Ok. Mais s’il persiste dans ses propos publics, Sarkozy pourrait bien être le premier justiciable de cette loi...
En effet, qu’a-t-il déclaré hier ? « Je respecte les convictions de nos amis turcs, c'est un grand pays, une grande civilisation, il faut respecter les nôtres ».
Rien de bien grave,… sauf si la loi est votée. Regardons cette phrase de près.
D’abord, le génocide arménien est une affaire de convictions personnelles, et non le résultat de preuves intangibles, qui s’imposent à tous. Dans cette phrase, le génocide ne relève pas du fait, ni de la vérité objective, mais du subjectivisme de la pensée. On n’est pas sur le registre de la preuve factuelle, mais sur celui de la conviction.
Surtout, ces convictions sont d’autant plus faibles… que sont admises et respectées les convictions contraires. Sarkozy « respecte les convictions de nos amis turcs », c’est-à-dire la contestation du génocide.
Dans cette phrase, le génocide devient une opinion, dont sont convaincus les Français, et dont ne sont pas convaincus les Turcs. Sarkozy appelle au respect mutuel des ces opinions contraires, c’est-à-dire qu’il exprime l’idée que la contestation du génocide, énoncée avec force par le premier ministre Erdogan, est une opinion qui mérite le respect. Ce faisant il accrédite la thèse que la vérité n’est pas établie.
Pour respecter la loi, son propos aurait du être simple : « Le génocide est une vérité historique et juridique indiscutable. C’est une aberration de la contester ».
Aussi, le propos se trouve dans le champ d’approche du négationnisme. La jurisprudence sanctionne le fait de nier l’existence des crimes, mais aussi de douter de leur existence ou de les minimiser de manière outrancière. Toute remise en cause de l’existence des crimes, même de manière déguisée et dubitative, tombe sous le coup de la loi. Si la même phrase avait été prononcée à propos du génocide juif, des poursuites auraient été engagées.
Ajoutons que les dirigeants politiques turcs seraient de fait interdits de séjour en France... sauf à passer par le tribunal avant de rentrer au pays...
Qui peut faire comprendre à nos parlementaires qu’il faut retrouver la raison, et remiser cette loi ?