«(..) Selon ce que je sais, jusqu'à présent, le nucléaire vit surtout grâce aux subventions publiques, ce qui est totalement anti-économique...., il existe 1001 façons de subventionner le nucléaire (...) Au vu des problèmes que pose l'industrie nucléaire, je pense qu' il faut se tourner, d'abord et avant tout, vers les énergies renouvelables».
Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie
Cette année 2012 est assurément une année singulière dominée de bout en bout par les crises, notamment en Europe et aux Etats-Unis mais aussi par un Printemps arabe qui n'en finit pas de mourir emportant avec lui des milliers de personnes au nom d'un Nouvel ordre que l'Occident veut imposer, créant de ce fait des conflits avec les grands (Chine et Russie) par peuples faibles interposés. C'est Sartre qui disait que «quand les grands se font la guerre ce sont les peuples faibles qui meurent». Le fondement de ces luttes sourdes reste l'accaparement de l'énergie au sens large. Nous l'avons vu avec l'éclatement du Darfour qui a vu l'éviction de la Chine des gisements de pétrole. Avec la Libye avec là aussi la perte d'influence de la Chine et, actuellement le conflit syrien créé à la fois pour sortir la Russie du Moyen-Orient (elle qui dispose à Tartous de la seule base russe au Moyen-Orient) mais aussi de faire tomber le dernier domino: l'Iran avec à la clé, les énormes gisements de pétrole et de gaz avec en prime, l'assise définitive d'Israël comme gendarme de l'Occident et dernier rempart contre la barbarie.
Justement à propos d'énergie nous voulons présenter Jeremy Rifkin qui n'est plus à présenter. Cet essayiste est président de la Fondation pour les tendances économiques. Conseiller des présidents américains et de l'Union européenne, il annonce et nous convainc que le nucléaire c'est dépassé. Une théorie qu'il déroule en 5 arguments au micro de Terre.tv. Les 5 arguments donnés par Jeremy Rifkin sont connus: 1) Peu d'impact: pour avoir un quelconque effet sur les émissions de gaz à effet de serre, il faudrait construire 1500 réacteurs nucléaires d'ici à 25 ans, à coups de milliers de milliards de dollars. 2) Le casse-tête des déchets: 60 ans que nous faisons du nucléaire et toujours pas de solution durable pour les déchets. 3) La pénurie menace: l'uranium est une ressource de plus en plus rare et son prix ne cessera d'augmenter.4) Le danger des solutions alternatives: certes, on peut remplacer l'uranium par du plutonium mais à l'heure du terrorisme, est-ce vraiment une bonne idée? 5) Le problème de l'eau: «40% de toute l'eau douce consommée dans toute la France est utilisée par l'industrie nucléaire pour refroidir les réacteurs» avant d'être relâchée à une température supérieure. On risque donc de manquer cruellement de ressources hydriques. La solution? Refroidir les centrales à l'eau de mer. Mais c'est bien sur les côtes que les risques de tsunami et les densités de population sont les plus grands. (1)
Ajoutons que les résultats d'une étude en France montre une corrélation entre les cancers d'enfants et la proximité des centrales nucléaires. Enfin, cerise sur le gâteau, un rapport de la Cour des comptes de janvier 2012 en France tord le cou au mythe du nucléaire pas cher. Pour Eva Joly, candidate d'Europe Ecologie-Les Verts, après le ´´mythe de l'indépendance énergétique´´ et celui ´´de la technologie sûre´´, avec ce rapport ´´c'est le mythe du nucléaire énergie pas chère qui s'effondre´´. (...) le coût du mégawatt/heure´´ produit par le nucléaire se situe ´´entre 70 et 90 euros, un prix égal ou supérieur au prix des énergies renouvelables´´, (2)
Sommes-nous trop nombreux?
