. Pour éviter que quelques gros intervenants puissent influencer le solde et donc définir la direction de la tendance, il suffira d'introduire des quotes-parts par intervenant. Solution simple et radicale. Trop facile, sans doute, et peu lucrative pour les grandes banques, cela va de soi.

En fait, il devient indispensable de juguler l'action des grandes banques. Aussi longtemps qu'on les laissera agir à leur guise, aucun salut n'est envisageable. Mais qui aura le courage politique de mettre fin à leurs jeux cupides ?

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