Pendant plusieurs jours, j’ai passé la plus grande partie de mon temps, collée à Internet, pour assister à la libération des prisonniers palestiniens et d’un soldat israélien. J’ai trouvé ces instants de célébration étourdissants et cette joie totalement irrésistibles. Nous, en Afrique du sud, connaissons plus que d’autres le bien qui est fait lorsque les portes des prisons s’ouvrent et le mal, lorsque ces mêmes portes se ferment, surtout sur de jeunes prisonniers. Quand on commence par emprisonner des jeunes pour des raisons politiques, pour soutirer une confession sans aucune assistance, les présenter comme à la parade devant un tribunal, afin d’étouffer les protestations pacifiques, on arrive à un point de non retour et les conséquences ultérieures sont terribles.
Par Barbara Hogan
Issue de la communauté blanche, arrêtée en 1982, Barbara Hogan a passé huit ans dans les prisons de l’apartheid en isolement total. Libérée en 1990, elle a participé au développement des activités de l’ANC au Transvaal. Elle a présidé le Comité des Finances du Parlement et été ministre de la Santé. Son article original, "Echoes of SA's struggle are deafening" est paru le 4.11.2011 sur le site Mail & Guardian. La traduction en français, par Xavière Jardez, a été mise en ligne sur le blog de Gilles Munier le 29 novembre 2011.
Des niveaux de perfection que l’Afrique du sud n’a jamais atteint
Bassem Tamimi, un militant de la première heure de Nabi Saleh, un village de la Cisjordanie , et coordinateur du Comité populaire du village, a été arrêté pour la 11ème fois en mars de cette année. L’acte d’accusation est basé sur les confessions de jeunes extorquées par la police pour « incitation, organisation et participation à des manifestations non-autorisées, encouragement donné pour lancer des pierres, n’a pas répondu aux convocations légales » et la scandaleuse « perturbation du déroulement de la procédure », pour avoir conseillé les jeunes sur la manière de se comporter lors d’interrogatoire policier après leur arrestation.
Ce qui est peu connu, c’est que l’administration de la loi et le respect de l’ordre, en Israël, atteignent des niveaux de perfection que l’Afrique du sud n’a jamais atteint. Dans les territoires occupés de Palestine, il existe deux systèmes de loi séparés : la loi israélienne s’applique aux citoyens israéliens, une loi militaire gouverne les sujets palestiniens.
Dans les territoires occupés, aujourd’hui, quand un manifestant palestinien est arrêté en même temps qu’un manifestant israélien, ils font face, chacun, à une justice différente. L’Israélien sera amené devant un juge, sous 24 heures au maximum, le Palestinien, lui, pourra attendre 8 jours. La peine pour manifestation interdite pour le premier pourra être d’un an au plus, pour le Palestinien, exactement, dix fois plus.
Interrogatoire
L’âge de la majorité de la loi militaire est récemment passé de 16 à 18 ans mais les droits dont jouissent les mineurs israéliens, comme le droit d’être assisté par un parent au cours des interrogatoires, ne s’appliquent pas aux mineurs palestiniens.
Ces derniers sont la cible de la campagne d’Israël pour criminaliser et réprimer la résistance civile à son occupation par le recours à une persécution légale. L’armée pénètre systématiquement dans les maisons où habitent des enfants, parfois à peine âgés de douze ans, qui sont alors détenus et interrogés pour obtenir une confession – et le plus important - obtenir des accusations sur d’autres.
Bassem Tamimi pendant son procès
Tel fut le cas de Islam Dar al-Ayoub de Nabi Saleh. Ce garçon de 14 ans fut arraché de son lit, dans la nuit du 23 janvier, après que les militaires eurent forcé sa maison. Au cours de son interrogatoire qui eut lieu le lendemain matin, après son arrestation, sans qu’il ait pu dormir entretemps, Dar al-Ayoub déclara qu’un certain militant de son village, Tamimi, organisait des jeunes en « brigades » chacune d’elles ayant un rôle spécifique au cours des manifestations dans le village : l’une était chargée de lancer des pierres, l’autre de bloquer les routes, une autre de faire diversion… etc…
La vidéo de son interrogatoire montre qu’il n’a pas été informé du fait qu’il pouvait garder le silence comme le veut la loi mais qu’il a été incité « à dire toute la vérité ». Il a été, par ailleurs, interrogé hors la présence de ses parents. Son avocat, arrivé dans les locaux du commissariat, n’a pu le voir.
Le témoignage de al-Ayoub et celui d’un autre jeune Palestinien de 15 ans servirent de base à l’arrestation et l’emprisonnement de Tamimi qui, sept mois après les faits, attend toujours de passer en jugement. Au cours des deux derniers mois suivants, l’armée israélienne a arrêté 24 résidents du village sur des rumeurs liées à des manifestations, la moitié d’entre eux est mineure, le plus jeune ayant onze ans.
Les lois de l’occupant n’ont aucune valeur
A l’ouverture de la procédure contre lui, Tamimi a, avec fierté, admis qu’il avait organisé une résistance civile pacifique dans son village : « J’ai organisé ces manifestations afin de défendre notre terre et notre peuple. Je ne sais pas si ces manifestations violent vos lois d’occupation. Pour moi, ces lois ne s’appliquent pas à moi et n’ont aucune valeur ».