Cette boulimie énergétique -dangereuse- est elle due à la consommation de tout le monde ou des pays développés? Une question récurrente en Occident. La Crise c'est les PVD. Nous sommes nombreux à cause des PVD; ce qui fait qu'on ne peut pas satisfaire tout le monde. Cette thèse malthusienne est-elle vraie? La question revient sur le devant de la scène. Daniel Barthes écrit: «Profiter au maximum de ce qu'il reste à disposition pour encore un peu de temps, ou s'obliger à revoir notre façon de vivre pour laisser à ceux qui viendront après nous, les moyens de vivre tout simplement? On devrait se poser les bonnes questions... l'avenir est incertain.! Selon les différents scénarii, on peut avoir une explosion, on peut avoir une diminution, on peut avoir une stabilité. Malgré ces incertitudes, il y a un point sur lequel je suis prêt à prendre un pari: L'humanité devra mettre la question écologique au coeur de ses préoccupations. Nous n'avons pas le choix, parce que l'alternative c'est tout simplement l'impossible: c'est un monde invivable, c'est un monde pollué, c'est une absence de forêts, ce sont des sols dégradés, pour une bonne part d'ailleurs, tout simplement asphaltés, ce sont des animaux qui ont disparu, ce sont des poissons qui ont disparu. Pour les poissons, d'une certaine façon, c'est déjà fini: les stocks de poissons sont aujourd'hui de 80 à 90% plus faibles que dans les conditions naturelles. A l'époque, il y a 10.000 ans, nous ne savions pas exactement combien nous étions, mais l'on estime généralement qu'il vivait sur la Terre entre 5 et 10 millions d'hommes. Nous sommes 7 milliards aujourd'hui, c'est-à-dire très précisément 1000 fois plus nombreux! Imaginez un monde où pour 1000 hommes qui vivent aujourd'hui il y en avait un seul! Nous étions dans un autre monde. En 10.000 ans, ce qui n'est pas grand-chose dans l'Histoire de la vie sur Terre mais ce qui n'est même pas énorme à l'échelle de l'Histoire de l'Humanité, nous avons multiplié notre nombre par 1000! (3)
Que faut-il faire?
Nous allons donner la parole à trois sommités dont les approches convergent vers le développement durable grâce aux nouvelles technologies. Dans son ouvrage «Une nouvelle conscience pour un monde en crise», Jeremy Rifkin propose une relecture fascinante de l'histoire de l'humanité dans une perspective sociale et altruiste. Avec un constat: jamais le monde n'a paru si totalement unifié (par les communications, le commerce, la culture) et aussi sauvagement déchiré (par la guerre, la crise financière, le réchauffement de la planète, la diffusion de pandémies) qu'aujourd'hui. Quels que soient nos efforts intellectuels face aux défis d'une mondialisation accélérée, nous ne sommes pas à la hauteur: l'espèce humaine semble incapable de concentrer vraiment ses ressources mentales collectives pour ´´penser globalement et agir localement´´. L'auteur montre que cette déconnexion entre notre vision pour la planète et notre aptitude à la concrétiser, s'explique par l'état actuel de la conscience humaine. Nos cerveaux, nos structures mentales, nous prédisposent à une façon de ressentir, de penser et d'agir dans le monde qui n'est plus adaptée aux nouveaux contextes que nous nous sommes créés. L'humanité, soutient Rifkin, se trouve à l'aube d'une étape cruciale. Tout indique que les anciennes formes de consciences religieuses ou rationnalistes, soumises à trop forte pression, deviennent dépassées et même dangereuses dans leurs efforts pour piloter un monde qui leur échappe de plus en plus. Jeremy Rifkin dévoile des fils conducteurs restés ignorés jusqu'ici. Ces ´´pages blanches´´ de l'histoire ainsi mises en lumière nous permettront d'élargir notre conscience afin de relever les défis des décennies à venir. (4)
Jeremy Rifkin, lit-on dans le journal en ligne «Rue 89» a cet art d'annoncer les catastrophes à coup de données précises et de sourires malicieux. Pour faire simple, sa thèse est la suivante: «Nous sommes, j'en suis convaincu, à la veille d'un tournant historique vers un climax de l'économie mondiale - son passage à un état autostabilisant - et vers un repositionnement fondamental de la vie humaine sur la planète. L'âge de la raison s'efface, place à l'âge de l'empathie.» «Un monde qui se mondialise est en train de créer un nouveau cosmopolitisme, dont les identités et les affiliations multiples couvrent toute la planète. Les cosmopolites sont l'avant-garde, si l'on veut, d'une conscience biosphérique naissante.» (5)
