Quantcast
Channel: alterinfonet.org Agence de presse associative
Viewing all articles
Browse latest Browse all 70521

DSK: innocent ou coupable, mais cuit

$
0
0
DSK: innocent ou coupable, mais cuit
Les accusations pour agression sexuelle, séquestration et tentative de viol porté contre le président du FMI aux USA mettent fin, de fait, et en attendant le jugement de droit, à ses ambitions présidentielles françaises. On peut s’en réjouir politiquement et s’en offusquer sur les principes, ou le contraire. Le fait est là.

C’est une évidence, même si  SDK plaide non coupable et même si il est, au bout d’une longue procédure (bien au-delà aux USA de l’échéance électorale française), reconnu innocent. De toute façon, la médiatisation à l’américaine de ce type de procès fera qu’il en sortira lessivé, même blanchi.
Les réactions de la classe politique française ont été, à chaud, le plus souvent prudentes, oscillant entre le respect absolu de la présomption d’innocence et l’hypothèse du piège odieux.  Cette dernière éventualité montre cependant que même les amis de DSK se disent que ce qu’on lui reproche est possible. Il est des arguments qui vous plombent.

Quiconque affirme que cela ne lui ressemble pas et en nie l’éventualité doit vivre dans une tour d’ivoire. Car une chose est certaine: le tout Paris politico-médiatique - nous en avions fait une allusion ici - considère que le point faible de DSK est son appétit de vivre, notamment sexuel, réputé insatiable. Alors, au fil des heures, on cherche ce qui est susceptible de démontrer un complot, avec une constance qui aurait été moindre si l’affaire avait concerné un Sarkozy, sans même parler d’un Le Pen. Il est évident que si complot il y a, DSK pourrait, si c’était avéré, entraîner les manipulateurs identifiés, dans sa  chute. Mais on n’en est pas là.

On peut tout imaginer. Mais les dégâts seront considérables pour Strauss-Kahn et sa famille, mais aussi pour la France qu’il représentait comme directeur général du FMI, avec l’appui de Nicolas Sarkozy. La «presse de caniveau» dénonce déjà, aux USA, le «pervers» qui affame les peuples et qui est un affamé de sexe.
La manière de vivre de DSK - belles voitures, résidences de prix, goût pour les femmes, a toujours été considéré comme son maillon faible. A tel point que certains avaient été surpris de sa nomination au FMI, dans un pays ou le harcèlement sexuel est un tabou absolu. Il avait été nommé cependant, hommage à sa réputation de compétence, malgré son autre réputation.

Une série de casseroles oubliées et d’aventures provocantes
 
Dans l'autobiographie «Le Roman vrai de DSK», qu'il vient de publier aux Editions du Moment, le journaliste, Michel Taubmann, rappelle que chaque fois qu'il a connu une phase très positive dans sa carrière, Dominique Strauss-Kahn a été rattrapé par des polémiques.  Ce fut le cas en 1999. 
Alors pièce maîtresse du gouvernement Jospin, dans lequel il règne sur le ministère des Finances, DSK est obligé de démissionner pour se défendre des accusations lancées contre lui dans l'affaire du financement de la MNEF.  Son nom apparaît aussi dans l'affaire Elf, où il est mis en examen, en janvier 2000, par le juge Eva Joly. Il est alors soupçonné d'avoir fait prendre en charge, par une filiale d’EDF, une partie des rémunérations de sa secrétaire, Evelyne Duval, employée par le Cercle de l'industrie que DSK a cofondé. Sans contrepartie réelle pour le groupe pétrolier français.
Après avoir lentement remonté la pente, DSK est nommé, en 2007, à la direction générale du FMI. Mais, en octobre 2008, éclate le scandale Piroska Nagy, du nom d'une économiste hongroise employée, du FMI, avec qui DSK reconnaît avoir eu une liaison. Le Français est alors soupçonné d'abus de pouvoir.
Après une enquête privée confiée au cabinet juridique Morgan Lewis & Bockius LLP, le conseil d'administration du Fonds monétaire international le blanchit, le 25 octobre, de toute accusation (harcèlement, favoritisme, abus de pouvoir). Au grand soulagement de toute la classe politique française.
DSK s’excuse « à l’américaine » et comme un Clinton, notamment auprès de sa femme qui passe l’éponge, avec une largesse d’esprit admirable pour les uns, suspecte pour les autres.

