Alertes à la bombe, menaces de mort, nervis essayant de pénétrer de force dans le musée, pourquoi une telle complaisance de nos dirigeants face à ces actes terroristes parce qu’un musée accueille l’oeuvre d’une artiste palestinienne internationalement reconnue ? Le Monde, la revue Paris-Art, l’Humanité, Médiapart, s’indignent à juste titre. Nous appelons nos lecteurs à interpeller la ministre de la culture, Aurélie Philipetti qui ne semble pas comprendre la gravité de ces méthodes.
Le Monde :
"Mardi 18 juin, une alerte à la bombe, suivie d’une évacuation et d’une intervention de la police, a perturbé le centre d’art du Jeu de paume, à Paris. "Nous en avons déjà eu une première vendredi 14 juin, soupire la directrice, Marta Gili. Nos équipes se font harceler". Dimanche 16 juin, des perturbateurs avec des drapeaux israéliens avaient déjà tenté de pénétrer de force sur place. Une plainte a été déposée après des menaces de mort. La directrice se dit "choquée de voir que des gens peuvent utiliser la violence pour fermer une exposition". Elle souligne que l’exposition "Foyer fantôme" a déjà été présentée au MACBA de Barcelone (Musée d’art contemporain) sans problème."
http://www.lemonde.fr/culture/artic... Paris-Art.com :
Jeu de Paume : terreur dans la culture 15 juin 2013 - Numéro 419
"L’exposition « Phantom Home » de l’artiste palestinienne Ahlam Shibli, au Jeu de Paume à Paris, donne lieu à de vives réactions de la part de certains secteurs de la communauté juive, en particulier du Crif qui dénonce une « apologie du terrorisme ». Après des protestations officielles adressées à la directrice du musée et à la ministre de la Culture, une véritable offensive s’est enclenchée : clameurs dans les réseaux sociaux, appel à manifester devant le musée, déferlement d’e-mails et d’appels téléphoniques insultants. Et maintenant : alerte à la bombe, et menaces de mort. Halte à la terreur contre la culture !"
http://www.paris-art.com/art-cultur... Médiapart :
La censure est de retour "Accusée par certains de faire l’apologie du terrorisme, l’exposition de l’artiste palestinienne Ahlam Shibli au musée du Jeu de Paume, à Paris, fait plutôt « craindre une nouvelle vague de terrorisme moral », redoute Emmanuel Alloa, philosophe et théoricien de l’image, directeur de séminaire 2012/2013 au Jeu de Paume.
Après l’affaire du Concept du visage du fils de Dieu du metteur en scène italien Romeo Castellucci, où des intégristes catholiques étaient presque parvenus à faire déprogrammer au Théâtre de la Ville de Paris ce spectacle accusé de « christianophobie », c’est au tour de l’exposition de l’artiste palestinienne Ahlam Shibli, qui vient de s’ouvrir au Jeu de Paume, aux Tuileries, de faire craindre une nouvelle vague de terrorisme moral. Depuis son inauguration, les menaces sont quotidiennes et le musée a dû être fermé, vendredi soir, pour une alerte à la bombe : l’exposition est incriminée de faire « l’apologie du terrorisme », notamment par la Ligue de défense juive (LDJ). Comble du paradoxe, bien sûr, quand on sait que cette association, interdite aux Etats-Unis et en Israël, avait attaqué physiquement les spectateurs d’une pièce palestinienne en 2009, dans le VIIe arrondissement, et qu’un de ses commandos avait pénétré au Musée d’art moderne de la ville de Paris en 2010, pour saccager l’exposition du photographe allemand Kai Wiedenhöfer dédiée aux conditions de vie dans la bande de Gaza."
Bien sûr, on pourra toujours dire que ces sont là des groupuscules marginaux et d’ailleurs, les “ bien-pensants ” ne manquent pas de se démarquer de leur violence. Mais ils n’en demandent pas moins la déprogrammation de l’exposition, à grands renforts venant de l’étranger. Etrange, quand on sait que pendant toute la période pendant laquelle l’exposition avait été montrée précédemment au Musée d’art contemporain de Barcelone, celle-ci n’avait pas suscité la moindre polémique… En quoi font-elles donc scandale, aujourd’hui, en France, ces photos d’Ahlam Shibli et en quoi feraient-elles « l’apologie du terrorisme » ? Il est peu probable que ce soit la série sur les commémorations de la Seconde guerre mondiale à Tulle, en Corrèze, ni celle sur les orphelinats en Pologne, ni même sans doute celle sur les homosexuels et transsexuels au Proche-Orient.
http://blogs.mediapart.fr/edition/l... Jeu de paume, les censeurs de l’art ne l’emporteront pas !
"Menaces, alertes à la bombe... des organisations extrémistes juives se déchaînent contre les travaux d’une artiste palestinienne exposée à Paris.
L’art, en France, ne pourrait donc plus déranger, poser un questionnement critique, décortiquer la complexité de ce monde, aller chercher ce qu’on veut nous cacher sous peine d’être menacé, terrorisé, empêché, interdit ? C’est la conception antidémocratique qu’en ont, en tout cas, des organisations extrémistes juives, qui, ces derniers temps, ont tenté par les moyens les plus effrayants d’empêcher l’accès à plusieurs expositions artistiques : en 2010, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, lors de l’exposition de Kai Wiedenhöfer, prix Carmignac gestion du photojournalisme, qui montrait les jeunes Palestiniens estropiés, mutilés à la suite de l’opération « Plomb durci » ; en 2012, à Angoulême, où le photojournaliste Frédéric Sautereau, qui montrait un remarquable travail complexe poursuivi depuis dix ans sur le Hamas, avait été harcelé physiquement, et aujourd’hui encore sur le Net, par ces mêmes organisations.
