A propos de la dernière sortie du ministre de l’Intérieur Claude Guéant, un commentaire terrible de Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives économiques, sur sa page Facebook : « L’administration préfectorale avait fourni Jean Moulin à la résistance mais aussi Maurice Papon à la collaboration avant qu’il ne se spécialise ensuite dans les ratonades pendant la guerre d’Algérie. C’est à croire que Claude Guéant tient absolument à montrer qu’il est tout à fait digne de prendre sa succession… » Guéant, héritier de Papon ? Sûr que Duval y va fort, mais comment lui donner tort, même si la persécution physique des musulmans n’est pas (encore ?) à l’ordre du jour en Sarkozie, quand on constate pareille surenchère xénophobe ? Florilège. Guéant a estimé que « les Français à force d’immigration incontrôlée ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux » (ce qui lui avait valu, sur le Kiosque permanent, l’un de nos désormais célèbres Ferme ta gueule !) et il a aussi jugé que « Les agents des services publics évidemment ne doivent pas porter de signes religieux, manifester une quelconque préférence religieuse, mais les usagers du service public ne doivent pas non plus. » Jamais deux sans trois : « La question interpelle nos concitoyens : nombreux sont ceux qui pensent qu’il y a des entorses à la laïcité. En 1905, il y a avait très peu de musulmans en France, aujourd’hui il y en a entre 5 et 6 millions. Cet accroissement du nombre de fidèles et un certain nombre de comportements posent problème », assène-t-il aujourd’hui. Il y a donc trop de musulmans en France, d’après le ministre de l’Intérieur (et des Cultes, détail piquant). Guéant devrait lire Le Figaro, qui nous a appris le 16 mars dernier, en 8 petites lignes pages 12 comme le relevait Guy Birenbaum, qu’il y en a en réalité trois fois moins ! Mais peu importent les faits, il faut agiter le péril islamique.
Notez qu’un autre membre du gouvernement, le sinistre Thierry « plus FN que moi tu meurs » Mariani avait déjà osé : « Les autres religions ne posent pas de problèmes. Ce ne sont pas le catholicisme, le protestantisme ou le judaïsme qui posent des problèmes… » Le même a aussi asséné : « Par définition, pour bâtir un islam de France, le français doit être la langue employée dans les mosquées ». Et Jean-François « l’ami des musulmans » Copé, patron du parti au pouvoir, a confirmé : « Je vais prendre un exemple : les prêches des imams. En quelle langue ces prêches doivent-ils être faits ? On peut peut-être postuler que ces prêches devraient l’être exclusivement en français ». Ces Tartuffe de faux défenseurs de la laïcité songent-ils à interdire l’hébreu dans les synagogues ? Peu importe qu’Amar Lasfar, président du conseil du culte musulman et recteur de la mosquée de Lille, lui réponde : « Cela fait vingt ans qu’on prêche en français dans les mosquées, vingt ans que nous avons ouvert le centre de formation des imams à Château-Chinon. Copé le sait ! »
On a d’abord envie de s’exclamer, avec Jean-Luc Mélenchon, « Qu’on fiche la paix aux musulmans ! » Et puis on va plus loin, pour se poser la question : la croisade anti-islam de l’UMP est-elle bien laïque ? Nous vous renvoyons en réponse, dès que vous aurez fini de vomir, à la remarquable contribution de la sociologue et féministe Christine Delphy sur Contretemps (à lire en intégralité en suivant le lien, ça vaut vraiment le coup). En voici de larges extraits : « cette «idée» de M. Guéant [que les usagers des services publics ne devraient pas afficher leur religion, NdA], comme l’idée de M. Chatel d’interdire aux mères dites «voilées», en fait portant un foulard, d’accompagner leurs enfants dans les sorties scolaires, comme l’idée de M. Copé d’imposer que les prêches dans les mosquées soient dit en français, toutes ces idées reposent sur une interprétation tendancieuse et fausse du mot «public», qui a plusieurs sens en France. Et derrière la confusion entretenue par certains entre ses différents sens, se profile une attitude qui réclame pour l’Etat le droit de vider subrepticement la loi de 1905 de son contenu, et aussi d’exercer un