Une famille, et la société avec elle, a connu cette fin de semaine l’un de ces crimes horribles, sans nom, qui marque l’histoire. Un jeune homme, mineur, sous contrôle judiciaire pour une affaire de viol, a violé et assassiné une camarade de classe. Mille questions se posent, sur la nature humaine, et sur le fonctionnement de la justice.
Le Garde de Sceaux a ouvert une enquête.
Oui, mais il s’agit d’un enquête administrative. Ne pas confondre avec l’enquête judiciaire qui est en cours : mise en examen du lycéen pour assassinat et viol, et mandat de dépôt. Là, on va chercher à savoir comment les services ont traité le dossier,… c’est-à-dire le premier dossier.
Il faut saluer cette réaction rapide !
Non. Cette réaction rapide répond juste à un calendrier politique. D’ailleurs, cette enquête interne aux services judicaires a été annoncée par le Ministre de l’Intérieur. Les procureurs généraux et les responsables de services sont convoqués au ministère de l’intérieur ce lundi en début d'après-midi. Ca sera joli pour la photo, mais qu’auront-ils eu le temps de réunir comme éléments en ces quelques heures ? Une réunion en fin de semaine aurait été plus sérieuse, mais le sérieux n’est pas la préoccupation de ce gouvernement.
Il y a récidive !
Non, car la première affaire n’a pas été jugée et la présomption d’innocence joue. J’ajoute qu’on ne peut présenter comme coupable quelqu’un qui n’a pas été jugé, et on ne sait rien de solide de la première affaire. La présomption d’innocence vaut pour tout le monde.
Pour un viol, il n’a fait que quatre mois de prison…
Non. Il n’a pas exécuté de peine, pour la simple et bonne raison qu’il n’a pas été jugé. Après les premiers faits, il a été mis en examen par un juge pour viol, et a été placé sous mandat de dépôt à titre provisoire, vu la gravité des faits et pour le temps nécessaire à de premières investigations, sur les faits et sur sa personnalité. Il a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire après quatre mois, avec des éléments psychiatriques sérieux et des mesures assez strictes : obligation de soins, accompagnement par le service d’aide à l’enfance ; éloignement du lieu des faits, admission dans un internat. J’ajoute que le Parquet n’a pas fait appel. Il y avait donc un consensus.
Quatre mois de prison, c’est quand même peu…
Oui. Mais comme il n’y a eu cette décision du juge, non frappée d’appel du Parquet, il faut penser que les faits étaient graves, certes, mais peut-être pas si alarmants que cela. Il est impossible de répondre sans connaître le dossier. Placer en détention un mineur de 16 ans, qui n’a pas d’antécédent judiciaire, est une décision lourde. Remettre en liberté avant jugement malgré l’accusation de viol conduit à penser, vu la pratique des juges, que l’on ne se situait pas dans les hypothèses les plus graves. Encore une fois, on ne sait rien de la première affaire, mais tout démontre qu’elle a été prise au sérieux.
Le contrôle judiciaire n’a pas été respecté.
Si. Toutes les informations disent l’inverse : éloignement du département où ont eu lieu les faits, admission dans un internat, suivi éducatif, suivi psychologique.
Les services manquent de moyens…
A priori, la question des moyens n’est pas en cause. En tout cas, elle n’est pas centrale. Le juge avait ordonné des mesures qui ont été respectées.
Les psychiatres se sont trompés
Oui. Mais une erreur n’est pas forcément une faute. Et puis, pourquoi attendre des psychiatres des réponses sans faille ? Les économistes avaient-ils prévu la crise financière et la faillite de la Grèce ? Les experts politiques avaient-ils évoqué l’élimination de Jospin ? Les scientifiques avaient-ils anticipé la catastrophe de Fukushima ?
Le lycée n’était pas au courant !
Si c'est vrai, qu’il s’en prenne à lui… Le lycée savait que le jeune avait fait quatre mois de détention. La justice n’avait pas en dire davantage, car le jeune est présumé innocent. Mais le lycée pouvait très bien poser au jeune et sa famille quelques questions ! Et refuser l’admission si les réponses ne lui convenaient pas ! Que chacun assume ses responsabilités. Accuser la justice est tout de même un peu facile.
Le directeur pouvait poser une question simple : « Vous sortez de prison, après y avoir passé quatre mois, et vous demandez à être interne dans l’établissement. Nous somme prêts à vous dire oui, mais nous avons eu besoin de faire connaissance ». Le jeune et ses parents auraient été libres de ne pas répondre, et le lycée aurait été libre d’en tirer les conséquences, et de refuser cette admission !
Mais c’est violer la présomption d’innocence…
Non. Le lycée était libre de répondre oui ou non à la demande d’admission, et il était libre de refuser s’il n’y avait pas la confiance minimale. En régle générale, il est recommandé de ne pas être idiot. Un mineur qui fait quatre mois de provisoire, ce n’est pas pour banqueroute frauduleuse ou abus de biens sociaux. C’est pour violence, vol ou stups. Aussi, exiger quelques éclaircissements avant de dire oui à une admission en internat, c’est du plus élémentaire bon sens.
Est-ce que ça aurait tout changé?
La direction du lycée le dit. Elle explique que si elle avait su, elle aurait refusé l'admission car l'établissement n''est pas adapté. Dont acte,... et il est bien regrettable que la direction n'ait pas engagé le dialogue avec la famille et le lycéen. Pour la victime, ça aurait donc tout changé. Mais face à des comportements d'une telle violence, on peut hélas penser qu'un passage à l'acte aurait pu avoir lieu, ailleurs.
Rachida Dati préconise les centres éducatifs fermés
Oui, elle a toujours été nulle. Le jeune, non jugé, était en prison et il a été libéré sous contrôle judiciaire. Comment, avant le jugement, le condamner à être dans un centre éducatif fermé ? C’est hors sujet.
Raffarin a affirmé : « Il n'est pas normal, tolérable, que les autorités du collège n'aient pas été informées des antécédents judiciaires de ce jeune. C'est un dysfonctionnement majeur ».
C’est de la gonflette. Ce type est nul.
Marine le Pen veut la peine de mort.
Même réponse.
François Hollande a dit…
Non, il n’a rien dit, car le programme PS-EELV n’a pas prévu le cas. D’ailleurs, il n’a rien à dire.
Enfermer le jeune pour la première affaire aurait été juste.
La récidive connait ses plus hauts taux après l’exécution des peines fermes, et le taux de récidive diminue lorsqu’a été mis en place un suivi judiciaire efficace.
Alors il n’y a rien à faire ?
Devant un comportement aussi antisocial – viol et assassinat – soudain survenu de quel dérèglement, qui peut croire que la prévention, une loi, ou un psy pouvait à cour sûr l’éviter ? Toute l’histoire sociale est ponctuée par ce genre de crimes horribles, qui défient l’esprit humain. Instrumentaliser la peur ne conduit à rien de bon. Depuis la nuit des temps, le crime existe. Penser qu’une loi ou un psychiatre peut l’éliminer est une vue de l’esprit.