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ENTRE UN NÉOLIBÉRALISME PRÉDATEUR ET L’ÉTHIQUE DES SPIRITUALITÉS : Pour une écologie humaine

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«Le monde des affaires devrait traiter le mouvement écologiste comme n’importe quelle autre croyance religieuse.» Pr John Kay Financial Times 9 janvier 2007
ENTRE UN NÉOLIBÉRALISME PRÉDATEUR ET L’ÉTHIQUE DES SPIRITUALITÉS : Pour une écologie humaine

Cette sentence sans appel nous vient d´un économiste connu et reconnu et condamne, a priori, l´écologie et donne à croire que même s´il existe un réchauffement climatique, il n´y a pas lieu de l´attribuer à l´homme, il n´y a donc pas de dette vis-à-vis de la nature. Rien ne doit s´opposer à la marche conquérante du néolibéralisme. Pourtant, la terre n´en peut plus et nous le fait savoir, notamment par ses colères climatiques dont on connaît les conséquences désastreuses, notamment pour les pays du Sud victimes de la gabegie des pays du Nord.

Qu´est-ce que l´écologie humaine?

Le terme «écologie» vient des mots grecs «oikos» (la maison) et «logos» (discours, science, connaissance). Il désigne la science qui étudie les conditions d´existence et les relations entre les organismes et leur milieu. L´écologie pose comme principe que chaque être vivant est en relation continuelle avec tout ce qui constitue son environnement. Dans ce cadre, elle étudie les flux d´énergie et de matières qui circulent dans un écosystème. L´écologie fait partie des sciences biologiques et brasse un grand nombre de disciplines (géologie, biochimie, géographie...) afin de décrire l´évolution des rapports entre les organismes et leur milieu, en fonction de l´évolution de l´environnement et de celle des populations animales et végétales. L´écologie se décline en de nombreuses sous-disciplines, parmi lesquelles: L´écologie industrielle, qui s´intéresse à l´évolution du système industriel dans son ensemble, en tant qu´écosystème. L´écologie urbaine, initiée, est un mouvement d´architecture et d´urbanisme. Elle applique à la ville des grilles d´analyse et des méthodes jusqu´alors réservées aux milieux naturels. La ville devient alors l´écosystème de l´homme. L´écologie de restauration, qui favorise le rétablissement des écosystèmes dégradés, endommagés ou détruits.(1)

Selon la définition de l´encyclopédie Wikipédia, L´écologie humaine est tributaire de la science qui a pour objet les relations des êtres vivants avec l´environnement. L´écologie humaine est la sphère de l´écologie associée à l´espèce homo sapiens, celle qui correspond à l´être humain. La définition d´Ernst Haeckel (1834-1919) s´applique à l´espèce humaine et définit l´écologie humaine comme étant la partie de l´écologie qui étudie l´espèce humaine, l´activité organisée, sociale et individuelle de cette espèce, sa culture et son environnement dans la biosphère. L´étude de l´écologie humaine a plusieurs objectifs scientifiques. L´écologie humaine c´est avant tout changer de modèle économique - faire que la seule valeur possible ne soit plus l´argent et la spéculation...(2)

L´impact de l´activité humaine sur les habitats et par conséquent, les répercussions de modification engendrée dans l´environnement biophysique aide à découvrir le rôle écologique de l´espèce humaine dans l´équilibre de l´écologie globale avec la biosphère. L´être humain perturbe son habitat et, plus récemment, les grands équilibres de la biosphère et de la biodiversité par le biais d´activités agricole, industrielle et la mise en place d´infrastructures énergétiques, urbaines et socio-culturelles. L´être humain est une des espèces dont l´activité en un point du globe peut avoir des conséquences importantes en un point complètement différent (par exemple, l´émission des gaz à effet de serre par les pays développés pourrait entraîner un réchauffement climatique qui pourrait aboutir à la disparition du Bangladesh entre autres).(2)