Dans une émission de Thierry Ardisson, diffusée en septembre 2007
, une jeune femme écrivain, Tristane Banon, raconte avoir été agressée, en 2002, lors d'un rendez-vous avec DSK pour une interview. Ce dernier lui aurait fait des avances de plus en plus pressantes; Tristane Banon explique avoir lutté pour s'échapper.  La jeune femme, fille d'une vice-présidente PS de la région Haute-Normandie, explique n'avoir pas ébruité l'incident à l'époque par peur de représailles de l'entourage de DSK.
Pointant l'absence de preuves matérielles, elle juge: "qu'est-ce qui aurait empêché 50% des gens de ne pas me croire?" 
Dans sa biographie de Strauss-Kahn, Michel Taubmann se montre très circonspect. "Elle aurait été plus en sécurité si elle avait porté plainte", écrit-il.  On sait par ailleurs, la jeune femme fantasque et très fragile.

On se souvient peut être aussi d’un article du «Canard Enchaîné», transformé en tract en pleine campagne électorale à Sarcelles. Dans cet article étaient épinglés des propos sexuellement racistes prêtés à une concurrente de DSK,  avocate et militante anti-raciste, dont la carrière télé a été semble-t-il brisée nette et rapporté quelques semaines plus tard par un journaliste y ayant assisté.

Cette dernière affirmait, d’après certains témoins (ce qu’elle a toujours démenti), n’avoir aucun goût sexuel pour les Noirs et les Arabes, et l’aurait fait de façon très crue… Mais elle répondait, alors, à des propos ironiques sur les appétits sexuels des politiciens en général et donc du danger pour l’autre partenaire du couple; l’appétit de DSK étant alors présenté comme le nec plus ultra de ce qui pouvait se faire dans le genre.


Victime d’un système qu’il était largement chargé de représenter
Le tout Paris politico-médiatique a toujours ironisé sur le côté «obsédé sexuel» de DSK, en souriant avec compréhension le plus souvent. Les complaisances intéressées de son épouse, par goût ou carriérisme, étaient également évoquées, sans jamais que personne n’apporte aucune preuve… Comme si ces allusions étaient un fait acquis et accepté, et peu de chose finalement par rapport aux qualités intellectuelles d’un homme talentueux, du même monde que ceux qui le brocardaient.
Méchanceté gratuite ou complaisance douteuse ? Chacun jugera.

C’est une réputation indiscutable qu’avait l’homme, peut être tombé du côté où il penchait, même s’il a été poussé au crime,  victime d’un piège pour futur président.

Il n’y a jamais de présomption d’innocence médiatique. Cette affaire pourrait faire réfléchir à un sujet très grave, au-delà du cas de DSK. Il va devoir apporter la preuve de son innocence et même, si il y arrive, même si il est innocent, le travail d’une vie sera réduit à néant.


La véritable présomption d’innocence devrait imposer à la presse de ne pas parler d’une affaire avant son jugement définitif. Dans notre monde médiatique, c’est impossible. Le devoir d’informer s’impose à tous les droits et sans retenue légale véritable. Il n’y a plus de séparation des pouvoirs, garante d’une démocratie équilibrée à la Montesquieu. Le vrai pouvoir est celui de l’information et des médias qui imprègnent tous les autres : exécutifs, législatifs et judicaires. DSK est victime d’un système qu’il était largement chargé de représenter. Il va pouvoir juger, par lui–même, de ses méfaits.

Alter Info l'Information Alternative

Viewing all articles
Browse latest Browse all 70521

Trending Articles