Le Journal du dimanche (JDD), propriété d’Arnaud Lagardère (qui aime à penser qu’il est le « frère » de Nicolas Sarkozy, chef de l’État français), dédie cette semaine sa (pleine) page 32 à l’un des plus considérables événements de la saison éditocrato-bouquinesque : Franz-Olivier Giesbert, dit FOG, patron de l’iconoclaste hebdomadaire Le Point, « consacre un livre drôle et cinglant à Nicolas Sarkozy », chef de l’État français.
La présentation qu’en fait le JDD reste d’abord, dans ses premiers feuillets, scrupuleusement conventionnelle : comprendre qu’il s’agit, pour l’essentiel, d’une flagornerie d’où ressort, notamment, que FOG n’est pas seulement « un mélange irrésistible d’audace et de désinvolture », mais qu’il est aussi « grave et doux », et « plein de charme », et qu’il sait « engranger et transmettre à toute vitesse ».
(De surcroît : il soigne les paralytiques par la seule apposition de ses mains, et quelle ne fut pas notre surprise, quand nous le vîmes traverser la Manche à pied, sans couler.)
Ce n’est que vers sa fin que le papier du JDD, transcendant les canons de la flatterie, monte vers un plus rare niveau d’extravagance, quand son auteure (l’excellente Marie-Laure Delorme) relève que les deux protagonistes de ce « portrait drôle » mais « vif » (FOG et Sarkozy, donc, « le journaliste et le politique » [1]) sont « deux fils d’immigrés », et que Franz-Olivier Giesbert « avoue avoir pleuré en écoutant le discours de Nicolas Sarkozy à la Porte de Versailles, le 14 janvier 2007, où il se présentait comme un “petit Français de sang-mêlé” » (PFDS-M).
Il faut, pour bien mesurer la portée de l’aveu FOGiel, se représenter la scène : Nicolas Sarkozy, né à Paris (Paris, France) le 28 janvier 1955 et grandi [2] à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine, France), et qui n’a eu de cesse, durant qu’il était ministre des Polices, qu’il n’eût bouté de suffisants quotas d’immigré(e)s, s’autoportraiture sans rire, dans une campagne où il braconnera profond dans les marais frontins, en « petit Français de sang-mêlé » - et là, FOG, touché, verse des larmes.
D’où vient-ce ?
D’où vient que cet exemplaire « journaliste », oyant le 14 janvier 2007 des propos (portede)versaillais dont même les enfants nés le 13 janvier 2007 comprennent immédiatement qu’ils sont d’un exceptionnel taux de foutage de gueule, est si fort « ému par les mots ancestraux d’un fils de réfugiés hongrois » [3] ?
Cela vient, explique Marie-Laure Delorme, de ce que FOG est lui-même « le fils d’un GI débarqué à Omaha Beach en 1944 », en même temps que nombre d’autres Alliés (au grand dam de la chefferie de l’État français de l’époque, où l’on escompta que l’Europe débloquerait, à tout le moins, « des moyens financiers pour affréter des bateaux pour les reconduire dans les pays d’origine ») - et qu’il est par conséquent, tout comme le chef de l’État français, un PFDS-M.
Forcément : ça rapproche.
Du reste (non moins (suppose-t-on) que Sarkozy), « Franz-Olivier Giesbert », explique Marie-Laure Delorme, « se sent bien parmi les immigrés » [4] - contrairement à ce que pourrait s’imaginer « la police de la pensée » sur la seule foi des courageuses couvertures (et des roboratives investigations) de son iconoclaste hebdomadaire.
FOG lui-même le confirme d’ailleurs très volontiers : « Je suis solidaire du monde des immigrés » [5], assure-t-il.
De sorte que, précise-t-il : « Quand l’un d’eux est attaqué, je prends sa défense ».
Et ce n’est pas du tout faux : il est même parfaitement exact qu’en avril 2007, Le Point de FOG prit, non sans noblesse, la défense d’un immigré victime de ce que le fameux historien Max Gallo appela « un impensé, selon lequel cet homme » - Nicolas Sarkozy, pour ne pas le nommer - était « un étranger : étranger à une tradition politique, et d’origine étrangère, fils de Hongrois et descendant de juifs de Salonique ».
De même, en 2008 : Le Point de FOG prit, non sans (toujours la même) noblesse, la défense d’un immigré - Nicolas Sarkozy, pour ne pas le nommer - qu’« on » avait « traité de métèque durant (sa) campagne » (et durant que lui même promettait, donc, de mettre, sitôt qu’élu, plus de fermeté quotique, dans le boutage des immigré(e)s).
Il est donc vrai que FOG « se sent » si « bien parmi les immigrés », que « quand l’un d’eux est attaqué », il prend « sa défense ».
Le JDD aurait juste pu préciser que la locution « l’un d’eux » est à prendre, ici, au pied de la lettre, et que, d’une année l’autre, c’est toujours le même immigré, que Le Point défend - Nicolas Sarkozy, pour ne pas le nommer.
Et il se peut qu’ayant mis là toute son empathie, Le Point puisse des fois donner l’impression de se montrer moins déterminé, dans sa défense des immigré(e)s qui ne sont pas dans l’Élysée - comme lorsqu’il déplore qu’un « tabou » ait longtemps fait que « quiconque osait s’écarter du bréviaire antiraciste (...) était immédiatement traduit devant le " tribunal des bien-pensants " », pour cependant se féliciter de ce qu’« aujourd’hui, on constate heureusement un certain pragmatisme dans la gestion » de l’immigration (grâce à la détermination du chef de sang-mêlé de l’État français).