Enfin, les humains font partie de la diversité du vivant (la biodiversité), ils sont partie intégrante de la biosphère, qui est elle-même l´enveloppe globale de la vie terrestre. La biosphère, un écosystème complexe, est localisée dans des enveloppes terrestres. Les humains ont essentiellement occupé et colonisé la lithosphère, un environnement propice à leur développement. En ce sens, environ 50% de la population mondiale vit dans les zones de contact entre terre et océans. L´hydrosphère est exploitée par l´être humain essentiellement pour la pêche, la circulation maritime et les ressources énergétiques. L´atmosphère enfin, est une enveloppe essentielle à la vie humaine et à la vie des organismes, en ceci qu´elle constitue un milieu respiratoire.(2)

L´Ecologie Humaine, procède dans sa démarche d´analyse et de compréhension de la complexité du monde moderne dans lequel nous vivons d´une approche fondamentalement transdisciplinaire. Ainsi, comme l´indique son préfixe «trans», la transdisciplinarité est la posture scientifique et intellectuelle qui se situe à la fois entre, à travers et au-delà de toute discipline.
On trouve à des degrés divers des recommandations pour le respect de la nature dans les différentes spiritualités.

Cependant, depuis une vingtaine d´années, les appels sont plus récurrents. Les organisations non gouvernementales incitent les religions à se déterminer. «Ainsi on apprend qu´il y a dix ans déjà, fin 2000, le WWF et l´Alliance des religions et de la conservation (ARC) ont invité les religions à offrir 26 «Cadeaux sacrés pour une planète vivante» (protection d´espèces, de forêts, de rivières, etc.). Un an plus tard, le WWF-France réunit les représentants de huit traditions, pour réfléchir aux actions communes possibles, en utilisant, notamment les formidables réseaux d´éducation et d´information que sont les religions.»(3)

«Mgr Costes, délégué des évêques français, et Jean-Pierre Ribaut, de l´association «Gérance de la Création» (Pax-Christi), font valoir un bel actif: depuis l´Appel de Klingenthal, signé en 1995 par des délégués de toutes les spiritualités, les catholiques ont agi dans de nombreux colloques sur l´eau, les sols, la forêt, etc. S´ils ne peuvent adhérer à l´expression trop païenne de «cadeaux sacrés à la nature», ils sont prêts à partager leur important matériel pédagogique avec les spiritualités.»(3)

«Chargé de la formation des imams de la Grande-Mosquée de Paris, Abdelkrim Bekri cite les passages du Coran où il est dit que Dieu a créé la nature pour que l´homme puisse la cultiver. Mais l´homme est un irresponsable, qui ne cesse de créer le désordre, en saccageant la nature et en polluant l´eau, pourtant élément de purification majeur. Promesse est faite de proposer au recteur de la Grande-Mosquée de diffuser dans tout le pays des invitations à un comportement plus écologique.»(3)

«Le rabbin Haïm Korsia rappelle que les lois talmudiques ont un fondement profondément lié à la nature. Fête des bourgeons, nouvel an des arbres, fête des semailles ou des moissons, tout est là, il suffit de s´en servir. Quant aux «journées sans voiture» ou autre «jour de la terre», le judaïsme a inventé bien mieux: le shabbat, où, une fois par semaine, les pratiquants ne peuvent toucher aucune machine, aucun véhicule à moteur, source de CO2».(3)

«Lama Dordje, du monastère de Kundreul Ling et Jacques Brosse, moine zen, représentent le bouddhisme, qui considère le vivant comme un tout. Le 1er rappelle que le dalaï-lama a demandé à la Chine de faire du Tibet une réserve naturelle. Le 2e, ami des arbres, dénonce la violence biblique...qui ne l´empêche pas de communier le dimanche - et le rapproche du père Martin Neyt, de l´Alliance inter-monastères, pour qui les moines sont forcément écolos».(3)«Chaman du peuple Mirana, d´Amazonie colombienne, Jikiti Buinaima représente les peuples primordiaux. Seuls ces derniers, rappelle-t-il, peuvent occuper la place humaine dans les immenses forêts tropicales, qui sont vitales pour le fonctionnement de la biosphère. Il serait logique que soient restitués aux peuples de la forêt les grands territoires qu´ils occupaient jadis, et qu´y soit interdite toute activité nocive pour la nature. Les Occidentaux ne comprennent-ils que la violence?»(3)

