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Libye-France: Le bourbier libyen de Sarkozy

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Les chiffres ne traduisent pas forcément l'évidence. Mardi dernier, le Parlement français a voté, par 482 voix pour et 27 voix contre, la poursuite de la guerre en Libye. En fait, pas moins de 4.400 soldats français sont engagés en Tripolitaine, sans déploiement direct au sol. Mais l'opération n'en engage pas moins, côté français, 40 avions de combat (Rafale, Mirage, divers types de ravitailleurs), un porte-avions, trois frégates, un pétrolier-ravitailleur et un sous-marin nucléaire. Huit navires mobilisent 18 hélicoptères d'attaque. La France se retrouve ainsi le premier pays contributeur de l'opération, à côté de la Grande-Bretagne. Mais l'arbre des données statistiques ne saurait cacher l'épreuve des faits. Visiblement, la France est embarrassée. L’opération « Aube de l’Odyssée » est entrée dans son cinquième mois et la France commence à rechercher une issue honorable à ce conflit militaire.
Libye-France: Le bourbier libyen de Sarkozy
L’Odyssée d’Homère rapporte une suite d’aventures longue. Très longue. Et parsemée de péripéties diverses. Celle de la Libye en prend le chemin et inquiète. Et c’est toute la stratégie et l’unité de la coalition internationale anti-Kadhafi qui s’en trouve remise en question.

L’histoire regorge d’exemples d’invasions qui ont échoué pour avoir compté et trop compté sur le soulèvement des peuples de l’intérieur. Ce n’est pas aux Etats-Unis qu’il faut l’apprendre, ni aux Anglais.

C'est que les objectifs initiaux de l'opération militaire ne se réalisent toujours pas. Pis, le temps travaille en faveur des Libyens loyalistes. Au début, les Français avaient misé sur une opération-éclair de deux à trois semaines pour renverser le régime libyen. Puis l'Otan se fixa un délai par excès de trois mois. On pensait que le régime libyen serait mis hors d'état de nuire fin juin. Puis on réclama trois mois supplémentaires, la guerre devant finir en septembre. Aujourd'hui, on parle de pourparlers avec le régime libyen et de suspension des frappes aériennes.

Souvenons-nous. Au début, les dirigeants français avaient envisagé d'éliminer physiquement le colonel Kadhafi, de retirer toute légitimité au gouvernement libyen et reconnaître le Conseil national de transition (CNT) comme seul gouvernement légitime du pays. Mais la farouche résistance des forces pro-Kadhafi a jusqu'ici entravé la matérialisation des buts de l'expédition militaire. Les présidents, français Nicolas Sarkozy (qui rêvait d'effectuer sa danse du scalp le 14 juillet lors de la Fête Nationale), américain Barack Obama, ainsi que le Premier ministre anglais David Cameron, en ont été pris de court.

A preuve, depuis quelques jours, le Quai d'Orsay reconnaît que la France cherche désormais à reprendre contact avec Muammar Kadhafi.
Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a été on ne peut plus clair à ce propos-‚: "Il va falloir maintenant se mettre autour d'une table", a-t-il reconnu sur BFM-TV. Longuet ne considère même plus l'exil du dirigeant libyen comme indispensable à la cessation de l'intervention militaire en cours : "Il sera dans une autre pièce de son palais avec un autre titre", s'est-il permis de surenchérir.

"La France est attachée au travail et reconnaît le rôle essentiel de l’Union africaine (UA) en faveur de la paix et de la sécurité en Afrique et pense que l’organisation panafricaine doit jouer un rôle actif dans la recherche d’une solution politique permettant l’émergence d’une Libye libre et démocratique", a déclaré vendredi à Paris, un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal.

Après différentes concertations à Tripoli et à Benghazi, le Panel de cinq chefs d’Etat africains a fait adopter par le 17ème sommet de l’UA qui s’est tenu les 30 juin et 1er juillet dernier à Malabo (Guinée équatoriale), une feuille de route pour la sortie de la crise libyenne. Cette feuille de route prévoit l’organisation d’élections générales libres, des négociations directes sans la participation du Guide libyen Muammar Kadhafi et la formation d’un gouvernement consensuel pour diriger la période de transition.

De son côté, l'OTAN a révélé mardi son intention de suspendre ses bombardements en Libye durant le mois de Ramadan. C'est-à-dire à partir du 1er août, un mois durant si les forces de Muammar Kadhafi respectaient de leur côté un cessez-le-feu pendant le mois de jeûne musulman qui débutera aux alentours du 1er août.