Que fait la ministre ? Plus grave, les intellectuels, le monde de la culture sont lents à se dresser pour défendre la démarche artistique du Jeu de paume, sa directrice et ses équipes salies, harcelées, menacées de mort. Quant à la ministre de la Culture, qui n’avait formulé aucune réserve lors de sa visite de l’exposition, elle s’est fendue, vendredi dernier, à l’heure où personnel et public étaient évacués à la suite d’une alerte à la bombe, d’une déclaration, qui, loin de défendre le droit à l’expression et au débat, demande maintenant au Jeu de paume, de prendre position sur l’œuvre qu’il a lui-même coproduite à l’occasion de cette exposition. Où va-t-on si les musées doivent désormais se démarquer du droit d’expression des artistes qu’ils exposent ? Quel est ce point de vue neutre, consensuel, qu’ils devraient exprimer pour qu’il n’y ait pas de vagues ? N’est-ce pas le contraire que l’on demande à l’art qui, particulièrement dans ce pays, nous fait réfléchir, douter en perturbant nos certitudes ?
L’objet de tant de haine, c’est « Foyer fantôme », rétrospective d’Ahlam Shibli, une Palestinienne de Haïfa née en 1970 en Galilée. Celle-ci a choisi d’explorer, grâce à la photo documentaire, la place centrale qu’occupent, au sein de l’imaginaire palestinien, les morts de la seconde Intifada. Six séries s’attachent ainsi notamment aux homosexuels, lesbiennes et transgenres forcés de fuir leurs pays orientaux ; au sort peu enviable des Bédouins palestiniens engagés dans l’armée israélienne et considérés comme des traîtres des deux côtés ; aux survivants corréziens des camps de la mort ou aux descendants des pendus de Tulle qui, au gré de l’histoire, se sont retrouvés combattants en Algérie ou en Indochine, donc bourreaux après avoir été victimes ; enfin, à la tragique condition des disparus palestiniens, effacés des radars, qu’ils soient en prison, morts au combat ou auteurs d’attentats-suicides.
« Martyr » « Palestinien » Cette dernière série, Death, qui n’a suscité de réactions négatives ni en Espagne, où elle vient d’être montrée, ni de la part de l’ambassadeur d’Israël en France, venue la découvrir et en discuter, se voit décontextualisée du reste de l’exposition par ces extrémistes et détachée de la cohérence d’une programmation qui a accueilli, depuis trois ans, des talents aussi forts et exigeants que Sophie Ristelhueber, Esther Shalev Gerz, Bruno Serralongue, Ai Weiwei…
Les responsables de ces organisations extrémistes vont même jusqu’à programmer une manifestation, le 30 juin prochain. Ce faisant, ils ne tiennent aucun compte de l’avertissement affiché dans la dernière salle du centre d’art, lequel insiste sur les cartels, inséparables des images, d’une artiste qui ne se pose pas en militante, qui ne dénonce ni ne juge, mais qui travaille sur l’iconographie des non-représentés dans les camps de réfugiés de Naplouse et des alentours. Ces disparus s’affichent sur les murs des cafés qu’ils fréquentaient, dans les salons de leurs familles ordinaires devenues soudain hyper-vénérées. Dans ces « foyers fantômes », les enfants grandissent ainsi devant les images envahissantes de ces absents, plus présents que les vivants et montrés éternellement jeunes, dans des poses héroïques, armés jusqu’aux dents. Un travail très singulier sur la représentation. Un travail suscitant le questionnement. Un travail sur l’utilisation du souvenir et sur une situation si désespérée que les mots « martyr » et « Palestinien » seraient, dans les Territoires occupés, devenus synonymes…
Curieux propos de la ministre La ministre conclut ainsi son communiqué : « L’artiste explique vouloir “montrer” et non “dénoncer” ou “juger”, et indique que son travail n’est ni de la propagande ni une apologie du terrorisme, mais explore la manière dont les Palestiniens disparus sont représentés dans des espaces publics et privés, et retrouvent ainsi une présence dans leur communauté. Cette neutralité revendiquée peut, en elle-même, choquer et donner lieu à de mauvaises interprétations, puisqu’elle n’explique pas le contexte des photographies, qui n’est pas seulement celui de la perte, mais qui est aussi celui du terrorisme. »
C’est pourquoi, pour éviter toute confusion et toute caricature, le ministère de la Culture et de la Communication a demandé au Jeu de paume de compléter l’information donnée aux visiteurs pour, d’une part, clarifier et mieux expliquer le propos de l’artiste, et d’autre part, distinguer la proposition de l’artiste de ce qu’exprime l’institution. Jusqu’au 1er septembre.
http://www.humanite.fr/culture/jeu-de-paume-les-censeurs-de-l-art-ne-l-emporteron-544031
Ne laissez pas la ministre de la culture croire que tous les citoyens apprécient ce type d’intimidation. Dites-lui de ne pas céder au chantage et de demander les moyens nécessaires, ceux que nous finançons avec nos impôts, afin de protéger le musée du jeu de Paume, ainsi que ses visiteurs. Ecrivez-lui à sp.ministre@culture.gouv.fr CAPJPO-EuroPalestine