Rappelons aussi, que l´Islam recommande «Irhamo man fi el ardh yarhamkoum man fi sama». «Bénissez ceux qui vivent sur Terre, vous serez bénis au ciel» Dans le même ordre, l´Islam, à travers les mosquées, contribue au développement durable: «Des mosquées qui se mettent au vert, l´initiative ne manque pas de sel à l´heure où l´écologie est devenue un sésame européen. Sur les pas de la mosquée écolo française de Villeneuve-d´Ascq (région lilloise), «Tawba», au chauffage géothermique, et la mosquée aux panneaux solaires à Buyukeceli, village turc, la petite ville allemande Norderstedt peaufine l´édification d´une mosquée avant-gardiste, flanquée d´une éolienne. La construction d´une éolienne au-dessus de deux minarets hauts de 20 mètres, permet de couvrir un tiers de la consommation de cette mosquée de 1300m²».(4)

L´écologie humaine et la détermination du pape

Nous lisons dans la Genèse: «Dieu les bénit en leur disant: croissez et multipliez. Remplissez la terre et soumettez-la; commandez aux poissons de la mer, aux oiseaux du ciel, et à tous les animaux qui se meuvent sur la terre. Or je vous accorde tout herbage portant graine sur toute la face de la terre, et tout arbre portant des fruits qui deviendront arbres par le développement du germe, ils deviendront votre nourriture». Sixième jour (Gn 9=2-3). La lecture brute de ce récit de la Création, est souvent interprétée comme un encouragement donné à la consommation des ressources naturelles, et par là même, in fine, à une surconsommation sans frein, jusqu´à épuisement éventuel de la nature. La Bible est ainsi considérée comme dénuée de tout souci écologique, voire comme un texte encourageant le mépris de l´écologie.

Changement total de vision de la nature de la part de l´Eglise: Benoît XVI a prononcé un discours remarquable réagissant à l´inhumanité des nucléaristes qui continuent, même après Fukushima, pour des raisons purement financières, à défendre cyniquement une technologie intrinsèquement non durable, dangereuse et incontrôlable par l´homme. Nous lisons: «Le premier semestre de cette année a été marqué par d´innombrables tragédies qui ont touché la nature, la technique et les peuples. L´ampleur de telles catastrophes nous interroge. C´est l´homme qui est premier, il est bon de le rappeler. L´homme, à qui Dieu a confié la bonne gestion de la nature, ne peut pas être dominé par la technique et devenir son sujet. L´écologie humaine est une nécessité impérative. Adopter en tout une manière de vivre respectueuse de l´environnement et soutenir la recherche et l´exploitation d´énergies propres qui sauvegardent le patrimoine de la création et sont sans danger pour l´homme, doivent être des priorités politiques et économiques. Dans ce sens, il s´avère nécessaire de revoir totalement notre approche de la nature. Elle n´est pas uniquement un espace exploitable ou ludique. Elle est le lieu natif de l´homme, sa «maison» en quelque sorte. Elle nous est essentielle. (...)» (5)

«Il convient aussi de s´interroger sur la juste place de la technique. Les prouesses dont elle est capable vont de pair avec des désastres sociaux et écologiques. En dilatant l´aspect relationnel du travail à la planète, la technique imprime à la mondialisation un rythme particulièrement accéléré. Or, le fondement du dynamisme du progrès revient à l´homme qui travaille, et non à la technique qui n´est qu´une création humaine. Miser tout sur elle ou croire qu´elle est l´agent exclusif du progrès, ou du bonheur, entraîne une chosification de l´homme qui aboutit à l´aveuglement et au malheur quand celui-ci lui attribue et lui délègue des pouvoirs qu´elle n´a pas. Il suffit de constater les «dégâts» du progrès et les dangers que fait courir à l´humanité une technique toute-puissante et finalement non maîtrisée. La technique qui domine l´homme, le prive de son humanité. L´orgueil qu´elle engendre a fait naître dans nos sociétés un économisme intraitable et un certain hédonisme qui détermine subjectivement et égoïstement les comportements». (5)