Spectateur placide de la volonté de puissance sans limite, il chuchote, presque amusé, que «l'on continue de sous-estimer la vitesse à laquelle on va disparaître, ça fait peur». Ainsi, le «peak oil», c'est-à-dire le moment où la production de pétrole atteint son maximum, s'est passé en 2006 selon l'Agence internationale de l'énergie, et non en 2035 comme annoncé par les géologues. Pendant 35 ans, dit-il, il a médité la phrase de Hegel: «L'histoire du monde n'est pas le lieu de la félicité.» Puis il s'est dit: «Il y a une autre histoire possible: quand de nouveaux régimes émergent, qu'une révolution de la communication se combine à une révolution de l'énergie, tout change et l'empathie apparaît. C'est arrivé quelques fois dans l'histoire, c'est le moment où s'ouvre un nouveau chapitre.» La «troisième révolution industrielle» consiste à ce que chacun devienne producteur d'énergie. Rifkin est persuadé que «l'immeuble de l'avenir sera une centrale électrique». (5)
Jeremy Rifkin explique dans son livre que «la transition des énergies élitistes (fossiles ou fondées sur l'uranium) aux énergies renouvelables distribuées» fait passer le monde de la «géopolitique» caractéristique du XXe siècle à la «politique de la biosphère» du XXIe. Si les politiques le décident, il sera bientôt possible de partager l'électricité en «pair à pair» «peer to peer» sur des réseaux intelligents, exactement comme la musique. Et grâce à l'hydrogène, on va pouvoir stocker l'énergie et remédier au principal défaut des renouvelables, leur intermittence. Quand chacun devient producteur de ce qu'on appelle la «production distribuée», des centaines de millions de personnes auront «de la puissance», ce qui engendrera d'énormes conséquences pour la vie sociale: «Revoir le modèle du marché et le modèle social pour les adapter à une troisième révolution industrielle distribuée et coopérative va être la tâche politique urgente du prochain demi-siècle, pendant la transition des Etats vers le nouveau rêve: la création d'une société de la qualité de vie dans un monde biosphérique.» Telle est, en substance, la thèse de l'économiste américain, qui affirme, après d'autres: «L'humanité est à un carrefour.» Si M.Rifkin aime le poids des formules - Il faut ´´mettre Adam Smith à la retraite´´ -, le passage du pouvoir hiérarchique au pouvoir latéral décentralisé et démythifié, va transformer notre rapport au monde,» dit-il. (6)
Pour Jospeh Stiglitz, prix Nobel d'économie, pendant une courte période, des millions de personnes pensaient à plus ou moins juste titre qu'elles pouvaient peut-être réaliser le ´´rêve américain´´. Maintenant ce rêve aussi s'efface. (...) Plus de sept millions de familles américaines ont perdu leur maison. Des personnes qui ont dû demander l'hospitalité à des parents ou amis sont devenues SDF. (...) Les principaux pays émergents qui ont réussi à échapper aux tempêtes de 2008 et 2009 pourraient avoir quelques difficultés pour faire face aux problèmes qui se dessinent à l'horizon. (...) Il faut compter aussi avec les problèmes à long terme tels que le réchauffement climatique, les autres menaces environnementales et l'accroissement des inégalités presque partout. (...) L'accroissement des investissements pour adapter l'économie au réchauffement climatique stimulerait la croissance et la création d'emplois. (...) Aussi le rééquilibrage économique mondial va-t-il très probablement s'accélérer, entraînant des tensions politiques. (...) Le développement durable signifie parvenir à une croissance économique qui est largement partagée et qui protège les ressources vitales du globe. Notre économie mondiale actuelle, cependant, n'est pas durable, avec plus d'un milliard de personnes laissées par le progrès économique et l'environnement terrestre ayant subi des dommages terribles à l'activité humaine. (7)(8)
