Après l’arrestation de son patron, le FMI risque désormais de se retrouver sans gouvernail,
alors que des négociations délicates sur un ensemble de prêts pour la Grèce doivent débuter.
Par Larry Elliott
The Guardian, 16 mai 2011
article original : "Dominique Strauss-Kahn: who could succeed him?"
Avec l’économie mondiale qui est toujours fragile après la pire récession depuis les années 30 et l’Europe qui reste engluée dans une crise de l’endettement, les accusations contre Dominique Strauss-Kahn ne pouvaient arriver à un pire moment pour le Fonds Monétaire International.
Cette organisation qu’il dirige risque de se retrouver désormais sans gouvernail alors que des négociations délicates ont lieu sur les conditions d’un nouvel ensemble de prêts à la Grèce et alors que le FMI recherche un accord politique pour prévenir un retour dans la récession.
Si Strauss-Kahn est déclaré coupable, il y aura une lutte acharnée pour combler ce vide, avec le monde en développement qui insiste sur le fait que le temps est venu de mettre un terme au partage euro-américain des postes les plus importants au FMI et à son organisation sœur, la Banque Mondiale.
Traditionnellement, Washington nomme le président de la banque [mondiale], tandis que les Européens décident qui doit diriger le FMI. Strauss-Kahn est le quatrième français à tenir ce rôle depuis que cette organisation a été créée en 1944, lors de la conférence de Bretton Woods.
Si le prêteur mondial en dernier recours est obligé de se trouver un nouveau patron, le choix sera crucial. Il y a plein d’éminents économistes dans les pays en développement qui ont l’expérience de la direction d’une banque centrale ou de ministères des finances, la plupart d’entre eux avec un doctorat des meilleures universités américaines.
Mais il est possible que les Européens et les Américains – qui dominent la prise de décision au FMI – insistent sur un choix sûr et orthodoxe s’ils en viennent à mettre un terme à leur « gentleman's agreement » qui remonte à plus de 75 ans.
Les Allemands, par exemple, préfèreraient probablement l’un des nombreux économistes des pays en développement diplômés de l’Université de Chicago et auquel on peut faire confiance pour prendre fait et cause pour les équilibres budgétaires. Les Républicains de « Capitol Hill » devraient rechercher un candidat qui croit dans le libre échange et les petits Etats.
Par conséquent, tandis que Strauss-Kahn a impulsé au FMI une direction plus progressiste, il n’y a aucune garantie que cette approche se poursuive avec un nouveau patron. Lorsque [DSK] est arrivé [au FMI] en automne 2007, le fonds souffrait de trois gros problèmes : il épousait la philosophie idéologique libre-échangiste de la libéralisation financière, qui a provoqué l’implosion du système bancaire ; il souffrait d’un leadership faible ; et, il manquait d’argent.
Strauss-Kahn admettait que l’échec du FMI à voir venir la crise dans la période qui a précédé son arrivée avait été causé par une « pensée unique de groupe ». Il avait mis en évidence la nécessité de se concentrer sur le chômage et il était d’accord sur le fait que les pays qui rencontraient une pression spéculative puissent légitimement se servir du contrôle des capitaux pour se défendre.
Les coffres du FMI avaient également été renfloués, en partie grâce au financement organisé par Gordon Brown, lors du sommet de Londres du G20 en avril 2009 et en partie par la vente des réserves d’or du FMI.
Le rajeunissement du FMI par Strauss-Kahn a quand même été partiel et il y a encore beaucoup à faire. Les changements de règles impliquent que le prochain directeur général devrait être choisi lors d’un processus ouvert et transparent.
Toutefois, cette même règle était en vigueur lorsque Strauss-Kahn a été nommé. Si un candidat européen éminent, disposant des bonnes compétences, était mis en avant, il ou elle aurait toujours de bonnes chances d’obtenir ce poste, étant donné la structure du vote au conseil d’administration du FMI.
En théorie, [Gordon] Brown serait le choix européen évident pour poursuivre le travail de Strauss-Kahn. Il a présidé la commission politique clé du FMI pendant près de 10 ans, alors qu’il était chancelier [de l’échiquier] et il estime que le fonds devrait intervenir activement pour s’attaquer à la pauvreté et rendre l’économie mondiale moins instable.
