Le propos parait bizarre. Il est pourtant bien réel. Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a offert samedi une belle planche de salut à la France en tançant rudement la Turquie d’Erdogan pour avoir évoqué le génocide commis par l’armée coloniale en Algérie.
Paris va certainement apprécier cette montée au créneau…en Algérie contre la Turquie. Le fait est que Ahmed Ouyhia, dans sa casquette de chef du RND mais, on s’en doute, de Premier ministre aussi, a surpris tout son monde en s’attaquant crûment à la Turquie coupable d’avoir demandé à la France de reconnaître son génocide en Algérie.
Dans la conférence de presse qui a suivi les travaux du conseil national de son parti, Ahmed Ouyahia ne s’est pas encombré de formules diplomatiques pour répondre sèchement à "ses amis" turcs. "Nous disons à nos amis (turcs) de cesser de faire de la colonisation de l’Algérie un fonds de commerce", a-t-il répondu à une question d’un journaliste. Stupeur dans la salle.
Les journalistes qui s’attendaient tout au moins à une remise au goût du jour de l’exigence des excuses de la France pour ses crimes en Algérie, ont été surpris d’entendre le Premier ministre s’en prendre prioritairement aux turcs.
Cible facile ? Sans doute. Bien qu’on puisse reprocher à Erdogan d’avoir utilisé le drame algérien pour régler un contentieux bilatéral avec la France, il n’a fait en définitive que plaider la cause algérienne. Et ils étaient nombreux les algériens à voir les manchettes des journaux rendre hommage au Premier ministre turc. Mais voilà que cette sortie médiatique d’Erdogan n’a pas trouvé grâce aux yeux de Ouyahia et certainement du régime. Il faut rappeler ici qu’aucun responsable algérien n’a commenté ce jour là les déclarations d’Erdogan en bien ou en mal.
"Nous allons obtenir les excuses de la France… "
On comprenait bien leur gêne de ce que l’exigence historique d’une reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux soit défendue par un chef d’Etat étranger alors même qu’en Algérie la cause semble entendue…de se taire. Ahmed Ouyahia aurait été dans son rôle s’il avait au moins chargé la France et rappelé l’attachement de notre pays à sa revendication pour un solde de tout compte.
Or, le chef du RND a pris pour cible la seule Turquie. Il en revanche lancé, énigmatique, que "Nous allons obtenir des excuses de la France par notre force, comme l’a fait la Chine avec le Japon et la Corée du Sud". Mais Ouyahia ne dit ni quand ni comment ? En deux temps trois mouvements, le chef du RND a liquidé le sujet préférant régler ses comptes à la Turquie. "Personne n’a le droit de faire du sang des Algériens un fonds de commerce", a asséné le secrétaire général du RND.
Se pose alors la question de savoir si le patron du RND et néanmoins responsable de l’exécutif n’avait pas le souci de ménager la France pour des considérations politiques internes à l’Algérie.
Pour Paris, cette fleur venue d’Alger a un goût particulier surtout que la Turquie a le vent en poupe dans le monde arabe. Entendues d’Ankara, les déclarations de Ouyahia sonnent comme une cinglante mise au point. Le message est limpide : M Erdogan : occupez vous de vos oignons ! Il est à se demander aussi si Ahmed Ouyahia a parlé en son nom ou au nom du gouvernement algérien.
http://www.algerie-plus.com/actualite/ouyahia-vole-au-secours-de-la-france-et-charge-la-turquie/
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