Jeffrey Sachs va plus loin et détaille la façon dont il voit le développement durable qui nécessite, d'après lui, la mobilisation de nouvelles technologies qui sont guidées par des valeurs sociales communes... Il rappelle la déclaration du Secrétaire général Ban Ki-moon. «Le développement durable doit être au sommet de l'agenda mondial». Le gaspillage rapide fait que nous rentrons dans ce que les scientifiques appellent la nouvelle période: l'anthropocène - dans lequel les êtres humains sont devenus les principales causes des changements physiques et biologiques de la Terre. Le Global Sustainability dépendant des Nations unies a publié un nouveau rapport qui décrit un cadre pour le développement durable. Il note à juste titre que le développement durable repose sur trois piliers: mettre fin à l'extrême pauvreté, assurer que la prospérité est partagée par tous, y compris les femmes, les jeunes et les minorités et en protégeant l'environnement naturel. Comment sauver la planète plutôt que de la détruire? Il faut aller vers les sources d'énergie faibles en carbone. Ces améliorations décisives sont certainement possibles. On pourrait donc réaliser des réductions énormes dans les émissions de CO2 en optant pour des véhicules alimentés des moteurs électriques. Nous pourrons aussi être en mesure d'utiliser la technologie d'information de pointe afin de les rendre intelligents grâce à l'informatique. (9)
Il y a donc pour Jeremy Rifkins, Joseph Stiglitz, Jeffrey Sachs moyen d'être optimiste si les humains partagent, si les connaissances et les avancées sont à la disposition de chacun. Les avantages de l'information et des communications peuvent être trouvés dans tous les domaines de l'activité humaine: Les livres électroniques sont diffusés directement sur les appareils portatifs, sans avoir besoin de librairies. Cependant, la technologie ne suffit pas. Une volonté politique planétaire du partage est indispensable. Nous devons comprendre que nous avons un destin commun, et d'opter pour le développement durable comme un engagement commun pour la dignité humaine
1. Jeremy Rifkin: «Le nucléaire est mort» 6.06.2011
2. Nucléaire: Eva Joly estime que le ´´mythe d'une énergie pas chère´´ s'effondre. LeMonde.fr 31 01 2012
3. http://sos-crise.over-blog.com/article-sommes-nous-trop-nombreux-sur-terre-97973106.html
4. Une nouvelle conscience pour un monde en crise 27-04-2011
5. Jeremy Rifkin: Interview Sophie Verney-Caillat| Rue89 | 06/05/2011
6. «La troisième révolution industrielle» de Jeremy Rifkin Le Monde 23.01.2012
7. http://lecercle.lesechos.fr/economistes-project-syndicate/joseph-e-stiglitz/221142217/2012-annee-perils
8 Gabriel Gresillon http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu /0201846370526-stiglitz-exhorte-les-europeens-a-repenser-leur-gestion-de-la-crise-276137.php 17/01/2012
9. Jeffrey D. Sachs L'humanité durable lecercle.lesechos.fr 31/01/2012
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Nationale Polytechnique enp-edu.dz
Justement à propos d'énergie nous voulons présenter Jeremy Rifkin qui n'est plus à présenter. Cet essayiste est président de la Fondation pour les tendances économiques. Conseiller des présidents américains et de l'Union européenne, il annonce et nous convainc que le nucléaire c'est dépassé. Une théorie qu'il déroule en 5 arguments au micro de Terre.tv. Les 5 arguments donnés par Jeremy Rifkin sont connus: 1) Peu d'impact: pour avoir un quelconque effet sur les émissions de gaz à effet de serre, il faudrait construire 1500 réacteurs nucléaires d'ici à 25 ans, à coups de milliers de milliards de dollars. 2) Le casse-tête des déchets: 60 ans que nous faisons du nucléaire et toujours pas de solution durable pour les déchets. 3) La pénurie menace: l'uranium est une ressource de plus en plus rare et son prix ne cessera d'augmenter.4) Le danger des solutions alternatives: certes, on peut remplacer l'uranium par du plutonium mais à l'heure du terrorisme, est-ce vraiment une bonne idée? 5) Le problème de l'eau: «40% de toute l'eau douce consommée dans toute la France est utilisée par l'industrie nucléaire pour refroidir les réacteurs» avant d'être relâchée à une température supérieure. On risque donc de manquer cruellement de ressources hydriques. La solution? Refroidir les centrales à l'eau de mer. Mais c'est bien sur les côtes que les risques de tsunami et les densités de population sont les plus grands. (1)
Ajoutons que les résultats d'une étude en France montre une corrélation entre les cancers d'enfants et la proximité des centrales nucléaires. Enfin, cerise sur le gâteau, un rapport de la Cour des comptes de janvier 2012 en France tord le cou au mythe du nucléaire pas cher. Pour Eva Joly, candidate d'Europe Ecologie-Les Verts, après le ´´mythe de l'indépendance énergétique´´ et celui ´´de la technologie sûre´´, avec ce rapport ´´c'est le mythe du nucléaire énergie pas chère qui s'effondre´´. (...) le coût du mégawatt/heure´´ produit par le nucléaire se situe ´´entre 70 et 90 euros, un prix égal ou supérieur au prix des énergies renouvelables´´, (2)
Sommes-nous trop nombreux?