pouvoir absolu sur les pratiques et les consciences. Or cette attitude est contraire tant à nos lois qu’aux conventions internationales qui protègent les libertés individuelles, et d’abord la liberté de conscience. Ou, pour le dire autrement, aucune de ces propositions n’est légale, et elles ne peuvent avoir l’apparence de la raison que parce que ceux qui les émettent, et probablement une partie de ceux qui les écoutent, jouent sur le mot «public», d’une part, et d’autre part voient sans déplaisir le contrôle de la société civile par l’Etat s’agrandir de jour en jour. Mais d’abord en poussant toute une partie de la population française, les Musulman.es, hors de la loi commune, hors de la vie commune ; en les déclarant fautifs, voire criminels, en leur retirant les protections et les droits usuels. (…) La religion pour n’être évidemment pas d’Etat, n’est pas pour autant «privée» au sens de «privée d’expression publique» : car la liberté de conscience garantie par la loi implique la liberté d’expression, et parce que l’espace public n’appartient pas à l’Etat. (…) C’est qu’il existe une confusion extraordinaire entre «public : du ressort de l’Etat», et «public : ouvert au public». (…) Le deuxième sens de «public», c’est en effet ce qui appartient au public : à tout le monde. Et c’est bien dans cet espace que tout le monde doit pouvoir exprimer ses opinions et défendre ses convictions. Car s’exprimer en «privé», nous le pouvons toujours ; c’est s’exprimer en public qui est un droit que l’Etat doit protéger, et d’abord respecter lui-même. Présenter les croyances religieuses comme relevant ou devant relever du «privé» et de l’ «intime», et interdites d’espace public, cela revient à attaquer la liberté d’expression qui est la traduction concrète de la liberté de conscience. (…) Renouant avec la tradition de l’Eglise «gallicane», aujourd’hui l’Etat veut intervenir dans la religion musulmane, tentant de créer un «Islam de France», et prétend lui dicter même sa langue de culte. Ceci aussi est contraire à la loi de 1905, qui protège l’Etat de l’ingérence ecclésiastique, mais réciproquement protège les religions de l’ingérence étatique. La loi de 1905 est bafouée sans cesse depuis plusieurs années ; la liberté de conscience, la liberté d’expression, la liberté de culte n’existent plus. Aujourd’hui, le doute n’est plus permis : le gouvernement procède, en quelques jours et par des voix différentes (Chatel, Copé, Guéant) à un tir groupé ; si leurs recommandations deviennent lois, il deviendra illégal de manifester sa religion de façon publique. Mais peut-on interdire une religion ? Peut-on interdire les religions ? Non, toutes les croyances, et l’athéisme est aussi une croyance – contrairement à l’opinion qui est devenue dominante en quelques années, selon laquelle la laïcité devrait favoriser l’athéisme – doivent être traitées à égalité. Peut-on interdire que les religions soient visibles ? Non, leur visibilité est protégée par la loi de 1905. Peut-on assimiler les usagers à des représentants de l’Etat ? Non. Peut-on assimiler les lieux publics à des lieux étatiques ? Non encore. Toutes ces nouvelles lois, et toutes ces lois en projets ne bafouent pas seulement la loi de 1905 ; elles sont contraires à notre constitution, et elles sont contraires aux conventions internationales ratifiées par la France. Et ces manœuvres ne tendent pas seulement à mettre hors la loi les religions : ce faisant elles instaurent une mainmise de l’Etat sur les consciences, et dessinent les contours d’une religion d’Etat, d’une seule croyance qui sera imposée, tandis que les autres seront interdites. »
« Une seule religion, une seule population en ligne de mire »
