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Réunion de l’OTAN sur la Libye: un camouflet infligé à Sarkozy et à Cameron

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Réunion de l’OTAN sur la Libye: un camouflet infligé à Sarkozy et à Cameron
Tout ce qui se produit actuellement en Libye et autour d’elle suscite d’étranges pensées. Par très humanistes, voire très réactionnaires. Selon la pensée principale, tout cela ne se serait pas produit, ou se serait déroulé rapidement et donc avec moins de dégâts, s’il y avait eu plus "d’adultes." Il est difficile de s’imaginer qu’après avoir commencé, qui plus est par les bombardements effectués par l’Occident puis par l’OTAN, la "révolution libyenne" se fût arrêtée pratiquement là où elle a débuté à l’époque de Margaret Thatcher. Ou qu’elle ait simplement pu avoir lieu, de surcroît avec des bombardements, à l’époque du général de Gaulle. Ou que ces deux choses aient pu arriver à l’époque de Ronald Reagan, de Mao, de Khrouchtchev, de l’Egyptien Nasser…
Les pièces sur l’échiquier mondial sont parfois disposées d’une manière très bizarre. Les rois et les reines disparaissent quelque part, et on se retrouve avec des pions. Ce sont des pensées désagréables, mais il est difficile de leur échapper car…
…car toute la seconde moitié de cette semaine est une sorte de dernier "brainstorming" entre l’OTAN et la "coalition libyenne." Les questions sont plus graves les unes que les autres: que faire avec Kadhafi, comment "requinquer" l’Alliance, créer une opposition libyenne, la former, l'armer, la financer? Il s’est avéré qu’au début personne ne semblait y avoir pensé. Et comment obliger les Etats-Unis à quitter le siège arrière de "l’opération humanitaire" pour se remettre au volant? Ou au moins occuper la place du moniteur?
Il reste très peu de temps à jusqu’au 19 avril, qui marquera le mois anniversaire du début de la "répression humanitaire" de Mouammar Kadhafi et de son régime. Mais personne ne connaît la marche à suivre. Et Kadhafi reste en place. D’autant plus que ses positions se renforcent de jour en jour. Et à moins de commettre une erreur fatale (détruire une ville en faisant des centaines de morts), ce qui ne devrait pas être le cas, il restera à Tripoli. Et les lents "bombardements humanitaires" se poursuivront.
Depuis le mercredi 13 avril, l’Alliance est constamment en conférence ou en consultation. Au début, à Qatar s’est tenue une réunion du "groupe de contact" sur la Libye, né en mars lors de la conférence sur la Libye à Londres. Washington n’a même pas pris la peine d’envoyer la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton à la réunion ministérielle, ce qui montre à quel point elle était "importante." L’un de ses adjoints la remplaçait et il est reparti sans prendre la peine de rencontrer les journalistes.
Au Caire, la 14 avril, la Ligue des Etats arabes, l’Union africaine et la Haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères Catherine Ashton se sont entretenues avec le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. La veille, les "rebelles" ont rejeté le "plan africain de règlement du conflit", qui ne prévoyait pas d'évincer Kadhafi du pouvoir. C’était donc également une perte de temps inutile.
Le mercredi 13 avril, avant la réunion du Conseil de l’OTAN au niveau des ministres des Affaires étrangères à Berlin, le premier ministre britannique David Cameron s’est rendu d’urgence à Paris pour rencontrer le président français Nicolas Sarkozy. Et les 14 et 15 avril, l’OTAN devrait décider à Berlin ce qu’il faut faire avec la Libye, Kadhafi et les "rebelles errants" de ville en ville. Faut-il les armer, les financer, les former, et est-ce que cela va à l’encontre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la Libye?
Il faut dire tout de suite que cela va à l’encontre des résolutions. Bien qu’il existe des avis différents à ce sujet. Paris, Londres et le Qatar sont clairement en faveur de l’approvisionnement en armes, du financement des troupes rebelles, de la vente du pétrole libyen (le Qatar s’en occupe déjà), de l’utilisation des fonds bloqués du régime libyen pour financer les attaques contre Kadhafi.
Même l’Allemagne doute qu’il soit possible d’interpréter aussi librement la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Et même le Secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen n’en est pas convaincu.

