Le Figaro ne pouvait manquer de consacrer une partie de sa une au rapport « accablant » de la commission d’enquête des droits de l’homme de l’ONU accusant donc la Syrie, comme prévu dès avant que la moindre commission ait diligenté la moindre enquête, de « crimes contre l’humanité ». A supposer que les Nations-Unies aient pu un jour accoucher d’un rapport accusant les Etats-Unis de crimes contre l’humanité en Irak ou en Afghanistan, ou Israël d’ »excès » dans les territoires occupés, on n’est pas certain que le quotidien du pouvoir, de tous les pouvoirs pourvu qu’ils fussent économiquement libéraux et diplomatiquement atlanto-sionistes, leur aurait consacré un emplacement aussi prestigieux, mais passons. Et intéressons nous à l’éditorial – en une lui aussi – d’un certain Pierre Rousselin dont le titre renseigne assez vite sur le contenu : « Il y a urgence à écourter l’agonie du peuple syrien« .
Car, explique Rousselin à son lectorat captif sarkozyste, « la brutalité de la répression en Syrie atteint des niveaux effarants », avec donc « actes de tortures et de viol commis sur des enfants« . On n’a pas le temps de demander à M. Rousselin s’il a pu être « effaré » dans le passé par le bilan humain des interventions américaines en Irak – un peu plus que les 3 500 victimes officielles de la répression bachariste – ou par la brutalité de l’opération « Plomb fondu » menée par Tsahal contre la bande de Gaza en janvier 2009.
Embraser la Syrie pour abattre l’Iran
Enfin Rousselin tient à rassurer le lecteur : « Le dos au mur, le pouvoir alaouite de la famille Assad se sait condamné« . Et précise le général (honoraire) de l’OTAN Pierre Rousselin, « c’est un combat qui sera mené jusqu’au bout, comme celui de la famille Kadhafi« . Bref, le plumitif du Figaro danse déjà sur les dépouilles ensanglantées de Bachar al-Assad, de sa famille et, si on a bien compris, de la communauté alaouite que Rousselin, répétant un poncif inexact, présente comme trustant toutes les responsabilités en Syrie, et constituant le seul appui du clan Bachar. Au fait, Rousselin croit-il vraiment qu’on peut gouverner 11 ans – et résister 8 mois – contre 90% de sa population ? Sait-il seulement que la plus haute autorité religieuse – sunnite – du pays, Badr el-Dine Hassoun, Grand mufti de Syrie, soutient Bachar, et a payé ce soutien du meurtre d’un de ses fils ? (voir notre article « Plus qu’un crime, une faute : le fils du Grand mufti de Syrie assassiné », mis en ligne le 3 octobre).
Non Pierre Rousselin ne sait pas, ne veut pas savoir tout ce qui infirme sa « scénographie » sarko-atlantiste sur la Syrie. Enfin presque : il prévient les Figaro-freaks que la chute inéluctable de Bachar risque de ne pas amener une démocratie Facebook. Il reconnait que les expérience libyenne, égyptienne, que le « printemps arabe » dans sa globalité « ne laissent pas prévoir des lendemains qui chantent. » Et qu’ »après Assad, le péril d’un islamisme radical est au moins aussi important qu’ailleurs« .
Mais tant pis ! « Il est trop tard pour faire marche arrière » en Syrie et « le statu quo est encore plus dangereux » proclame M. Figaro. Le statu quo, c’est à dire un éventuel apaisement, le maintien d’un Etat laïc, qui garantit plutôt bien que mal la coexistence des communautés religieuses, et qui barre la route aux terroristes salafo-wahabites, le statu quo c’est-à-dire la préservation de l’équilibre régional. Non, Rousselin choisit la révolution, au risque de l’embrasement de tout le Proche-Orient et de l’irruption d’un pouvoir islamiste sunnite radical. Et pourquoi ? Parce que, explique-t-il, « que Bachar parvienne à stabiliser sa dictature dans le sang et c’est l’Iran, son seul allié, qui triomphera« . Un Iran qui, avertit Rousselin, « consolide son emprise qui s’étend de l’ouest de l’Afghanistan jusqu’à la Méditerranée, en passant par Damas et le Liban ».
Voilà, vous avez tout – si toutefois vous l’ignoriez encore : pour Rousselin et ses employeurs, c’est l’Iran qu’il faut frapper à travers la Syrie. M.Rousselin est bien un Américain néoconservateur de passeport français, tout comme son mentor présidentiel du reste. On suppose qu’en d’autres temps, M. Rousselin a cru – ou affecté de croire – aux armes de destruction massive de Saddam Hussein.Alors pourquoi ne pas croire – ou feindre de croire – à un rapport de l’ONU sur les « crimes contre l’humanité » en Syrie ?
