L’arrivée à Moscou d’une délégation de l’opposition syrienne lundi a de quoi en surprendre plus d’un. Car seulement une semaine auparavant la Russie et la Chine ont utilisé leur droit de veto pour bloquer la résolution sur la Syrie au Conseil de sécurité des Nations Unies. Le projet proposé par les pays occidentaux était susceptible de conduire à des sanctions économiques contre le gouvernement syrien pour la violence qui se poursuit depuis mars. Dans ce conflit l’Occident a soutenu l’opposition. Moscou et Pékin, qui appelaient leurs homologues à agir dans le cadre du droit international, se sont retrouvés du côté du régime autoritaire dans leurs efforts. Et immédiatement après ces événements l’opposition syrienne se rend de nouveau dans la capitale russe.
L’opposition sera reçue au MAE
Cette fois, la délégation de l’opposition syrienne sera reçue mardi par le ministère russe des Affaires étrangères, a annoncé le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, qui s’entretiendra avec la délégation. Les invités espèrent également être reçus par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Cependant, même sans cela le niveau de la rencontre sera suffisamment élevé. Ainsi, lundi soir ils ont été reçus par Mikhaïl Marguelov, représentant spécial du président russe et président du comité pour les Affaires internationales du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe).
Auparavant, fin juin et début septembre, deux autres délégations de l’opposition syrienne se sont déjà rendues à Moscou. Elles insistaient pour être reçues par le ministère russe des Affaires étrangères, mais en vain. Parmi les représentants officiels, seul Mikhaïl Marguelov les a reçues.
La position de la Russie aurait-elle changé? Pourquoi les diplomates qui rejetaient tout contact avec l’opposition syrienne ont-ils changé d’avis? Auraient-ils obtenu des informations selon lesquelles le régime de Bachar al-Assad ne résisterait pas et qu’il serait inutile de miser sur un dirigeant partant? A côté de cela, les médias occidentaux et arabes se sont mis à citer en chœur, et avec étonnement, la récente déclaration du président Dmitri Medvedev: "Si le gouvernement syrien est incapable de mettre en œuvre les réformes, il devra partir."
Qui doit décider du sort d’al-Assad
La position russe n’a pas changé. La presse étrangère met seulement l’accent sur une partie du discours de Dmitri Medvedev, mais fait l’impasse sur toutes ses autres idées, bien qu’elles aient été exprimées parallèlement. Le président russe disait également que ce ne sont pas les pays membres de l’OTAN, ni les pays européens, mais le peuple et le gouvernement de la Syrie qui devaient décider du sort du régime syrien. Il a également indiqué que les actions de l’opposition revêtaient un caractère extrémiste, et que pour cette raison il fallait voir la situation dans son ensemble.
Actuellement, la Russie craint avant tout que l’idée du renversement des régimes grâce à l’ingérence étrangère (politique et militaire) supplante le droit international. Souvenons-nous de la désintégration de la Yougoslavie, de la guerre de l’OTAN contre la Serbie, et du renversement de Slobodan Milosevic qui a suivi. Ensuite, à l’opération antiterroriste a succédé la guerre en Afghanistan contre le régime radical des talibans qui a marqué son 10e anniversaire le 7 octobre. Puis la guerre en 2003 en Irak, le renversement et l’exécution de Saddam Hussein. Aujourd’hui, on assiste à la guerre en Libye, au renversement et à la recherche de Mouammar Kadhafi. Enfin, la partition du Soudan cette année. A qui le tour?
Toutefois, il convient de noter que ni la Russie, ni la Chine plus puissante en termes d’économie, n’ont réussi à s’opposer à la mise en œuvre d’aucun de ces scénarios. D’autant plus que dans tous les cas il est question de régimes qui ont fait leur temps, et l’Occident agit en suivant le précepte de Nietzsche: Ce qui tombe, pousse le. Or, dans beaucoup de cas, de même qu’actuellement avec la Syrie, la Russie et la Chine font l’inverse: elles retiennent ce qui tombe.
Les succès réels et fictifs de la diplomatie russe
La venue à Moscou des opposants syriens s’inscrit dans ce concept, aussi étrange que cela puisse paraître à première vue. Car contrairement aux deux autres délégations, ce groupe d’opposition est en contact avec le gouvernement. Ce ne sont pas des politiciens qui ont émigré, mais ceux qui coopèrent avec succès avec les autorités actuelles. Malgré toute la rigidité du régime, al-Assad permettait toujours à quelques partis inoffensifs d’exister dans l’ombre du parti Baas au pouvoir. Les invités actuels font partie de cette catégorie.
Par exemple, Qadri Jamil, un des leaders des communistes, qui évite de critiquer durement les autorités contrairement à ses compagnons d'idées, fait partie de cette délégation. Ali Haydar du parti national socialiste l’accompagne. L’un des leaders du front populaire du changement et de la libération, Adil Naissa, est moins connu. Il y a également un délégué de la minorité chrétienne, le prêtre maronite Tony Dora.
Selon l’auteur de ces lignes, des dissidents bien plus connus, tels que l’économiste Arif Dalila et le philosophe Tayyeb Tizini figuraient parmi les invités. Cependant, en raison des différends entre les autres membres de la délégation et vu la dégradation de la situation dans le pays, ils ont finalement renoncé à se rendre à Moscou.