« Si le but de ces lois était vraiment la mise hors la loi des religions, si seul l’athéisme était permis, l’athéisme deviendrait la religion d’Etat de la France, qui serait ainsi un état peut-être totalitaire, et en tous les cas non-laïc, poursuit Delphy. Mais leur but est-il celui-là ? L’islam est visé, sous prétexte que sa visibilité, à l’école, dans la rue, serait contraire à la laïcité, ce qui, on l’a vu, est faux. Et les autres religions ? On argue beaucoup, pour se défier de l’islam, qu’il ne connaîtrait pas et serait incapable de respecter la séparation entre l’église et la politique. Cette séparation est-elle exigée des autres religions ? Notre pays compte un parti officiellement appelé chrétien–démocrate. Quand Christine Boutin l’a fondé en 2009, pas un sourcil ne s’est levé – imaginons la fondation d’un parti «musulman-démocrate». D’autres hommes politiques font état de leur foi catholique devant les caméras de télévision, comme Bayrou, sans que nul ne s’en offusque. L’UMP est affiliée au Parti populaire européen, le regroupement des partis démocrates chrétiens, et le plus grand parti européen. Le président de la république, Nicolas Sarkozy, visite régulièrement, de façon officielle et privée, le Pape. Il est Chanoine de Latran. (…) On assiste à une restriction constante des droits des Musulman.es dans l’espace public. Depuis 2004 des écoles et des lycées interdisent aux mères portant un foulard d’accompagner leurs enfants dans les sorties scolaires. Il y a eu des recours : les tribunaux, quand il ont été saisi par les parents, la Halde ensuite, ont confirmé que la loi ne s’appliquait qu’aux élèves. Mais l’offensive continue, et le nouveau ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, annonce un décret qui affirmerait, au contraire de cette jurisprudence, une interdiction à l’encontre des mères. Entre 2009 et 2010 une commission parlementaire a siégé pendant 6 mois pour discuter de l’interdiction de la «burqa» (en fait le niqab, ou voile intégral). Tous les avis juridiques qu’elle a recueillis ont été unanimes : professeurs de droit, Conseil d’Etat, Cour européenne des droits humains de Strasbourg ont dit qu’une telle loi était contraire aux principes régissant les libertés individuelles. La France a cependant persisté, et le Conseil constitutionnel s’est fait complice de la volonté politique de la majorité gouvernementale. Même si cette loi est abrogée dans quelques années, à la suite d’un recours devant la Cour de Strasbourg, elle aura eu le temps de faire son travail d’intimidation. Car il s’agit d’instiller la peur dans les esprits des Musulman.es, et l’audace dans les autres. (…) Ainsi, l’islam et les fidèles de cette religion, mais aussi toutes les personnes qui sont attachées sentimentalement et culturellement à cette religion, sont-ils peu à peu privés des bénéfices de la loi commune : la liberté religieuse n’est plus pour eux. Et poussés hors la loi : l’islam, ses fidèles et toute la communauté de tradition musulmane sont soupçonnés d’être «quelque part» contraires aux lois, et contraires en tous les cas à la loi sur la laïcité. Car cette persécution prétend s’appuyer sur la loi de 1905. Or, c’est le contraire : c’est cette persécution qui est contraire à la loi de 1905. Il faut maintenant qu’elle CESSE. Que le gouvernement en dise les vraies raisons n’est pas nécessaire. On les connaît : il s’agit de faire comprendre à une partie stigmatisée et discriminée de la population française que la religion à laquelle elle est attachée est quasi criminelle, et que ceci justifie la stigmatisation et la discrimination dont elle est victime. Ce qui est urgent maintenant c’est de mettre un coup d’arrêt à ces atteintes aux libertés : ce sont elles qui sont hors la loi et criminelles. Contre la tentative de condamner à un régime dérogatoire au droit commun, à un statut d’exception toute une partie de la population, pour laquelle il ne restait plus qu’à ressusciter – et l’UMP vient de le faire – le nom colonial de «Français Musulmans» ; contre cette persécution, il existe un rempart : nos lois en général, et particulièrement la loi de 1905. Il est urgent d’exiger son rétablissement et son application pleine et entière. »
Soutenez ce blog ! Votre serviteur, journaliste au chômage, tente le pari de vivre grâce à plumedepresse : pour deux euros, rejoignez le Club des plumonautes en vous abonnant pour un mois au Kiosque permanent, le rendez-vous pluri-quotidien de notre revue de Web, actualisée en temps réel six jours sur sept. Cliquez sur le kiosque ci-dessous !
