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Le faux ennemi de l'establishment

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Le Pen c'est ça
Le faux ennemi de l'establishment
Le Front national, contre l'" establishment " ? Son guide fureur s'égosille contre le système, la " bande des quatre ", les " banques cosmopolites ", etc. Mais, quand on étudie le FN de près, on découvre qu'il s'agit d'une indignation en trompe-l'oil. Dès ses origines, le parti de l'extrême droite n'a eu de cesse que de se faire accepter par le système, du patronat aux partis de la droite parlementaire. En toute opacité...

On découvre d'inavouables réseaux entre le patronat et Jean-Marie Le Pen au hasard d'indiscrétions, à l'occasion de cocktails mondains, de dîners débats ou de réunions de clubs de réflexion.

Ainsi le 21 janvier 1986, Jacques Vieljeux (du groupe de l'armateur Delmas-Vieljeux) organise chez lui un cocktail en l'honneur de son vieil ami Jean-Marie. Les invités viennent en toute connaissance de cause serrer la main du leader de l'extrême droite. Et ils se bousculent. Parmi eux Roland Peugeot, des automobiles du même nom, le parfumeur Jean-Pierre Guerlain, Philippe Delagrange des laboratoires Delagrange, Fernand de Drouas, PDG de Finter Bank Zurich France et conseiller du commerce extérieur de la France. Parmi les grands patrons qui apportent un soutien à la campagne de Le Pen en 1988, citons le marquis François d'Aulan, PDG des champagnes Piper-Heidsieck et administrateur des champagnes Taittinger ; la princesse de Polignac, des champagnes Pommery, la baronne Laurence Bich épouse du big boss de Bic, célèbre groupe qui regroupe alors les bas Dim et les parfums Guy Laroche. Encore s'agit-il de la partie émergée de l'iceberg patronal, révélée par l'Humanité le 30 juillet 1991.

La promiscuité entre l'infréquentable Le Pen et le gotha patronal, la noblesse huppée et des élus de la droite parlementaire est préméditée par des cercles et des clubs pro-Le Pen. Le cercle Renaissance est fondé dès 1970 par un proche de Le Pen, Michel de Rostolan, lequel insiste beaucoup pour nier son amitié avec le colonel Pak, représentant de la CIA en Corée et nø 2 de la secte Moon. Plusieurs moonistes deviendront élus FN... Parmi les familiers du cercle Renaissance, le député RPR Hector Rolland, l'UDF Pierre-Christian Taittinger futur vice-président du Sénat et Me Jean-Marc Varaud, futur avocat de Papon. En 1987 apparaît un " Groupe d'études parlementaire pour favoriser l'accueil à la vie ". Nul besoin de forceps pour découvrir les procréateurs de cet embryon du mouvement anti-avortement : le même Michel de Rostolan devenu député FN, le même RPR Hector Rolland et une nouvelle venue : Christine Boutin.

· la même adresse que le cercle Renaissance, on remarque le cercle Alexandre de Tocqueville dirigé par un ancien conseiller de Charles Pasqua au ministère de l'Intérieur, Jean-Michel Dubois. Mot d'ordre du cercle : " pas d'ennemi à droite ". C'est ce cercle qui organise pour Le Pen, le 17 février 1992, un dîner avec 340 personnalités parmi lesquelles des dirigeants de Renault véhicules industriels, de Fiat France, de Fauchon. On remarque la présence d'un patron du bâtiment, alors nø 2 du syndicat patronal (CNPF), Jean-Louis Giral. Jean-Michel Dubois, élu municipal à Aulnay sous Bois, conseiller régional FN préside aussi le cercle frontiste Entreprise moderne et liberté, qui revendique 8 600 membres, la plupart chefs d'entreprises, de PME essentiellement. Cette structure se subdivise en six autres cercles nationaux par professions : santé, banques, enseignement, etc.

La très riche Jany Paschos, devenue la seconde épouse de Jean-Marie Le Pen en mai 1991, a un frère, Georges Paschos qui était, le Figaro l'a révélé en 1992, un dirigeant de la filiale française de la Citybank. De mauvaises langues prétendent que par l'intermédiaire de son beauf, Le Pen a obtenu des contacts privilégiés dans le monde bancaire, a priori hostile. D'autres remarquent perfidement qu'une affaire de bons du trésor portant sur plusieurs dizaines de millions de dollars est partie de la Citybank à New-York, en 1991, pour déboucher sur une affaire de blanchiment en France, dossier dans lequel apparaît le nom d'un ami de Le Pen, Jean-Pierre Aubert. Il est évident que Le Pen n'est pas responsable des activités de ses amis...

Loin d'être le pourfendeur de l'" establishment ", on découvre un Le Pen avide de reconnaissance, n'hésitant devant aucun subterfuge pour se retrouver en bonne compagnie sur une photo dont il fera usage ultérieurement. Dans le Guide des sponsors du FN (Éditions Raymond Castelles, 1998), on découvre plus de 500 noms de patrons qui financent la presse d'extrême droite, par l'intermédiaire, notamment de publicités généreusement payées. Mais jusqu'à présent le grand patronat préfère démentir tout lien avec le Front national. On aimerait pouvoir dire, dans tous les cas, qu'il s'agit d'une attitude républicaine. Il faut craindre qu'une bonne partie des " employeurs " (Le Pen ne parle jamais des patrons) feint d'ignorer l'extrême droite car, afficher des liens avec elle agit comme une contre-publicité. Quand on entend Édouard Leclerc se dire choqué par l'ostracisme qui frappe le FN et espérer que " le Front national rentre dans les structures politiques ". Ou Jean-Paul Bucher, patron des Brasseries Flo et des restaurants Hippopotamus estimer que le FN est " un parti qui fait partie de la France ". On devine qu'une bonne partie du patronat est mûre pour ouvrir ses bras et ses aides financières au parti néofasciste, pour peu que le pourcentage de Le Pen, le 5 mai, le permette.

Serge Garde

source: http://www.humanite.fr/node/440315

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