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Sarkozy au chevet d’un mort : la suite

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Sarkozy au chevet d’un mort : la suite

Notre billet précédent, qui a explosé l’audience de ce blog avec 70 325 visites et 220 commentaires (ce jour à 18h25), s’achevait ainsi : « A voir si notre humble publication peut faire avancer les choses, mais surtout à nos confrères rémunérés par les grands médias d’enquêter, d’interroger l’épouse d’Eric Lalès… » Nous avons donc été servi, les médias se sont emparés de l’affaire  (hormis l’interview de l’épouse). Voici ce qu’écrit le Lab Europe 1« Selon les informations recueillies par le service police-justice d’Europe 1, la famille du policier et les autorités ont été informées mercredi soir vers 20 heures que l’état de santé du lieutenant Eric Lales s’était aggravé et qu’il risquait de succomber rapidement [Formule light pour dire qu'il n'y a plus aucun espoir, NdA]. L’un des hauts responsables de la police nous assure que le fonctionnaire était toujours en vie le lendemain matin lorsque le chef de l’Etat et le ministre de l’Intérieur se sont rendus dans sa chambre d’hôpital. Nicolas Sarkozy aurait été informé du décès du fonctionnaire une heure plus tard, à l’issue d’une réunion avec les syndicats de police, au moment où il descendait dans la cour du siège de la police marseillaise pour s’exprimer devant les journalistes. » Nous allons voir qu’il y a une erreur dans ce texte. Lisons ce qu’explique le chef du service Réanimation, toujours via le Lab Europe 1 : « Jeudi matin, j’arrive vers 8 heures, il est encore vivant, mais on sait qu’il va décéder dans les heures qui viennent. A 10h, quand Nicolas Sarkozy arrive, je lui dis que le patient est en train de mourir. Le président a passé quelques minutes à proximité du box. M. Lales était toujours en vie quand Nicolas Sarkozy est parti. Et il s’est arrêté de respirer environ 50 minutes après le départ de Nicolas Sarkozy. On a dû signer l’acte de décès aux alentours de 11h. Il est donc vrai que Nicolas Sarkozy a assisté à ses derniers instants.«  Quelle mauvaise foi ! En cinq phrases, le professeur Claude Martin parvient à nous dire que le président n’a pas vu le policier – puisqu’il est resté « quelques minutes à proximité du box » – mais à conclure tout de même qu’il a bien « assisté à ses derniers instants »…
L’interview du même praticien hospitalier par  @rrêt sur images apporte des précisions : «  le mercredi soir, M. Lales a fait l’objet d’un scanner cérébral. Et nous avons constaté que les lésions du cerveau s’étaient agravées et qu’une partie de son cerveau était détruit. Les espoirs de récupération n’existaient pas. Se pose alors la question des soins actifs. M. Lales est déclaré à ce moment là « patient en fin de vie » mais il n’est pas du tout en situation de mort cérébrale dont le terme exact est « mort encéphalique ». Je suis formel là-dessus, M. Lales respirait tout seul. Le mercredi soir, il n’était donc pas mort. Quand un patient est en fin de vie, il faut discuter avec son entourage pour avoir l’accord de la famille pour arrêter les soins actifs. Nous les avons arrêtés le mercredi soir. » Eric Lalès a donc été débranché le mercredi soir : c’est exactement ce que nous avons écrit : « Eric Lalès était dans un état désespéré depuis hier après-midi. Après une discussion avec les médecins, sa femme a demandé à ce qu’on le débranche », affirmait Marc Louboutin ici-même, et il avait parfaitement raison.
Sur quoi porte donc le démenti – censé clore la polémique – de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille ? Sur le fait qu’Eric Lalès respirait encore tout seul. Nous n’avons jamais écrit le contraire. Mais il confirme que le patient était dans un état désespéré.  Le problème est bien là : à l’heure où nous sommes quotidiennement abreuvés d’informations, par exemple sur l’état de santé des victimes de faits-divers « entre la vie et la mort », nous a-t-on dit qu’Eric Lalès était condamné depuis la veille de la visite présidentielle ? Non, pour la simple et bonne raison que Sarkozy n’aurait pu alors se rendre « à son chevet ». Relisons les propos de Louboutin que nous avons relayés : « Les réseaux sociaux de policiers ont pleuré sa mort hier soir à partir de 23h. Comment se fait-il que le président de la République puisse « partager les derniers instants » de ce policier 20 heures plus tard ? Les politiques ont demandé à ce que la nouvelle ne soit pas annoncée. » Et de fait, il a encore raison. Nous a-t-on informé qu’il n’y avait plus aucun espoir pour le sous-brigadier, que son cerveau était mort et qu’il s’en fallait d’une poignée d’heures pour que le reste suive ? Non. La rétention d’information est patente, qui a pu permettre au président d’annoncer lui-même le décès – effectif celui-là, quand Eric Lalès a cessé de respirer – et d’ajouter qu’il avait « assisté à ses derniers instants », mais pas de trop près, hein, de l’extérieur du box !
Au bout du compte, qu’obtenons-nous ? Un démenti offusqué des hôpitaux de Marseille, qui nous apprend que la présidence était au courant du fait qu’Eric Lalès n’était plus. Mais ça n’a évidement pas empêché Sarkozy de se précipiter à « son chevet », pour faire jouer à plein sa communication politique nauséabonde. En quoi le fait que ce pauvre policier respirait encore change-t-il quoi que ce soit à l’ignoble démarche du président, qui ne s’est même pas approché de lui mais s’approprie néanmoins son cadavre au service de sa propagande ? A vous de nous le dire.

Plume de presse


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