L’explosion dans le métro de Minsk à l’heure de pointe sur le quai de la station Oktiabrskaïa est plus qu’un événement majeur pour la Biélorussie. L’attentat (la police a annoncé que toute autre version des faits était pratiquement exclue) a fait 12 morts et plus de 100 blessés.
C’est un événement terrible et tragique. Premièrement, en raison du nombre de morts et de blessés, deuxièmement, car rien de tel, excepté durant la Seconde guerre mondiale, ne s’était encore jamais produit dans la capitale biélorusse. Dans la nuit du 4 juin 2008, un dispositif artisanal dans un emballage de deux litres de jus de fruit avait explosé pendant un concert près de la stèle "Minsk, ville-héros." 47 personnes ont été hospitalisées, mais, heureusement, aucune victime n’avait alors été à déplorer. Veillant à protéger l’image de "parcelle de l’Union soviétique" épargnée par les attentats, à l’époque une information avait été ouverte pour vandalisme.
Cette fois il s’agit d’un crime important avec visant certainement un puissant effet politique. Le président Alexandre Loukachenko s’est rendu le soir même sur le lieu de l’attentat et y a déposé des fleurs. Désormais, on peut s’attendre à d’importantes descentes de police, perquisitions et enquêtes. Car même après l'explosion bien moins importante du 4 juin 2008, des empreintes digitales ont été relevées sur 1,3 million de Biélorusses (dans un pays de 10 millions d’habitants!). "L’enquête sera très poussée. Je ne peux pas admettre la terreur dans le pays!", a martelé Loukachenko pendant plusieurs mois ayant suivi l’attentat de 2008.
Les autorités sont actuellement très tentées par l’idée de renforcer la pression sur l’opposition "légale", en la faisant passer pour le premier suspect du terrible attentat. Si cela se produisait, cela serait néfaste pour la Biélorussie, pour la Russie et pour le reste de l’Europe. L’opposition biélorusse légale a beaucoup de défauts, mais il est difficile de l’accuser de recourir à la violence, et encore moins à la terreur. Le corps de l’opposition reconnue officiellement en Biélorussie est constitué de gens qui, comme Loukachenko, ont commencé leurs carrières politiques pendant la perestroïka marquant le déclin du pouvoir soviétique. Ce genre de personnes est plutôt enclin au populisme, aux actions de propagande et brillerait plutôt par son incompétence, mais ce cercle ne s’abaisse pratiquement jamais à pratiquer la terreur.
Au cours de l’enquête sur l’attentat de 2008, des milliers de personnes ont été suspectées. L’une des principales versions concernait un habitant de la ville de Molodetchno qui avait tenté de faire un pétard artisanal et avait perdu trois doigts en mélangeant les explosifs dans une seringue. Les investigations étaient menée à grande échelle, mais en fin de compte le suspect était celui qu’il paraissait être: un jeune imbécile pyromane de 23 ans, faisant partie de ceux qui empêchent les gens de dormir pendant la nuit du Nouvel an.
Désormais, la suspicion occupe un espace nettement plus large. Certains participants à la manifestation du 19 décembre 2010 sont encore en prison. D’autres attendent leur jugement. Alexandre Loukachenko ne cesse de parler de complots, d’intrigues et de machinations contre la paix en Biélorussie. Ainsi, cette fois les enquêteurs et la police peuvent se défouler.
Une chose est claire: les racontars de Loukachenko décrivant la Biélorussie comme un îlot de la paix dans l’océan criminel postsoviétique tumultueux étaient un mensonge. Bien sûr, on pourrait continuer à tout mettre sur le dos de la Russie ou, si elle refusait d'assumer les accusations, se retourner contre l’Occident. Mais la Russie en la personne du président Dmitri Medvedev a montré l’année dernière qu’elle pourrait se lasser d’une telle attitude. Quant à l’Occident, il vient d’être déçu par Loukachenko et ne voudra pas relancer le dialogue avec lui pendant encore quelques années. Or, l’opposition, et tout simplement les personnes sensées peuvent avoir leurs propres griefs contre Loukachenko.
Grâce aux récentes arrestations, aux enquêtes criminelles et aux mesures d’intimidation, Loukachenko à réussi à évincer l’opposition légale de la scène politique, selon le politologue biélorusse Valeri Karbalevitch. Et l’expérience totalitaire soviétique montre que s’il est impossible de remplir légalement un créneau quelconque sur le marché, on le remplit illégalement. Ainsi, l’opposition illégale a peut-être tenté de le remplir, par tous les moyens.
A l’époque soviétique les gens se tiraient dessus pour des motifs considérés aujourd'hui comme futiles: fournitures illégales de vodka et de caviar, distribution des denrées déficitaires et même des billets de théâtre pour des spectacles uniques ou des livres rares. Et dans la Biélorussie contemporaine il existe une autre forme de pénurie, à savoir que la population est pratiquement dépossédée de la faculté d'exercer une quelconque influence sur le pourvoir, certaines personnes pourraient donc être tentées de s'arroger cette influence à tout prix. L’Etat doit isoler de telles personnes, mais il faut le faire en coopérant avec l’opposition légale, et non pas contre elle. Bien que de telles choses puissent paraître trop subtiles pour Loukachenko. Il est plus facile de trouver un autre idiot de 23 ans avec un pétard artisanal et des "liens" avec un ancien candidat à la présidence.