L’OTAN sans pivot n’est plus l’OTAN

Mais Sarkozy et Cameron insistent. Bien que l’approche du premier ministre britannique soit plus habile par rapport à la rigidité de Sarkozy. Londres estime qu’il est possible de fournir des armes, mais seulement pour la "protection de la population civile", et pas directement mais via les alliés arabes (le Qatar). On voit tout de même la génétique coloniale très riche de la mentalité britannique.
Lors de la réunion de l’OTAN, Paris et Londres espèrent convaincre les alliés de "bombarder plus", car le "moins" n’est d’aucune aide. Et de faire revenir les Etats-Unis au premier plan. Bien que les Américains aient déjà fait comprendre que c’était impossible. En fait, les Américains ne se sont pas retirés définitivement de la partie militaire de l’opération. Le Pentagone a reconnu le 13 avril que les avions de neutralisation électronique américains accomplissent des missions en Libye et ont effectué plusieurs bombardements. Mais c’est très loin des 70% de tous les bombardements de l’OTAN accomplis par les Etats-Unis avant le transfert de la coordination totale des opérations à l’OTAN. Obama a déjà tellement investi (militairement et politiquement) en Afghanistan et en Irak, qu’il ne peut plus se le permettre en Libye. Et il existe peu de chances de le convaincre de revenir en arrière.
Ainsi, Sarkozy et Cameron doivent actuellement éprouver un terrible sentiment de solitude et d’humiliation. Cela arrive généralement aux enfants auxquels on dit qu'ils se mêlent de ce qui ne les concerne pas et qu’ils vont le regretter, et en fin de compte cela se termine précisément de cette manière. Ce qui est fait est fait et il est impossible de le corriger. Et la "classe" (l’OTAN) presque toute entière tourne le dos à Cameron et à Sarkozy. Alors que le président français était le promoteur le plus ardent des bombardements contre Kadhafi.
Et il ne s’agit pas du fait que la Grande-Bretagne et la France n’ont pas suffisamment d’avions, de missiles, de navires ou d’autre matériel militaire, de pilotes, d’expérience des opérations militaires, etc. Le fait est que lorsque les Etats-Unis décident subitement de passer sur le "siège arrière" de l’OTAN, il s’avère que le pivot de toutes les coalitions et de leur efficacité disparaît avec eux.
C’est comme si les adultes décidaient d’assoir au volant des enfants sur une route dangereuse et d’inviter des amis à faire une balade. Qui prendrait le risque?

Le BRICS aurait évité l'intervention
Hormis les informations déplaisantes dans les arènes internationales lointaines, on assiste à des événements notables, dans le contexte desquels tout ce qui se produit autour de la Libye paraît de plus en plus "incongru."
Sur l’île chinoise de Hainan, les dirigeants du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud semblent avoir officialisé leurs nouvelles relations au sein de l’alliance BRICS.
Comme l’a annoncé le président russe Dmitri Medvedev, le problème de la Libye doit être réglé seulement par des méthodes politiques et diplomatiques.
Tous les pays du BRICS font partie du Conseil de sécurité des Nations Unies, et la Russie et la Chine, qui sont membres permanents, y ont le droit de veto. A Hainan les cinq pays ont annoncé dans une déclaration spéciale qu’ils se prononçaient en faveur de la "nécessité d’une réforme globale de l’ONU, y compris du Conseil de sécurité." Lors du sommet, la Russie et la Chine ont confirmé "l’importance qu’elles [accordaient] au statut de l’Inde, du Brésil et de l’Afrique du Sud dans les affaires internationales" et qu’elles "[comprenaient] et [soutenaient] leur aspiration à jouer un rôle plus important au sein de l’ONU." L’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud sont proposés à titre de membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU. On parle depuis longtemps de l’extension du nombre des membres permanents à 10-15 pays.
Une "deuxième Libye" serait peu concevable avec de tels alliés de la Russie au sein de l’ONU.


L’opinion de l’auteur de coïncide pas forcément avec la position de la rédaction


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