Quand les menteurs ne prennent même plus la peine de mentir, c’est qu’ils sont fébriles et pressés. Et c’est vrai qu’en dépit de tout, la résistance de la Syrie leur fait du tort, et complique leur agenda, qui peut être bouleversé à tout moment en Egypte, au Pakistan, dans le Golfe, voire même en Libye. Alors, périsse par dizaines de milliers les Arabes, et les Iraniens, pourvu que les ennemis de Washington soient abattus. C’et toute la morale de ces démocrates-là…
Comme quoi, on peut lire – quitte à se pincer le nez – le Figaro pour autre chose que ses annonces immobilières ou son carnet mondain…
Info Syrie
Car, explique Rousselin à son lectorat captif sarkozyste, « la brutalité de la répression en Syrie atteint des niveaux effarants », avec donc « actes de tortures et de viol commis sur des enfants« . On n’a pas le temps de demander à M. Rousselin s’il a pu être « effaré » dans le passé par le bilan humain des interventions américaines en Irak – un peu plus que les 3 500 victimes officielles de la répression bachariste – ou par la brutalité de l’opération « Plomb fondu » menée par Tsahal contre la bande de Gaza en janvier 2009.
Embraser la Syrie pour abattre l’Iran
Enfin Rousselin tient à rassurer le lecteur : « Le dos au mur, le pouvoir alaouite de la famille Assad se sait condamné« . Et précise le général (honoraire) de l’OTAN Pierre Rousselin, « c’est un combat qui sera mené jusqu’au bout, comme celui de la famille Kadhafi« . Bref, le plumitif du Figaro danse déjà sur les dépouilles ensanglantées de Bachar al-Assad, de sa famille et, si on a bien compris, de la communauté alaouite que Rousselin, répétant un poncif inexact, présente comme trustant toutes les responsabilités en Syrie, et constituant le seul appui du clan Bachar. Au fait, Rousselin croit-il vraiment qu’on peut gouverner 11 ans – et résister 8 mois – contre 90% de sa population ? Sait-il seulement que la plus haute autorité religieuse – sunnite – du pays, Badr el-Dine Hassoun, Grand mufti de Syrie, soutient Bachar, et a payé ce soutien du meurtre d’un de ses fils ? (voir notre article « Plus qu’un crime, une faute : le fils du Grand mufti de Syrie assassiné », mis en ligne le 3 octobre).
Non Pierre Rousselin ne sait pas, ne veut pas savoir tout ce qui infirme sa « scénographie » sarko-atlantiste sur la Syrie. Enfin presque : il prévient les Figaro-freaks que la chute inéluctable de Bachar risque de ne pas amener une démocratie Facebook. Il reconnait que les expérience libyenne, égyptienne, que le « printemps arabe » dans sa globalité « ne laissent pas prévoir des lendemains qui chantent. » Et qu’ »après Assad, le péril d’un islamisme radical est au moins aussi important qu’ailleurs« .
Mais tant pis ! « Il est trop tard pour faire marche arrière » en Syrie et « le statu quo est encore plus dangereux » proclame M. Figaro. Le statu quo, c’est à dire un éventuel apaisement, le maintien d’un Etat laïc, qui garantit plutôt bien que mal la coexistence des communautés religieuses, et qui barre la route aux terroristes salafo-wahabites, le statu quo c’est-à-dire la préservation de l’équilibre régional. Non, Rousselin choisit la révolution, au risque de l’embrasement de tout le Proche-Orient et de l’irruption d’un pouvoir islamiste sunnite radical. Et pourquoi ? Parce que, explique-t-il, « que Bachar parvienne à stabiliser sa dictature dans le sang et c’est l’Iran, son seul allié, qui triomphera« . Un Iran qui, avertit Rousselin, « consolide son emprise qui s’étend de l’ouest de l’Afghanistan jusqu’à la Méditerranée, en passant par Damas et le Liban ».
Voilà, vous avez tout – si toutefois vous l’ignoriez encore : pour Rousselin et ses employeurs, c’est l’Iran qu’il faut frapper à travers la Syrie. M.Rousselin est bien un Américain néoconservateur de passeport français, tout comme son mentor présidentiel du reste. On suppose qu’en d’autres temps, M. Rousselin a cru – ou affecté de croire – aux armes de destruction massive de Saddam Hussein.Alors pourquoi ne pas croire – ou feindre de croire – à un rapport de l’ONU sur les « crimes contre l’humanité » en Syrie ?
Quand les menteurs ne prennent même plus la peine de mentir, c’est qu’ils sont fébriles et pressés. Et c’est vrai qu’en dépit de tout, la résistance de la Syrie leur fait du tort, et complique leur agenda, qui peut être bouleversé à tout moment en Egypte, au Pakistan, dans le Golfe, voire même en Libye. Alors, périsse par dizaines de milliers les Arabes, et les Iraniens, pourvu que les ennemis de Washington soient abattus. C’et toute la morale de ces démocrates-là…
Comme quoi, on peut lire – quitte à se pincer le nez – le Figaro pour autre chose que ses annonces immobilières ou son carnet mondain…
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