Le Premier ministre désigné au Liban Najib Mikati a annoncé lundi, après cinq mois de négociations ardues, un nouveau gouvernement de 30 ministres dominé par le puissant Hezbollah chiite et ses alliés.
"Nous avons surmonté les obstacles et nous allons nous mettre tout de suite au travail", a affirmé Najib Mikati à la presse à l'issue de l'annonce de la formation du gouvernement.
Le Hezbollah et ses alliés, notamment le chrétien Michel Aoun, se sont taillés la part du lion avec 19 portefeuilles, dont la Justice et la Défense, le reste (11) étant réparti entre les partisans du président de la République Michel Sleimane, de M. Mikati et du leader druze Walid Joumblatt, considérés comme "neutres".
Sur ces 19 postes, deux vont au Hezbollah, les 17 autres reviennent à ses alliés.
Le nouveau cabinet est boycotté par le camp de l'ex-Premier ministre Saad Hariri, désormais en minorité parlementaire et dans l'opposition.
"Que vous soyez au pouvoir ou dans l'opposition, c'est votre gouvernement à tous (...) ce gouvernement sera celui de tout le Liban et oeuvrera pour tous les Libanais", a affirmé M. Mikati, dans un message d'unité.
Le 12 janvier, le Hezbollah et ses alliés avaient retiré leurs ministres du gouvernement d'union de Saad Hariri, sur fond de tensions liées au tribunal de l'ONU en charge de l'enquête sur l'assassinat en février 2005 de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, père de Saad.
Le parti chiite, qui s'attend à être accusé par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) dans ce meurtre, a réclamé de M. Hariri, en vain, qu'il désavoue cette instance.
Le camp de Saad Hariri avait accusé le Hezbollah d'avoir mené un "coup d'Etat".
Bien qu'il ait été nommé grâce aux députés du camp du Hezbollah, M. Mikati a refusé dès le départ de se présenter comme "l'homme du Hezbollah", affichant son autonomie politique face aux pressions.
Il a refusé de donner au Hezbollah un engagement concernant le TSL.
Le tribunal sera l'un des principaux défis du gouvernement Mikati, alors que l'acte d'accusation est attendu cette année.
Le camp du Hezbollah dispose du portefeuille-clé de la Justice.
"Le respect du Liban de ses engagements régionaux et internationaux est l'une des constantes de la politique du gouvernement (...) il n'y aura pas de compromis au niveau de l'intérêt national", a assuré M. Mikati.
Le nouveau gouvernement ne comprend aucune femme, alors que dans le précédent cabinet, une femme détenait le sensible portefeuille des Finances.
Le nouveau ministre des Affaires étrangères Adnane Mansour, un ancien ambassadeur a été dans le passé en poste en Iran.
Les négociations ont buté sur des portefeuilles et se compliquaient au rythme des troubles en Syrie voisine, ancienne puissance de tutelle toujours influente au Liban, mais secouée depuis le 15 mars par une contestation anti-régime sans précédent.
Le président syrien Bachar al-Assad a félicité son homologue libanais immédiatement après l'annonce du gouvernement, selon un communiqué de la présidence libanaise.
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