Au moment où on parle de censure dans le cinéma algérien, Sébastien Denis, l'un des chercheurs du Cnrs français, a révélé jeudi dernier lors d'une conférence sur les médias et la Guerre d'Algérie au Forum des images, que 6 à 7 films ont été censurés par les politiques français entre 1960 et 1970. Sébastien Denis auteur d'un essai intéressant Le Cinéma et la Guerre d'Algérie, la propagande à l'écran (1945-1962) a affirmé que l'un des plans des responsables français durant la Guerre d'Algérie était justement la lutte par l'image. Et cette lutte par l'image passait à l'ONU contre le Gpra. Plus de 150 à 300 images civiles étaient visibles entre 1945 et 1962 et constituaient la propagande civile sur l'Algérie. Le cinéma faisait justement partie de l'outil de propagande des Français en Algérie. La représentation des pieds-noirs a été par exemple instrumentalisée dans le film Les Oliviers de la justice et cela pour donner une image positive des Français de la justice. Il cite également le plus important reportage de propagande le Kepi bleu, qui dans ce cadre, l'action des ´´képis bleus´´, en contact permanent avec la population, renforce le lien entre les Algériens et l'Etat. Le reportage est réalisé par: SCA: Service Cinématographique des Armées, l'un des plus importants de propagande durant la Guerre d'Algérie. Sébastien Denis affirmera à ce propos que les grands absents des images de la propagande française sont les algériens. Il ajoute que pour ce faire, les Autorités françaises vont instrumentaliser les Berbères parce qu'ils seraient contre les Arabes et cite même les cas médiatique et littéraire d'Albert Camus saint Augustin.
Lors du Plan de Constantine initié par De Gaulle, on avait contribué à instrumentaliser cette Algérie dans les années 1960 avec des reportages en arabe et en berbère. 6 ou 7 projets de film sur le thème de la Guerre d'Algérie ayant demandé des moyens militaires colossaux, ont été déposés au niveau du ministère français de la Défense demandant de l'argent et de l'aide logistique, n'ont pas été acceptés. Il précise surtout que ce ne sont pas les militaires qui ont censuré ces projets mais bien les politiques de l'époque. Et, pourtant c'est la vie des militaires qui était la plus représentée dans les films sur la Guerre d'Algérie. Par ailleurs, il note surtout que les films qui montrent les hommes de l'ALN ne sont pas vus en France et ceux des militaires français ne sont pas vus en Algérie. Sébastien Denis précisera au passage que ce fut l'échec d'une propagande à travers les faiblesses du SCA qui n'a pas pu adapter le discours aux cinq catégories de public concernées par les rapports France-Algérie entre 1945 et 1962: les métropolitains, les Européens d'Algérie, les musulmans d'Algérie, les musulmans de France et les militaires. L'échec d'un média, le cinéma, qui, trop lourd et trop cher, ne sut pas répondre aux exigences nouvelles d'une stratégie de «public relations» élaborée aux États-Unis et que la France découvrit durant le conflit algérien.
Amira SOLTANE
http://www.lexpressiondz.com/culture/lecran_libre/147738-6-a-7-films-sur-la-guerre-d-algerie-ont-ete-censures-par-la-france.html
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