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L’Union européenne, étage régional du pouvoir mondial

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L’Union européenne, étage régional du pouvoir mondial
Economiste et historien, consultant auprès de divers organismes internationaux, professeur d’université, Georges Corm fut ministre des finances du Liban (1998-2000) et a publié de nombreux essais sur le développement du monde arabe, l’Europe et l’économie mondiale. Il a publié en octobre dernier (éditions La découverte) un remarquable ouvrage intitulé Le nouveau gouvernement du monde, idéologies, structures, contre-pouvoirs dans lequel il plonge aux sources de la dogmatique « simpliste » néolibérale qui entend transformer scientifiquement l’humanité et explore le paysage complexe du pouvoir mondialisé actuel. Voici quelques extraits de son ouvrage.
Un réseau complexe d’institutions publiques et privées, ONG, sociétés et banques multinationales composant la « gouvernance », impose peu à peu sa souveraineté au monde et donc aux Etats. Cette bureaucratie, productrice régulière de documents qui polarisent l’attention des milieux politiques, économiques, académiques et médiatiques, multiplie ses publications en fonction des agendas des grands Etats lors de leurs multiples sommets mondiaux. C’est une toile d’araignée institutionnelle, instrument majeur du pouvoir mondialisé, qui ne cesse de se développer. Elle tisse et retisse sans cesse des écrits, dissémine des statistiques dont on ne sait jamais si elles sont élaborées avec sérieux et quel crédit leur accorder. Elle développe également des sites web pour les rendre accessibles à tous. Chaque organisme dispose d’un service de communication toujours bien équipé en journalistes compétents. Cette bureaucratie centralisée inspire les travaux et les actions des bureaucraties des organismes économiques et financiers privés qui se targuent tous d’être partisans de la « soutenabilité », de la protection de l’environnement, de la transparence, etc. Mais elle inspire de même les institutions régionales de développement, ainsi que les administrations nationales de coopération et d’aide avec les pays en développement, de même que le monde de la recherche académique, à qui elle impose son agenda et ses vocabulaires. On pense d’abord, dans ce domaine, à l’énorme bureaucratie de l’Union européenne, modèle parfait d’un unanimisme néolibéral sans faille que ne pratiquent dans la réalité ni les Etats-Unis, ni le Royaume-Uni, les deux parrains de la libéralisation intégrale des marchés. Plusieurs dizaines de milliers de fonctionnaires siègent à Bruxelles, mais aussi dans les délégations de la Commission européenne dans nombre de pays, comme auprès des grands organismes des Nations unies. Toutes les relations de l’Union européenne avec les autres Etats ont un but unique, les convertir au libre-échange et conditionner ses aides et assistance à l’adoption de mesures concrètes de libéralisation et, suivant le vocabulaire abstrait de la Commission européenne, de « mise à niveau institutionnel » des économies qu’elle assiste ou avec lesquelles elle entretient des relations commerciales, d’investissement ou de financement.

LIESI

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