Cette boulimie énergétique -dangereuse- est elle due à la consommation de tout le monde ou des pays développés? Une question récurrente en Occident. La Crise c'est les PVD. Nous sommes nombreux à cause des PVD; ce qui fait qu'on ne peut pas satisfaire tout le monde. Cette thèse malthusienne est-elle vraie? La question revient sur le devant de la scène. Daniel Barthes écrit: «Profiter au maximum de ce qu'il reste à disposition pour encore un peu de temps, ou s'obliger à revoir notre façon de vivre pour laisser à ceux qui viendront après nous, les moyens de vivre tout simplement? On devrait se poser les bonnes questions... l'avenir est incertain.! Selon les différents scénarii, on peut avoir une explosion, on peut avoir une diminution, on peut avoir une stabilité. Malgré ces incertitudes, il y a un point sur lequel je suis prêt à prendre un pari: L'humanité devra mettre la question écologique au coeur de ses préoccupations. Nous n'avons pas le choix, parce que l'alternative c'est tout simplement l'impossible: c'est un monde invivable, c'est un monde pollué, c'est une absence de forêts, ce sont des sols dégradés, pour une bonne part d'ailleurs, tout simplement asphaltés, ce sont des animaux qui ont disparu, ce sont des poissons qui ont disparu. Pour les poissons, d'une certaine façon, c'est déjà fini: les stocks de poissons sont aujourd'hui de 80 à 90% plus faibles que dans les conditions naturelles. A l'époque, il y a 10.000 ans, nous ne savions pas exactement combien nous étions, mais l'on estime généralement qu'il vivait sur la Terre entre 5 et 10 millions d'hommes. Nous sommes 7 milliards aujourd'hui, c'est-à-dire très précisément 1000 fois plus nombreux! Imaginez un monde où pour 1000 hommes qui vivent aujourd'hui il y en avait un seul! Nous étions dans un autre monde. En 10.000 ans, ce qui n'est pas grand-chose dans l'Histoire de la vie sur Terre mais ce qui n'est même pas énorme à l'échelle de l'Histoire de l'Humanité, nous avons multiplié notre nombre par 1000! (3)
Que faut-il faire?