Cependant, pour obtenir ce poste, Brown aurait besoin du soutien de David Cameron, ce que ce dernier lui a publiquement refusé.
Traduit de l'anglais par JFG-QuestionsCritiques
Cette organisation qu’il dirige risque de se retrouver désormais sans gouvernail alors que des négociations délicates ont lieu sur les conditions d’un nouvel ensemble de prêts à la Grèce et alors que le FMI recherche un accord politique pour prévenir un retour dans la récession.
Si Strauss-Kahn est déclaré coupable, il y aura une lutte acharnée pour combler ce vide, avec le monde en développement qui insiste sur le fait que le temps est venu de mettre un terme au partage euro-américain des postes les plus importants au FMI et à son organisation sœur, la Banque Mondiale.
Traditionnellement, Washington nomme le président de la banque [mondiale], tandis que les Européens décident qui doit diriger le FMI. Strauss-Kahn est le quatrième français à tenir ce rôle depuis que cette organisation a été créée en 1944, lors de la conférence de Bretton Woods.
Si le prêteur mondial en dernier recours est obligé de se trouver un nouveau patron, le choix sera crucial. Il y a plein d’éminents économistes dans les pays en développement qui ont l’expérience de la direction d’une banque centrale ou de ministères des finances, la plupart d’entre eux avec un doctorat des meilleures universités américaines.
Mais il est possible que les Européens et les Américains – qui dominent la prise de décision au FMI – insistent sur un choix sûr et orthodoxe s’ils en viennent à mettre un terme à leur « gentleman's agreement » qui remonte à plus de 75 ans.
Les Allemands, par exemple, préfèreraient probablement l’un des nombreux économistes des pays en développement diplômés de l’Université de Chicago et auquel on peut faire confiance pour prendre fait et cause pour les équilibres budgétaires. Les Républicains de « Capitol Hill » devraient rechercher un candidat qui croit dans le libre échange et les petits Etats.
Par conséquent, tandis que Strauss-Kahn a impulsé au FMI une direction plus progressiste, il n’y a aucune garantie que cette approche se poursuive avec un nouveau patron. Lorsque [DSK] est arrivé [au FMI] en automne 2007, le fonds souffrait de trois gros problèmes : il épousait la philosophie idéologique libre-échangiste de la libéralisation financière, qui a provoqué l’implosion du système bancaire ; il souffrait d’un leadership faible ; et, il manquait d’argent.
Strauss-Kahn admettait que l’échec du FMI à voir venir la crise dans la période qui a précédé son arrivée avait été causé par une « pensée unique de groupe ». Il avait mis en évidence la nécessité de se concentrer sur le chômage et il était d’accord sur le fait que les pays qui rencontraient une pression spéculative puissent légitimement se servir du contrôle des capitaux pour se défendre.
Les coffres du FMI avaient également été renfloués, en partie grâce au financement organisé par Gordon Brown, lors du sommet de Londres du G20 en avril 2009 et en partie par la vente des réserves d’or du FMI.
Le rajeunissement du FMI par Strauss-Kahn a quand même été partiel et il y a encore beaucoup à faire. Les changements de règles impliquent que le prochain directeur général devrait être choisi lors d’un processus ouvert et transparent.
Toutefois, cette même règle était en vigueur lorsque Strauss-Kahn a été nommé. Si un candidat européen éminent, disposant des bonnes compétences, était mis en avant, il ou elle aurait toujours de bonnes chances d’obtenir ce poste, étant donné la structure du vote au conseil d’administration du FMI.
En théorie, [Gordon] Brown serait le choix européen évident pour poursuivre le travail de Strauss-Kahn. Il a présidé la commission politique clé du FMI pendant près de 10 ans, alors qu’il était chancelier [de l’échiquier] et il estime que le fonds devrait intervenir activement pour s’attaquer à la pauvreté et rendre l’économie mondiale moins instable.
Cependant, pour obtenir ce poste, Brown aurait besoin du soutien de David Cameron, ce que ce dernier lui a publiquement refusé.
Traduit de l'anglais par JFG-QuestionsCritiques
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