Selon le ministère russe des Affaires étrangères, l’un des objectifs visés par la diplomatie russe dans ses contacts avec l’opposition consiste à contribuer au dialogue entre les autorités syriennes et les opposants. Dans le cas présent, la tâche n’est pas très complexe, mais ne peut pas être considérée comme un succès. Car contrairement à cette délégation, il sera certainement impossible de faire asseoir à la même table les autorités et l’opposition réelle. Le conflit civil en Syrie dure depuis 7 mois et gagne en importance, et selon l’ONU, le nombre des victimes avoisine la barre des 3.000.
L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction fr.rian.ru
L’opposition sera reçue au MAE
Cette fois, la délégation de l’opposition syrienne sera reçue mardi par le ministère russe des Affaires étrangères, a annoncé le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, qui s’entretiendra avec la délégation. Les invités espèrent également être reçus par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Cependant, même sans cela le niveau de la rencontre sera suffisamment élevé. Ainsi, lundi soir ils ont été reçus par Mikhaïl Marguelov, représentant spécial du président russe et président du comité pour les Affaires internationales du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe).
Auparavant, fin juin et début septembre, deux autres délégations de l’opposition syrienne se sont déjà rendues à Moscou. Elles insistaient pour être reçues par le ministère russe des Affaires étrangères, mais en vain. Parmi les représentants officiels, seul Mikhaïl Marguelov les a reçues.
La position de la Russie aurait-elle changé? Pourquoi les diplomates qui rejetaient tout contact avec l’opposition syrienne ont-ils changé d’avis? Auraient-ils obtenu des informations selon lesquelles le régime de Bachar al-Assad ne résisterait pas et qu’il serait inutile de miser sur un dirigeant partant? A côté de cela, les médias occidentaux et arabes se sont mis à citer en chœur, et avec étonnement, la récente déclaration du président Dmitri Medvedev: "Si le gouvernement syrien est incapable de mettre en œuvre les réformes, il devra partir."
Qui doit décider du sort d’al-Assad
La position russe n’a pas changé. La presse étrangère met seulement l’accent sur une partie du discours de Dmitri Medvedev, mais fait l’impasse sur toutes ses autres idées, bien qu’elles aient été exprimées parallèlement. Le président russe disait également que ce ne sont pas les pays membres de l’OTAN, ni les pays européens, mais le peuple et le gouvernement de la Syrie qui devaient décider du sort du régime syrien. Il a également indiqué que les actions de l’opposition revêtaient un caractère extrémiste, et que pour cette raison il fallait voir la situation dans son ensemble.
Actuellement, la Russie craint avant tout que l’idée du renversement des régimes grâce à l’ingérence étrangère (politique et militaire) supplante le droit international. Souvenons-nous de la désintégration de la Yougoslavie, de la guerre de l’OTAN contre la Serbie, et du renversement de Slobodan Milosevic qui a suivi. Ensuite, à l’opération antiterroriste a succédé la guerre en Afghanistan contre le régime radical des talibans qui a marqué son 10e anniversaire le 7 octobre. Puis la guerre en 2003 en Irak, le renversement et l’exécution de Saddam Hussein. Aujourd’hui, on assiste à la guerre en Libye, au renversement et à la recherche de Mouammar Kadhafi. Enfin, la partition du Soudan cette année. A qui le tour?
Toutefois, il convient de noter que ni la Russie, ni la Chine plus puissante en termes d’économie, n’ont réussi à s’opposer à la mise en œuvre d’aucun de ces scénarios. D’autant plus que dans tous les cas il est question de régimes qui ont fait leur temps, et l’Occident agit en suivant le précepte de Nietzsche: Ce qui tombe, pousse le. Or, dans beaucoup de cas, de même qu’actuellement avec la Syrie, la Russie et la Chine font l’inverse: elles retiennent ce qui tombe.
Les succès réels et fictifs de la diplomatie russe
La venue à Moscou des opposants syriens s’inscrit dans ce concept, aussi étrange que cela puisse paraître à première vue. Car contrairement aux deux autres délégations, ce groupe d’opposition est en contact avec le gouvernement. Ce ne sont pas des politiciens qui ont émigré, mais ceux qui coopèrent avec succès avec les autorités actuelles. Malgré toute la rigidité du régime, al-Assad permettait toujours à quelques partis inoffensifs d’exister dans l’ombre du parti Baas au pouvoir. Les invités actuels font partie de cette catégorie.
Par exemple, Qadri Jamil, un des leaders des communistes, qui évite de critiquer durement les autorités contrairement à ses compagnons d'idées, fait partie de cette délégation. Ali Haydar du parti national socialiste l’accompagne. L’un des leaders du front populaire du changement et de la libération, Adil Naissa, est moins connu. Il y a également un délégué de la minorité chrétienne, le prêtre maronite Tony Dora.
Selon l’auteur de ces lignes, des dissidents bien plus connus, tels que l’économiste Arif Dalila et le philosophe Tayyeb Tizini figuraient parmi les invités. Cependant, en raison des différends entre les autres membres de la délégation et vu la dégradation de la situation dans le pays, ils ont finalement renoncé à se rendre à Moscou.
Selon le ministère russe des Affaires étrangères, l’un des objectifs visés par la diplomatie russe dans ses contacts avec l’opposition consiste à contribuer au dialogue entre les autorités syriennes et les opposants. Dans le cas présent, la tâche n’est pas très complexe, mais ne peut pas être considérée comme un succès. Car contrairement à cette délégation, il sera certainement impossible de faire asseoir à la même table les autorités et l’opposition réelle. Le conflit civil en Syrie dure depuis 7 mois et gagne en importance, et selon l’ONU, le nombre des victimes avoisine la barre des 3.000.
L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction fr.rian.ru
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