De quelle gloire l´Amérique peut-elle se targuer au moment où les soldats américains quittent l´Irak «la tête hau te», selon l´expression utilisée pour la circonstance par le président Barack Obama. Dix ans après l´invasion militaire de ce pays arabe sur ordre de l´ex-Président G. W. Bush, au motif que Saddam Hussein possédait un arsenal d´armes de destruction massive encore introuvables à ce jour, l´armée américaine laisse sur place un peuple affamé, plus divisé que jamais et en proie à la guerre civile.
G.W.Bush a réussi le grand exploit de dérouler le tapis sous les pieds d´Al Qaïda dans ce pays où l’organisation terroriste internationale n´avait alors aucune chance de prendre pied sous le régime de feu Saddam Hussein. Les attentats à la voiture piégée font encore, dix ans plus tard, des victimes qui se comptent chaque fois par dizaines. Depuis, l´exemple terroriste irakien a fait école au Yémen, dans la Corne de l´Afrique, dans le Sahel et repris du poil de la bête en Afghanistan. Bel exploit de la Maison Blanche!
Outre le terrorisme, la misère et les luttes ethniques que laisse encore sur place l´armée américaine ? Un régime allié dont le chef Nouri el Maliki est, aujourd´hui, contesté par sa communauté chiite, par les kurdes, par la minorité chrétienne comme par les sunnites. Ses seuls amis sont les puissances occidentales qui l´ont mis au pouvoir. A leur tête, les Etats-Unis, qui œuvrent depuis l´invasion de l´Irak à la mise en place d´un nouvel ordre politique dans le monde arabe où le désordre mental et politique se généralise alors que toutes les incertitudes planent sur l´avenir de ces nouvelles démocraties. Au Maroc, en Tunisie, en Libye et en Egypte, les mouvements totalitaires islamistes jouent, pour le moment, le jeu de la démocratie le temps de préparer la société au régime de la charia, version salafiste.
Ben Ali a fui, Moubarak est prisonnier, Abdallah Saleh a pris un aller simple pour les Etats-Unis, Bachar el Assad résiste et El Guedaffi a été livré par la coalition atlantique pour être lynché par ses adversaires. Le «Printemps arabe» frappe aussi aux portes de l´Irak sur fond de misère sociale, de luttes ethniques et d´instabilité. Obama, homme politique sincère à l´origine mais rappelé à l´ordre par le lobby sioniste AIPAC, a appris à faire dans la démagogie. Non, les soldats de l´armée américaine ne pouvaient pas quitter l´Irak «la tête haute». Les crimes de guerre de l´armée américaine dans ce pays ont choqué et révolté l´humanité entière. Des villes et des villages ont été écrasés sous les bombes américaines. Des femmes irakiennes ont été violées, des nourrissons sont morts de faim et faute de soins, et les prisonniers humiliés dans leurs cellules par des voyous portant l´uniforme des GI’s. Ce ne sont pas là des actes isolés, enco-re moins de hauts faits de guerre dont on peut être fiers et pour lesquels on peut quitter le champ de bataille «la tête haute». Le banal procès assorti d´une peine de prison pour le bouc émissaire, une femme-soldat enceinte, ne saurait dédouaner l´armée de la première puissance mondiale de ses crimes de guerre.
Le président démocrate aurait dû saisir l´occasion de se taire, se démarquant ainsi de l´invasion criminelle de l´Irak, œuvre de l´homme d´Etat le plus honni de l´histoire des Etats-Unis. Rendre hommage en ces termes de campagne électorale au comportement barbare de l´armée américaine en Irak constitue une injure à la mémoire des centaines de milliers de victimes irakiennes, un mépris à la conscience universelle et un renoncement à ses propres principes.
H. Ab.
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