Nous allons donner la parole à trois sommités dont les approches convergent vers le développement durable grâce aux nouvelles technologies. Dans son ouvrage «Une nouvelle conscience pour un monde en crise», Jeremy Rifkin propose une relecture fascinante de l'histoire de l'humanité dans une perspective sociale et altruiste. Avec un constat: jamais le monde n'a paru si totalement unifié (par les communications, le commerce, la culture) et aussi sauvagement déchiré (par la guerre, la crise financière, le réchauffement de la planète, la diffusion de pandémies) qu'aujourd'hui. Quels que soient nos efforts intellectuels face aux défis d'une mondialisation accélérée, nous ne sommes pas à la hauteur: l'espèce humaine semble incapable de concentrer vraiment ses ressources mentales collectives pour ´´penser globalement et agir localement´´. L'auteur montre que cette déconnexion entre notre vision pour la planète et notre aptitude à la concrétiser, s'explique par l'état actuel de la conscience humaine. Nos cerveaux, nos structures mentales, nous prédisposent à une façon de ressentir, de penser et d'agir dans le monde qui n'est plus adaptée aux nouveaux contextes que nous nous sommes créés. L'humanité, soutient Rifkin, se trouve à l'aube d'une étape cruciale. Tout indique que les anciennes formes de consciences religieuses ou rationnalistes, soumises à trop forte pression, deviennent dépassées et même dangereuses dans leurs efforts pour piloter un monde qui leur échappe de plus en plus. Jeremy Rifkin dévoile des fils conducteurs restés ignorés jusqu'ici. Ces ´´pages blanches´´ de l'histoire ainsi mises en lumière nous permettront d'élargir notre conscience afin de relever les défis des décennies à venir. (4)
Jeremy Rifkin, lit-on dans le journal en ligne «Rue 89» a cet art d'annoncer les catastrophes à coup de données précises et de sourires malicieux. Pour faire simple, sa thèse est la suivante: «Nous sommes, j'en suis convaincu, à la veille d'un tournant historique vers un climax de l'économie mondiale - son passage à un état autostabilisant - et vers un repositionnement fondamental de la vie humaine sur la planète. L'âge de la raison s'efface, place à l'âge de l'empathie.» «Un monde qui se mondialise est en train de créer un nouveau cosmopolitisme, dont les identités et les affiliations multiples couvrent toute la planète. Les cosmopolites sont l'avant-garde, si l'on veut, d'une conscience biosphérique naissante.» (5)
Spectateur placide de la volonté de puissance sans limite, il chuchote, presque amusé, que «l'on continue de sous-estimer la vitesse à laquelle on va disparaître, ça fait peur». Ainsi, le «peak oil», c'est-à-dire le moment où la production de pétrole atteint son maximum, s'est passé en 2006 selon l'Agence internationale de l'énergie, et non en 2035 comme annoncé par les géologues. Pendant 35 ans, dit-il, il a médité la phrase de Hegel: «L'histoire du monde n'est pas le lieu de la félicité.» Puis il s'est dit: «Il y a une autre histoire possible: quand de nouveaux régimes émergent, qu'une révolution de la communication se combine à une révolution de l'énergie, tout change et l'empathie apparaît. C'est arrivé quelques fois dans l'histoire, c'est le moment où s'ouvre un nouveau chapitre.» La «troisième révolution industrielle» consiste à ce que chacun devienne producteur d'énergie. Rifkin est persuadé que «l'immeuble de l'avenir sera une centrale électrique». (5)
Jeremy Rifkin explique dans son livre que «la transition des énergies élitistes (fossiles ou fondées sur l'uranium) aux énergies renouvelables distribuées» fait passer le monde de la «géopolitique» caractéristique du XXe siècle à la «politique de la biosphère» du XXIe. Si les politiques le décident, il sera bientôt possible de partager l'électricité en «pair à pair» «peer to peer» sur des réseaux intelligents, exactement comme la musique. Et grâce à l'hydrogène, on va pouvoir stocker l'énergie et remédier au principal défaut des renouvelables, leur intermittence. Quand chacun devient producteur de ce qu'on appelle la «production distribuée», des centaines de millions de personnes auront «de la puissance», ce qui engendrera d'énormes conséquences pour la vie sociale: «Revoir le modèle du marché et le modèle social pour les adapter à une troisième révolution industrielle distribuée et coopérative va être la tâche politique urgente du prochain demi-siècle, pendant la transition des Etats vers le nouveau rêve: la création d'une société de la qualité de vie dans un monde biosphérique.» Telle est, en substance, la thèse de l'économiste américain, qui affirme, après d'autres: «L'humanité est à un carrefour.» Si M.Rifkin aime le poids des formules - Il faut ´´mettre Adam Smith à la retraite´´ -, le passage du pouvoir hiérarchique au pouvoir latéral décentralisé et démythifié, va transformer notre rapport au monde,» dit-il. (6)