«L´affaiblissement du primat de l´humain entraîne un égarement existentiel et une perte du sens de la vie. Car la vision de l´homme et des choses, sans référence à la transcendance, déracine l´homme de la terre et, plus fondamentalement, en appauvrit l´identité même. Il est donc urgent d´arriver à conjuguer la technique avec une forte dimension éthique. Les gouvernants doivent promouvoir un humanisme respectueux de la dimension spirituelle et religieuse de l´homme. Car la dignité de la personne humaine ne varie pas avec la fluctuation des opinions. Bien plus, la tension naturelle vers le vrai et vers le bien est source d´un dynamisme qui engendre la volonté de collaborer pour réaliser le bien commun.» (5)

Le système capitaliste actuel fonctionne selon la règle des «3 S»: Surconsommer, même à crédit; Servir qu´une seule fois et jeter; S´enrichir coûte que coûte. Comment, alors, un système capitaliste, implanté par l´homme, qui carbure sur l´absolue surconsommation et surexploitation des richesses à outrance et les profits illimités, pourrait, du jour au lendemain, transgresser ses fondements et se plier aux règles environnementales qui sont, ce qu´on appelle, «les 3 R»: Réduire sa consommation (la plus importante des trois). Réutiliser le plus possible les produits dans leur forme initiale. Recycler les produits pour leurs matières premières. Les seules raisons qui nous motivent à adopter une attitude respectueuse de la nature et envers tout ce qui vit est la reconnaissance envers notre terre nourricière, la solidarité humaine et l´équité. L´écologie n´est ni une mode, ni un mouvement marginal. Il est impératif et urgent qu´elle soit placée au coeur de nos systèmes politiques et économiques.

Le modèle économique néolibéral ne peut nous emmener nulle part, car il repose sur une nécessité de croissance qui n´est plus soutenable par notre planète, faute de ressources. Notre empreinte écologique globale est à 1.3 planète, alors que nous n´avons qu´une planète! l´overtshoot print, «le jour du dépassement», pour l´année 2010 a eu lieu vers le 20 août! C´est-à-dire que nous avons consommé en moins de huit mois ce que la planète a mis généreusement à notre disposition pour une année! Il faudrait aujourd´hui les ressources de cinq à six planètes Terre si chaque humain consommait comme un citoyen des Etats-Unis, et 0,1 planète pour un sahélien.

Dans le même temps, la «civilisation» laisse aujourd´hui près de la moitié de la population mondiale dans la misère, sans espoir pour elle d´accéder jamais au mode de vie occidental: ce mode de vie actuel d´une partie seulement de l´humanité suffit à mettre l´ensemble des ressources et l´équilibre tout entier de la planète en péril. Pour les citoyens riches des pays industrialisés et même des pays pauvres, il est encore temps pour eux de réagir en modifiant leurs comportements, leurs modes de vie et leurs logiques économiques.

1.http://www.geo.fr/environnement/les-mots-verts/l-ecologie-qu-est-ce-que-c-est-47364

2.L´Ecologie humaine: Encyclopédie Wikipédia.

3.http://www.cles.com/dossiers-thematiques/ecologie-globale/pouvons-nous-franchir-le-mur/article/religions-et-ecologie

4.L´Allemagne plébiscite sa mosquée écologique Site Oumma.com 16 juin 2011

5.http://press.catholica.va/news_services/bulletin/news/27621.php?index=27621&
http://www.chretiente.info/201106091900/l%E2%80%99ecologie-humaine-est-une-necessite-imperative/

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz


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