Martine et Laurent pleurent parce qu’ils ont signé le même texte que Tariq…
- - Maman Jospin, Tariq m’a piqué mon goûter…
- Pleure pas, mon chéri, je sais que Tariq il est pas gentil. Mais tu sais, mon chou, ce n’est pas contre toi, ils sont comme ça ! Mais on va les rendre gentils comme nous.
Pauvres socialistes, qui ont coincé le compteur à l’époque de la SFIO.
Il reste une vieille carne socialiste qui est le repère du colonialisme français. Ce sont les lascars qui ont inventé SOS Racisme : « Touche pas à mon pote ». Moi, le gentil, bon et généreux socialiste, de gauche moderne et tout et tout, j’ai une parfaite vision de la société, et je vais te le blanchir, notre arabe. Tu me le confies, et je vais en faire quelqu’un, un bien de chez nous, bien comme nous. Le socialiste de base se rêve en éducateur spécialisé.
Pour ces socio-colonialistes, l’égalité ne conduit pas à la liberté, mais à la conformité. Eh oui, chères amies et chers amis, le dernier Ministère de la colonisation a ses bureaux rue de Solferino.
Donc, l’UMP, qui est très méchante, décide d’un débat sur l’islam pour foutre le bazar. Les soc’ n’ont rien à dire sur l’islam. Réfléchir leur colle des migraines, et voir le monde tel qu’il est des vertiges. Aussi penser ce que sont les arabes, ou les musulmans, en Egypte ou dans le 9-3, leur fait peur. C’est çà, la gêne colonialiste : être incapable de considérer ses interlocuteurs comme ils sont, des êtres libres et égaux.
Martine et Laurent – de vrais héros du courage politique – ont donc signé un texte disant que ce 58° débat sur l’islam était de trop et que ce n’était qu’une manière de stigmatiser une minorité pour des perspectives électorales. Le texte vantait les mérites de la laïcité, la République assurant l’exercice de la liberté de conscience, avec un vrai respect mutuel des domaines religieux et public. Un texte qu’ils ont apprécié, et signé.
Le Nouvel Obs publie la pétition, et c’est la catastrophe, le tsunami musulman : Tariq Ramadan a lui aussi signé. La gourde Martine annonce aussitôt qu’elle retire sa signature et le serpent froid Laurent itou, ajoutant qu’il n’a rien à voir avec Tariq. Rien à voir, mais un peu à penser, car ils ont tous trois signé le même texte.
Ces deux candidats potentiels à la présidentielle signent un texte, puis renient leur signature sans que le texte ait changé. Le vieux truc de la girouette, expliqué par Edgar Faure : « Moi, la girouette, je suis stable ; c’est le vent qui change… »
Ils n’ont rien à reprocher à Tariq. Il y a bien sûr de quoi débattre et être en désaccord avec Tariq, mais à condition de passer un stade minimum de sérieux. Nous ressortir chaque fois sa proximité avec les Frères musulmans, et sa formule malheureuse lors d’un plateau télé sur le fameux moratoire. Regardez-passer les trains, ça instruit ! Alors que Tariq a toujours dénoncé comme barbare la lapidation. Alors surtout qu’il a publié plus de dix très bons bouquins, et que ni Martine, ni Laurent ne sont en mesure de critiquer ces livres.
En réalité, Martine et Laurent ne perdent pas la boussole à cause de Tariq, mais car ils savent que, des universités, des entreprises, de toute la société, s’élèvent les voix de mille musulmans, français de chez France, républicains de la République, et qui inventent leur manière d’être, en toute liberté.
Martine et Laurent ne sont pas habitués. Un arabe, de surcroit musulman, qui écrit des livres ? Qui revendiquent des pratiques nouvelles pour la société et la démocratie ? Qui a un vrai discours, des idées à lui ? Une autre manière de faire, d’être, et dans le cadre de la même loi ? Mais c’est pas normal, ça. Car en toute logique socialiste, le musulman est un arabe, et l’arabe doit devenir un blanc, un peu épicé, certes, mais un bon blanc bien de chez nous. Il doit penser comme nous, vu que notre pensée est la meilleure.
C’est là le naufrage de la fatuité socialiste. Le prétentieux anti-islamisme de Gauche ne vaut pas mieux que l’électoraliste anti-islamiste de Droite.
Ce qu’on retient des cris de Martine et de Laurent, d’abord, c’est que les musulmans, surtout s’ils sont des intellectuels, congèlent la pensée socialiste.
Mais ce qui s’impose ensuite, et c’est bien triste, c’est la démonstration de l’UMPS, diabolisant l’islam et donnant toutes les clés à Marine.
Le PS, comme l’UMP, ne peuvent admettre les réalités de la société française, c'est-à-dire des musulmanes et des musulmans d’ici, qui avec sagesse et goût de la conquête, créent leur propre modèle. Ils rêvent d’avoir en permanence sous la main un Boubakeur, toujours prêt à leur servir la soupe. Ils découvrent un autre, un alter ego, fier, autonome, fraternel : et çà, c’est trop pour eux.