Cette fois, le sursaut de révolte des Egyptiens est dirigé contre l'institution militaire, soupçonnée de vouloir accaparer le pouvoir.
L'intensité des violences en Egypte entre manifestants et forces de l'ordre, soldée par des morts, le bilan hier établissait le nombre de33 décès et des centaines de blessés en l'espace de 3 jours, tendent à reproduire le scénario syrien. Cependant, les militaires désignés par Moubarak à la veille de sa démission ne comptent pas lâcher prise, quitte à plonger l'Egypte dans un bain de sang et le chaos. La preuve, on y est.
Des dizaines d'Egyptiens sont ainsi sacrifiés entre morts et blessés. Remettre le pouvoir aux civils ne figure pas, paraît-il, dans le programme du Conseil suprême des Forces armées (Csfa). La grande muette, hier saluée par les manifestants à la place Tahrir, est aujourd'hui placée au banc des accusés et désignée responsable de l'échec de la transition démocratique et de l'assassinat de manifestants. De fait, les nouveaux manifestants de la place Tahrir demandent la tête du maréchal Tantaoui, le patron du Csfa.
La suspicion envers les militaires qui sont aux commandes de l'Egypte depuis six décennies est induite par leur refus de transférer le pouvoir politique aux civils quitte à faire usage de la répression. La répression contre les manifestants renseigne en fait sur les desseins inavoués du Conseil suprême des Forces armées à vouloir maintenir le régime, installé par Moubarak, sans, bien sûr, Hosni Moubarak. Depuis samedi, des centaines de milliers d'Egyptiens ont repris possession de la place «Tahrir».
Composés en majorité de partisans des Frères musulmans, les Egyptiens sont retournés à l'endroit où leur révolution a commencé. Cette fois, la frustration n'est pas dirigée contre un seul homme, mais plutôt contre l'institution, qui l'a maintenu au pouvoir. Le message de la place Tahrir du Caire est donc clair: «Les élections parlementaires, prévues pour le 28 novembre, seront dénuées de sens». Contourner une transition significative dans le processus politique, comme les militaires le font, ne peut que mal finir, relèvent bon nombre d'observateurs avertis.
«Les Islamistes ne constituent plus un danger en Egypte. Mais, c'est la direction de l'armée qui, mordicus, voulant se maintenir au pouvoir, représente un danger pour la démocratie en Egypte», a déclaré à L'Expression Rabab El Mahdi, Pr de sciences politiques à l'Université américaine du Caire.
Si les manifestations en cours à la place Tahrir, explique Mme El Mahdi, réclament le départ de Hussein Tantaoui, elles visent également à rappeler aux militaires leurs engagements «à savoir remettre le pouvoir aux civils après une transition de six mois». Cela suppose également que le plus grand danger auquel fait face l'Egypte est le refus obstiné des militaires de céder à la demande des jeunes de la révolution, réclamant le retrait des militaires de la vie politique.
Dans ce contexte, l'ancien général-major américain, Robert Scales, a précisé dans une déclaration à la presse américaine que les dirigeants de l'armée égyptienne n'accepteront jamais de léguer le pouvoir aux civils. «L'armée égyptienne, soucieuse de son maintien au pouvoir, envoie souvent les meilleurs et les plus brillants de ses officiers à l'Ecole américaine rien que pour assurer la continuité du régime militaire aux commandes», a-t-il souligné, relevant qu'aujourd'hui, «la plupart des Ecoles militaires américaines, de West Point à New York, pour la National Defense University, à Washington, ont un officier égyptien assis dans la salle de classe».
http://www.lexpressiondz.com/internationale/143196-%C2%ABtantaoui-d%C3%A9gage!%C2%BB.html
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