Parlant des manifestants israéliens qui soutiennent les luttes des Palestiniens, il a remarqué que « ces manifestations m’ont permis de voir des gens de l’autre côté qui croient en la paix et partagent ma lutte pour la liberté. Ils ont libéré leur conscience de l’occupation et mis leurs mains dans les nôtres, contre un ennemi commun, l’occupation. Nous nous battons pour un avenir meilleur pour nous et nos enfants ».
Aucun sud-africain, partisan de la démocratie, ayant connu l’enfer et la furie de la lutte dans les années 80, ne peut manquer de voir le parallèle avec notre lutte. Pour la justice, l’avenir et les enfants, cette folie doit prendre fin.
Bassem Tamimi, un militant de la première heure de Nabi Saleh, un village de la Cisjordanie , et coordinateur du Comité populaire du village, a été arrêté pour la 11ème fois en mars de cette année. L’acte d’accusation est basé sur les confessions de jeunes extorquées par la police pour « incitation, organisation et participation à des manifestations non-autorisées, encouragement donné pour lancer des pierres, n’a pas répondu aux convocations légales » et la scandaleuse « perturbation du déroulement de la procédure », pour avoir conseillé les jeunes sur la manière de se comporter lors d’interrogatoire policier après leur arrestation.
Ce qui est peu connu, c’est que l’administration de la loi et le respect de l’ordre, en Israël, atteignent des niveaux de perfection que l’Afrique du sud n’a jamais atteint. Dans les territoires occupés de Palestine, il existe deux systèmes de loi séparés : la loi israélienne s’applique aux citoyens israéliens, une loi militaire gouverne les sujets palestiniens.
Dans les territoires occupés, aujourd’hui, quand un manifestant palestinien est arrêté en même temps qu’un manifestant israélien, ils font face, chacun, à une justice différente. L’Israélien sera amené devant un juge, sous 24 heures au maximum, le Palestinien, lui, pourra attendre 8 jours. La peine pour manifestation interdite pour le premier pourra être d’un an au plus, pour le Palestinien, exactement, dix fois plus.
Interrogatoire
L’âge de la majorité de la loi militaire est récemment passé de 16 à 18 ans mais les droits dont jouissent les mineurs israéliens, comme le droit d’être assisté par un parent au cours des interrogatoires, ne s’appliquent pas aux mineurs palestiniens.
Ces derniers sont la cible de la campagne d’Israël pour criminaliser et réprimer la résistance civile à son occupation par le recours à une persécution légale. L’armée pénètre systématiquement dans les maisons où habitent des enfants, parfois à peine âgés de douze ans, qui sont alors détenus et interrogés pour obtenir une confession – et le plus important - obtenir des accusations sur d’autres.
Bassem Tamimi pendant son procès
Tel fut le cas de Islam Dar al-Ayoub de Nabi Saleh. Ce garçon de 14 ans fut arraché de son lit, dans la nuit du 23 janvier, après que les militaires eurent forcé sa maison. Au cours de son interrogatoire qui eut lieu le lendemain matin, après son arrestation, sans qu’il ait pu dormir entretemps, Dar al-Ayoub déclara qu’un certain militant de son village, Tamimi, organisait des jeunes en « brigades » chacune d’elles ayant un rôle spécifique au cours des manifestations dans le village : l’une était chargée de lancer des pierres, l’autre de bloquer les routes, une autre de faire diversion… etc…
La vidéo de son interrogatoire montre qu’il n’a pas été informé du fait qu’il pouvait garder le silence comme le veut la loi mais qu’il a été incité « à dire toute la vérité ». Il a été, par ailleurs, interrogé hors la présence de ses parents. Son avocat, arrivé dans les locaux du commissariat, n’a pu le voir.
Le témoignage de al-Ayoub et celui d’un autre jeune Palestinien de 15 ans servirent de base à l’arrestation et l’emprisonnement de Tamimi qui, sept mois après les faits, attend toujours de passer en jugement. Au cours des deux derniers mois suivants, l’armée israélienne a arrêté 24 résidents du village sur des rumeurs liées à des manifestations, la moitié d’entre eux est mineure, le plus jeune ayant onze ans.
Les lois de l’occupant n’ont aucune valeur
A l’ouverture de la procédure contre lui, Tamimi a, avec fierté, admis qu’il avait organisé une résistance civile pacifique dans son village : « J’ai organisé ces manifestations afin de défendre notre terre et notre peuple. Je ne sais pas si ces manifestations violent vos lois d’occupation. Pour moi, ces lois ne s’appliquent pas à moi et n’ont aucune valeur ».
Parlant des manifestants israéliens qui soutiennent les luttes des Palestiniens, il a remarqué que « ces manifestations m’ont permis de voir des gens de l’autre côté qui croient en la paix et partagent ma lutte pour la liberté. Ils ont libéré leur conscience de l’occupation et mis leurs mains dans les nôtres, contre un ennemi commun, l’occupation. Nous nous battons pour un avenir meilleur pour nous et nos enfants ».
Aucun sud-africain, partisan de la démocratie, ayant connu l’enfer et la furie de la lutte dans les années 80, ne peut manquer de voir le parallèle avec notre lutte. Pour la justice, l’avenir et les enfants, cette folie doit prendre fin.
Source : France-Irak-Actualité
Via ISM
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