L’opinion de l’auteur de correspond pas forcément à celle de la rédaction.
C’est un événement terrible et tragique. Premièrement, en raison du nombre de morts et de blessés, deuxièmement, car rien de tel, excepté durant la Seconde guerre mondiale, ne s’était encore jamais produit dans la capitale biélorusse. Dans la nuit du 4 juin 2008, un dispositif artisanal dans un emballage de deux litres de jus de fruit avait explosé pendant un concert près de la stèle "Minsk, ville-héros." 47 personnes ont été hospitalisées, mais, heureusement, aucune victime n’avait alors été à déplorer. Veillant à protéger l’image de "parcelle de l’Union soviétique" épargnée par les attentats, à l’époque une information avait été ouverte pour vandalisme.
Cette fois il s’agit d’un crime important avec visant certainement un puissant effet politique. Le président Alexandre Loukachenko s’est rendu le soir même sur le lieu de l’attentat et y a déposé des fleurs. Désormais, on peut s’attendre à d’importantes descentes de police, perquisitions et enquêtes. Car même après l'explosion bien moins importante du 4 juin 2008, des empreintes digitales ont été relevées sur 1,3 million de Biélorusses (dans un pays de 10 millions d’habitants!). "L’enquête sera très poussée. Je ne peux pas admettre la terreur dans le pays!", a martelé Loukachenko pendant plusieurs mois ayant suivi l’attentat de 2008.
Les autorités sont actuellement très tentées par l’idée de renforcer la pression sur l’opposition "légale", en la faisant passer pour le premier suspect du terrible attentat. Si cela se produisait, cela serait néfaste pour la Biélorussie, pour la Russie et pour le reste de l’Europe. L’opposition biélorusse légale a beaucoup de défauts, mais il est difficile de l’accuser de recourir à la violence, et encore moins à la terreur. Le corps de l’opposition reconnue officiellement en Biélorussie est constitué de gens qui, comme Loukachenko, ont commencé leurs carrières politiques pendant la perestroïka marquant le déclin du pouvoir soviétique. Ce genre de personnes est plutôt enclin au populisme, aux actions de propagande et brillerait plutôt par son incompétence, mais ce cercle ne s’abaisse pratiquement jamais à pratiquer la terreur.
Au cours de l’enquête sur l’attentat de 2008, des milliers de personnes ont été suspectées. L’une des principales versions concernait un habitant de la ville de Molodetchno qui avait tenté de faire un pétard artisanal et avait perdu trois doigts en mélangeant les explosifs dans une seringue. Les investigations étaient menée à grande échelle, mais en fin de compte le suspect était celui qu’il paraissait être: un jeune imbécile pyromane de 23 ans, faisant partie de ceux qui empêchent les gens de dormir pendant la nuit du Nouvel an.
Désormais, la suspicion occupe un espace nettement plus large. Certains participants à la manifestation du 19 décembre 2010 sont encore en prison. D’autres attendent leur jugement. Alexandre Loukachenko ne cesse de parler de complots, d’intrigues et de machinations contre la paix en Biélorussie. Ainsi, cette fois les enquêteurs et la police peuvent se défouler.
Une chose est claire: les racontars de Loukachenko décrivant la Biélorussie comme un îlot de la paix dans l’océan criminel postsoviétique tumultueux étaient un mensonge. Bien sûr, on pourrait continuer à tout mettre sur le dos de la Russie ou, si elle refusait d'assumer les accusations, se retourner contre l’Occident. Mais la Russie en la personne du président Dmitri Medvedev a montré l’année dernière qu’elle pourrait se lasser d’une telle attitude. Quant à l’Occident, il vient d’être déçu par Loukachenko et ne voudra pas relancer le dialogue avec lui pendant encore quelques années. Or, l’opposition, et tout simplement les personnes sensées peuvent avoir leurs propres griefs contre Loukachenko.
Grâce aux récentes arrestations, aux enquêtes criminelles et aux mesures d’intimidation, Loukachenko à réussi à évincer l’opposition légale de la scène politique, selon le politologue biélorusse Valeri Karbalevitch. Et l’expérience totalitaire soviétique montre que s’il est impossible de remplir légalement un créneau quelconque sur le marché, on le remplit illégalement. Ainsi, l’opposition illégale a peut-être tenté de le remplir, par tous les moyens.
A l’époque soviétique les gens se tiraient dessus pour des motifs considérés aujourd'hui comme futiles: fournitures illégales de vodka et de caviar, distribution des denrées déficitaires et même des billets de théâtre pour des spectacles uniques ou des livres rares. Et dans la Biélorussie contemporaine il existe une autre forme de pénurie, à savoir que la population est pratiquement dépossédée de la faculté d'exercer une quelconque influence sur le pourvoir, certaines personnes pourraient donc être tentées de s'arroger cette influence à tout prix. L’Etat doit isoler de telles personnes, mais il faut le faire en coopérant avec l’opposition légale, et non pas contre elle. Bien que de telles choses puissent paraître trop subtiles pour Loukachenko. Il est plus facile de trouver un autre idiot de 23 ans avec un pétard artisanal et des "liens" avec un ancien candidat à la présidence.
L’opinion de l’auteur de correspond pas forcément à celle de la rédaction.
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