Pour Jospeh Stiglitz, prix Nobel d'économie, pendant une courte période, des millions de personnes pensaient à plus ou moins juste titre qu'elles pouvaient peut-être réaliser le ´´rêve américain´´. Maintenant ce rêve aussi s'efface. (...) Plus de sept millions de familles américaines ont perdu leur maison. Des personnes qui ont dû demander l'hospitalité à des parents ou amis sont devenues SDF. (...) Les principaux pays émergents qui ont réussi à échapper aux tempêtes de 2008 et 2009 pourraient avoir quelques difficultés pour faire face aux problèmes qui se dessinent à l'horizon. (...) Il faut compter aussi avec les problèmes à long terme tels que le réchauffement climatique, les autres menaces environnementales et l'accroissement des inégalités presque partout. (...) L'accroissement des investissements pour adapter l'économie au réchauffement climatique stimulerait la croissance et la création d'emplois. (...) Aussi le rééquilibrage économique mondial va-t-il très probablement s'accélérer, entraînant des tensions politiques. (...) Le développement durable signifie parvenir à une croissance économique qui est largement partagée et qui protège les ressources vitales du globe. Notre économie mondiale actuelle, cependant, n'est pas durable, avec plus d'un milliard de personnes laissées par le progrès économique et l'environnement terrestre ayant subi des dommages terribles à l'activité humaine. (7)(8)
Jeffrey Sachs va plus loin et détaille la façon dont il voit le développement durable qui nécessite, d'après lui, la mobilisation de nouvelles technologies qui sont guidées par des valeurs sociales communes... Il rappelle la déclaration du Secrétaire général Ban Ki-moon. «Le développement durable doit être au sommet de l'agenda mondial». Le gaspillage rapide fait que nous rentrons dans ce que les scientifiques appellent la nouvelle période: l'anthropocène - dans lequel les êtres humains sont devenus les principales causes des changements physiques et biologiques de la Terre. Le Global Sustainability dépendant des Nations unies a publié un nouveau rapport qui décrit un cadre pour le développement durable. Il note à juste titre que le développement durable repose sur trois piliers: mettre fin à l'extrême pauvreté, assurer que la prospérité est partagée par tous, y compris les femmes, les jeunes et les minorités et en protégeant l'environnement naturel. Comment sauver la planète plutôt que de la détruire? Il faut aller vers les sources d'énergie faibles en carbone. Ces améliorations décisives sont certainement possibles. On pourrait donc réaliser des réductions énormes dans les émissions de CO2 en optant pour des véhicules alimentés des moteurs électriques. Nous pourrons aussi être en mesure d'utiliser la technologie d'information de pointe afin de les rendre intelligents grâce à l'informatique. (9)
Il y a donc pour Jeremy Rifkins, Joseph Stiglitz, Jeffrey Sachs moyen d'être optimiste si les humains partagent, si les connaissances et les avancées sont à la disposition de chacun. Les avantages de l'information et des communications peuvent être trouvés dans tous les domaines de l'activité humaine: Les livres électroniques sont diffusés directement sur les appareils portatifs, sans avoir besoin de librairies. Cependant, la technologie ne suffit pas. Une volonté politique planétaire du partage est indispensable. Nous devons comprendre que nous avons un destin commun, et d'opter pour le développement durable comme un engagement commun pour la dignité humaine
1. Jeremy Rifkin: «Le nucléaire est mort» 6.06.2011
2. Nucléaire: Eva Joly estime que le ´´mythe d'une énergie pas chère´´ s'effondre. LeMonde.fr 31 01 2012
3. http://sos-crise.over-blog.com/article-sommes-nous-trop-nombreux-sur-terre-97973106.html
4. Une nouvelle conscience pour un monde en crise 27-04-2011
5. Jeremy Rifkin: Interview Sophie Verney-Caillat| Rue89 | 06/05/2011
6. «La troisième révolution industrielle» de Jeremy Rifkin Le Monde 23.01.2012
7. http://lecercle.lesechos.fr/economistes-project-syndicate/joseph-e-stiglitz/221142217/2012-annee-perils
8 Gabriel Gresillon http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu /0201846370526-stiglitz-exhorte-les-europeens-a-repenser-leur-gestion-de-la-crise-276137.php 17/01/2012
9. Jeffrey D. Sachs L'humanité durable lecercle.lesechos.fr 31/01/2012
Professeur Chems Eddine Chitour
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