« Nous devons attendre pour voir si les forces de Kadhafi continuent à bombarder et à nuire », a déclaré le lieutenant-colonel Mark Bracken, porte-parole de l’Otan. « Si c’est le cas et que nous pensons qu’il y a un risque pour la vie des Libyens, alors je pense qu’il serait très judicieux de continuer à utiliser le mandat de l’Otan pour protéger ces vies », a-t-il précisé lors d’une téléconférence depuis le centre de commandement de l’opération de l’Otan, basé à Naples en Italie.

L’Otan espère que les forces de Kadhafi « cesseront d’attaquer et de menacer d’attaquer les civils, non seulement pendant le Ramadan mais aussi immédiatement », a déclaré de son côté Oana Lungescu, porte-parole de l’Alliance atlantique. « Tant que les attaques et les menaces continuent, la mission de l’Otan demeure pour protéger les civils en Libye », a-t-elle ajouté.

L’Otan semble craindre que des bombardements sur Tripoli durant le mois du Ramadan ne provoquent de vives réactions dans le monde musulman.

Ce début de revirement Français s'explique en sus par le dérapage possible des coûts, il y a trois jours, Bernard Cazeneuve, secrétaire de la commission Défense à l'Assemblée nationale française, a exprimé des réserves appuyées sur le coût du conflit en Libye.
A l'en croire, les 630 millions d'euros prévus pour les opérations extérieures en 2011 ne suffiraient pas. Le coût de la guerre libyenne pour la seule France s'élèvera, selon lui, à un milliard d'euros. Un coût catastrophique avec la crise persistante en France et les mesures d'austérité que certains économistes y préconisent à court terme.

Il y a lieu de croire que l'establishment français redoute déjà comme la peste que la Libye devienne le bourbier et le fossoyeur du régime de Sarkozy. Dès la rentrée, en effet, l'élection présidentielle française de 2012 connaîtra ses premières passes d'armes sérieuses. Sarkozy et ses partisans de droite craignent que la Libye ne leur devienne ce que l'Irak et l'Afghanistan furent pour l'Américain George W. Bush et le Britannique Tony Blair, un marécage politico-militaire inextricable et politiquement coûteux, sinon désastreux.

Entamer des guerres, soit. Encore faut-il savoir en sortir. Parce que, à trop jouer les apprentis-artificiers, il y a risque de se saborder soi-même.

Concernant la reconnaissance du CNT par le Groupe de contact international hier à Ankara, Kadhafi a minimiser les effets de la reconnaissance dont jouit le CNT " La décision du Groupe de contact international sur la Libye de reconnaître le Conseil national de transition (CNT opposition libyenne basée à Benghazi) n’aura aucun effet sur le peuple libyen", a affirmé vendredi le leader Mouammar Kadhafi. Dans un discours à l’adresse d’un rassemblement populaire à Zlittin (Est de Tripoli) retransmis vendredi par la télévision libyenne, le guide Kadhafi a rejeté cette reconnaissance, assurant : ' le peuple libyen piétinera toutes vos décisions'.

« Vous qui étiez mes amis en Europe, je vous conseille de sortir de ce bourbier avant qu'il ne soit trop tard » a averti le leader Kadhafi, ajoutant « nous vous donnons une porte de sortie unique, à savoir, le retour dans vos pays et le retrait de notre espace aérien et de nos eaux; laissez les traîtres à leur sort face au peuple libyen ».

Le guide Kadhafi a fait part de sa volonté d'entretenir des relations pacifiques avec les peuples Italiens, Français, Britanniques, ainsi qu'avec les peuples Américains, mais cependant « les apôtres de la guerre, les ennemis de l’humanité, les criminels de guerre ne veulent pas les intérêts de leurs pays ni leur bien, mais plutôt leur mal ». "l’Occident et les pays de l’OTAN évoquent la vie politique et administrative de la Libye comme si le pays était une colonie à laquelle ils accordent l'indépendance et dont ils décident selon leur bon vouloir du régime politique à mettre en place".

Nul doute que l'opération guerrière réalisée avec l'aval américain et l'enlisement de l'épopée Sarkozyenne en Libye prénommée " Aube de l'Odyssée", risque de se transformer en "Crépuscule du Looser" dans tous les sens du terme, en effet le Président français sera le seul à porter le chapeau en cas d'échec. La recherche de négociations indirectes, les déclarations des ministres français, l'appel appuyé du pied à l'Union africaine, les nombreux envois d'émissaires à Alger, les livraisons d'armes aux rebelles en toute illégalité de la résolution Onusienne, le recours urgent évoqué au déploiement de troupes au sol en sus des forces spéciales et autres mercenaires déjà présent sur le terrain prouvent que le chapeau commence à être sérieusement écorné.Il faut peut-être remarquer que pour une guerre voulue brève, le nom de l'opération guerrière était tout de même mal choisi.



MF/AI/Agences/AEI/NB

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