Mais ne dit-on pas qu’un tien vaut mieux que plein ?
La présentation qu’en fait le JDD reste d’abord, dans ses premiers feuillets, scrupuleusement conventionnelle : comprendre qu’il s’agit, pour l’essentiel, d’une flagornerie d’où ressort, notamment, que FOG n’est pas seulement « un mélange irrésistible d’audace et de désinvolture », mais qu’il est aussi « grave et doux », et « plein de charme », et qu’il sait « engranger et transmettre à toute vitesse ».
(De surcroît : il soigne les paralytiques par la seule apposition de ses mains, et quelle ne fut pas notre surprise, quand nous le vîmes traverser la Manche à pied, sans couler.)
Ce n’est que vers sa fin que le papier du JDD, transcendant les canons de la flatterie, monte vers un plus rare niveau d’extravagance, quand son auteure (l’excellente Marie-Laure Delorme) relève que les deux protagonistes de ce « portrait drôle » mais « vif » (FOG et Sarkozy, donc, « le journaliste et le politique » [1]) sont « deux fils d’immigrés », et que Franz-Olivier Giesbert « avoue avoir pleuré en écoutant le discours de Nicolas Sarkozy à la Porte de Versailles, le 14 janvier 2007, où il se présentait comme un “petit Français de sang-mêlé” » (PFDS-M).
Il faut, pour bien mesurer la portée de l’aveu FOGiel, se représenter la scène : Nicolas Sarkozy, né à Paris (Paris, France) le 28 janvier 1955 et grandi [2] à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine, France), et qui n’a eu de cesse, durant qu’il était ministre des Polices, qu’il n’eût bouté de suffisants quotas d’immigré(e)s, s’autoportraiture sans rire, dans une campagne où il braconnera profond dans les marais frontins, en « petit Français de sang-mêlé » - et là, FOG, touché, verse des larmes.
D’où vient-ce ?
D’où vient que cet exemplaire « journaliste », oyant le 14 janvier 2007 des propos (portede)versaillais dont même les enfants nés le 13 janvier 2007 comprennent immédiatement qu’ils sont d’un exceptionnel taux de foutage de gueule, est si fort « ému par les mots ancestraux d’un fils de réfugiés hongrois » [3] ?
Cela vient, explique Marie-Laure Delorme, de ce que FOG est lui-même « le fils d’un GI débarqué à Omaha Beach en 1944 », en même temps que nombre d’autres Alliés (au grand dam de la chefferie de l’État français de l’époque, où l’on escompta que l’Europe débloquerait, à tout le moins, « des moyens financiers pour affréter des bateaux pour les reconduire dans les pays d’origine ») - et qu’il est par conséquent, tout comme le chef de l’État français, un PFDS-M.
Forcément : ça rapproche.
Du reste (non moins (suppose-t-on) que Sarkozy), « Franz-Olivier Giesbert », explique Marie-Laure Delorme, « se sent bien parmi les immigrés » [4] - contrairement à ce que pourrait s’imaginer « la police de la pensée » sur la seule foi des courageuses couvertures (et des roboratives investigations) de son iconoclaste hebdomadaire.
FOG lui-même le confirme d’ailleurs très volontiers : « Je suis solidaire du monde des immigrés » [5], assure-t-il.
De sorte que, précise-t-il : « Quand l’un d’eux est attaqué, je prends sa défense ».
Et ce n’est pas du tout faux : il est même parfaitement exact qu’en avril 2007, Le Point de FOG prit, non sans noblesse, la défense d’un immigré victime de ce que le fameux historien Max Gallo appela « un impensé, selon lequel cet homme » - Nicolas Sarkozy, pour ne pas le nommer - était « un étranger : étranger à une tradition politique, et d’origine étrangère, fils de Hongrois et descendant de juifs de Salonique ».
De même, en 2008 : Le Point de FOG prit, non sans (toujours la même) noblesse, la défense d’un immigré - Nicolas Sarkozy, pour ne pas le nommer - qu’« on » avait « traité de métèque durant (sa) campagne » (et durant que lui même promettait, donc, de mettre, sitôt qu’élu, plus de fermeté quotique, dans le boutage des immigré(e)s).
Il est donc vrai que FOG « se sent » si « bien parmi les immigrés », que « quand l’un d’eux est attaqué », il prend « sa défense ».
Le JDD aurait juste pu préciser que la locution « l’un d’eux » est à prendre, ici, au pied de la lettre, et que, d’une année l’autre, c’est toujours le même immigré, que Le Point défend - Nicolas Sarkozy, pour ne pas le nommer.
Et il se peut qu’ayant mis là toute son empathie, Le Point puisse des fois donner l’impression de se montrer moins déterminé, dans sa défense des immigré(e)s qui ne sont pas dans l’Élysée - comme lorsqu’il déplore qu’un « tabou » ait longtemps fait que « quiconque osait s’écarter du bréviaire antiraciste (...) était immédiatement traduit devant le " tribunal des bien-pensants " », pour cependant se féliciter de ce qu’« aujourd’hui, on constate heureusement un certain pragmatisme dans la gestion » de l’immigration (grâce à la détermination du chef de sang-mêlé de l’État français).
Mais ne dit-on pas qu’un tien vaut mieux que plein ?
NB : Faites aussi un saut à l’épicerie du coin de la rue (où j’ai trouvé la jolie photo d’en haut).
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