Notez qu’un autre membre du gouvernement, le sinistre Thierry « plus FN que moi tu meurs » Mariani avait déjà osé : « Les autres religions ne posent pas de problèmes. Ce ne sont pas le catholicisme, le protestantisme ou le judaïsme qui posent des problèmes… » Le même a aussi asséné : « Par définition, pour bâtir un islam de France, le français doit être la langue employée dans les mosquées ». Et Jean-François « l’ami des musulmans » Copé, patron du parti au pouvoir, a confirmé : « Je vais prendre un exemple : les prêches des imams. En quelle langue ces prêches doivent-ils être faits ? On peut peut-être postuler que ces prêches devraient l’être exclusivement en français ». Ces Tartuffe de faux défenseurs de la laïcité songent-ils à interdire l’hébreu dans les synagogues ? Peu importe qu’Amar Lasfar, président du conseil du culte musulman et recteur de la mosquée de Lille, lui réponde : « Cela fait vingt ans qu’on prêche en français dans les mosquées, vingt ans que nous avons ouvert le centre de formation des imams à Château-Chinon. Copé le sait ! »
On a d’abord envie de s’exclamer, avec Jean-Luc Mélenchon, « Qu’on fiche la paix aux musulmans ! » Et puis on va plus loin, pour se poser la question : la croisade anti-islam de l’UMP est-elle bien laïque ? Nous vous renvoyons en réponse, dès que vous aurez fini de vomir, à la remarquable contribution de la sociologue et féministe Christine Delphy sur Contretemps (à lire en intégralité en suivant le lien, ça vaut vraiment le coup). En voici de larges extraits : « cette «idée» de M. Guéant [que les usagers des services publics ne devraient pas afficher leur religion, NdA], comme l’idée de M. Chatel d’interdire aux mères dites «voilées», en fait portant un foulard, d’accompagner leurs enfants dans les sorties scolaires, comme l’idée de M. Copé d’imposer que les prêches dans les mosquées soient dit en français, toutes ces idées reposent sur une interprétation tendancieuse et fausse du mot «public», qui a plusieurs sens en France. Et derrière la confusion entretenue par certains entre ses différents sens, se profile une attitude qui réclame pour l’Etat le droit de vider subrepticement la loi de 1905 de son contenu, et aussi d’exercer un pouvoir absolu sur les pratiques et les consciences. Or cette attitude est contraire tant à nos lois qu’aux conventions internationales qui protègent les libertés individuelles, et d’abord la liberté de conscience. Ou, pour le dire autrement, aucune de ces propositions n’est légale, et elles ne peuvent avoir l’apparence de la raison que parce que ceux qui les émettent, et probablement une partie de ceux qui les écoutent, jouent sur le mot «public», d’une part, et d’autre part voient sans déplaisir le contrôle de la société civile par l’Etat s’agrandir de jour en jour. Mais d’abord en poussant toute une partie de la population française, les Musulman.es, hors de la loi commune, hors de la vie commune ; en les déclarant fautifs, voire criminels, en leur retirant les protections et les droits usuels. (…) La religion pour n’être évidemment pas d’Etat, n’est pas pour autant «privée» au sens de «privée d’expression publique» : car la liberté de conscience garantie par la loi implique la liberté d’expression, et parce que l’espace public n’appartient pas à l’Etat. (…) C’est qu’il existe une confusion extraordinaire entre «public : du ressort de l’Etat», et «public : ouvert au public». (…) Le deuxième sens de «public», c’est en effet ce qui appartient au public : à tout le monde. Et c’est bien dans cet espace que tout le monde doit pouvoir exprimer ses opinions et défendre ses convictions. Car s’exprimer en «privé», nous le pouvons toujours ; c’est s’exprimer en public qui est un droit que l’Etat doit protéger, et d’abord respecter lui-même. Présenter les croyances religieuses comme relevant ou devant relever du «privé» et de l’ «intime», et interdites d’espace public, cela revient à attaquer la liberté d’expression qui est la traduction concrète de la liberté de conscience. (…) Renouant avec la tradition de l’Eglise «gallicane», aujourd’hui l’Etat veut intervenir dans la religion musulmane, tentant de créer un «Islam de France», et prétend lui dicter même sa langue de culte. Ceci aussi est contraire à la loi de 1905, qui protège l’Etat de l’ingérence ecclésiastique, mais réciproquement protège les religions de l’ingérence étatique. La loi de 1905 est bafouée sans cesse depuis plusieurs années ; la liberté de conscience, la liberté d’expression, la liberté de culte n’existent plus. Aujourd’hui, le doute n’est plus permis : le gouvernement procède, en quelques jours et par des voix différentes (Chatel, Copé, Guéant) à un tir groupé ; si leurs recommandations deviennent lois, il deviendra illégal de manifester sa religion de façon publique. Mais peut-on interdire une religion ? Peut-on interdire les religions ? Non, toutes les croyances, et l’athéisme est aussi une croyance – contrairement à l’opinion qui est devenue dominante en quelques années, selon laquelle la laïcité devrait favoriser l’athéisme – doivent être traitées à égalité. Peut-on interdire que les religions soient visibles ? Non, leur visibilité est protégée par la loi de 1905. Peut-on assimiler les usagers à des représentants de l’Etat ? Non. Peut-on assimiler les lieux publics à des lieux étatiques ? Non encore. Toutes ces nouvelles lois, et toutes ces lois en projets ne bafouent pas seulement la loi de 1905 ; elles sont contraires à notre constitution, et elles sont contraires aux conventions internationales ratifiées par la France. Et ces manœuvres ne tendent pas seulement à mettre hors la loi les religions : ce faisant elles instaurent une mainmise de l’Etat sur les consciences, et dessinent les contours d’une religion d’Etat, d’une seule croyance qui sera imposée, tandis que les autres seront interdites. »
« Une seule religion, une seule population en ligne de mire »
« Si le but de ces lois était vraiment la mise hors la loi des religions, si seul l’athéisme était permis, l’athéisme deviendrait la religion d’Etat de la France, qui serait ainsi un état peut-être totalitaire, et en tous les cas non-laïc, poursuit Delphy. Mais leur but est-il celui-là ? L’islam est visé, sous prétexte que sa visibilité, à l’école, dans la rue, serait contraire à la laïcité, ce qui, on l’a vu, est faux. Et les autres religions ? On argue beaucoup, pour se défier de l’islam, qu’il ne connaîtrait pas et serait incapable de respecter la séparation entre l’église et la politique. Cette séparation est-elle exigée des autres religions ? Notre pays compte un parti officiellement appelé chrétien–démocrate. Quand Christine Boutin l’a fondé en 2009, pas un sourcil ne s’est levé – imaginons la fondation d’un parti «musulman-démocrate». D’autres hommes politiques font état de leur foi catholique devant les caméras de télévision, comme Bayrou, sans que nul ne s’en offusque. L’UMP est affiliée au Parti populaire européen, le regroupement des partis démocrates chrétiens, et le plus grand parti européen. Le président de la république, Nicolas Sarkozy, visite régulièrement, de façon officielle et privée, le Pape. Il est Chanoine de Latran. (…) On assiste à une restriction constante des droits des Musulman.es dans l’espace public. Depuis 2004 des écoles et des lycées interdisent aux mères portant un foulard d’accompagner leurs enfants dans les sorties scolaires. Il y a eu des recours : les tribunaux, quand il ont été saisi par les parents, la Halde ensuite, ont confirmé que la loi ne s’appliquait qu’aux élèves. Mais l’offensive continue, et le nouveau ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, annonce un décret qui affirmerait, au contraire de cette jurisprudence, une interdiction à l’encontre des mères. Entre 2009 et 2010 une commission parlementaire a siégé pendant 6 mois pour discuter de l’interdiction de la «burqa» (en fait le niqab, ou voile intégral). Tous les avis juridiques qu’elle a recueillis ont été unanimes : professeurs de droit, Conseil d’Etat, Cour européenne des droits humains de Strasbourg ont dit qu’une telle loi était contraire aux principes régissant les libertés individuelles. La France a cependant persisté, et le Conseil constitutionnel s’est fait complice de la volonté politique de la majorité gouvernementale. Même si cette loi est abrogée dans quelques années, à la suite d’un recours devant la Cour de Strasbourg, elle aura eu le temps de faire son travail d’intimidation. Car il s’agit d’instiller la peur dans les esprits des Musulman.es, et l’audace dans les autres. (…) Ainsi, l’islam et les fidèles de cette religion, mais aussi toutes les personnes qui sont attachées sentimentalement et culturellement à cette religion, sont-ils peu à peu privés des bénéfices de la loi commune : la liberté religieuse n’est plus pour eux. Et poussés hors la loi : l’islam, ses fidèles et toute la communauté de tradition musulmane sont soupçonnés d’être «quelque part» contraires aux lois, et contraires en tous les cas à la loi sur la laïcité. Car cette persécution prétend s’appuyer sur la loi de 1905. Or, c’est le contraire : c’est cette persécution qui est contraire à la loi de 1905. Il faut maintenant qu’elle CESSE. Que le gouvernement en dise les vraies raisons n’est pas nécessaire. On les connaît : il s’agit de faire comprendre à une partie stigmatisée et discriminée de la population française que la religion à laquelle elle est attachée est quasi criminelle, et que ceci justifie la stigmatisation et la discrimination dont elle est victime. Ce qui est urgent maintenant c’est de mettre un coup d’arrêt à ces atteintes aux libertés : ce sont elles qui sont hors la loi et criminelles. Contre la tentative de condamner à un régime dérogatoire au droit commun, à un statut d’exception toute une partie de la population, pour laquelle il ne restait plus qu’à ressusciter – et l’UMP vient de le faire – le nom colonial de «Français Musulmans» ; contre cette persécution, il existe un rempart : nos lois en général, et particulièrement la loi de 1905. Il est urgent d’exiger son rétablissement et son application pleine et entière. »
Soutenez ce blog ! Votre serviteur, journaliste au chômage, tente le pari de vivre grâce à plumedepresse : pour deux euros, rejoignez le Club des plumonautes en vous abonnant pour un mois au Kiosque permanent, le rendez-vous pluri-quotidien de notre revue de Web, actualisée en temps réel six jours sur sept. Cliquez sur le kiosque ci-dessous !
Alter Info
l'Information Alternative