La banque européenne pour la reconstruction et le développement, créée en 1991 pour accompagner la transition démocratique dans les pays de l’Europe de l’Est et de l’Europe centrale, et favoriser leur passage à l’économie du marché, met le cap sur les pays arabes, dont la Tunisie. La banque compte fournir une assistance technique à la Tunisie sous différentes formes, dont le transfert technologique et du savoir-faire, y réaliser des projets de développement et l’aider à mener des réformes structurelles visant à améliorer les performances des PME, des secteurs bancaire et financier et promouvoir la décentralisation.
Jan Fisher, vice-président de la BERD accompagné d’une délégation d’experts de la banque européenne, a tenu ce mercredi un point de presse à Tunis. La visite de M. Fisher intervient quelques semaines après l’adhésion officielle de la Tunisie à la banque européenne pour la reconstruction et le développement. "La BERD qui a 20 ans d’expériences en matière de transition démocratique et économique, est prête à coopérer avec la Tunisie dans le domaine des priorités économiques arrêtées par le gouvernement tunisien", déclare-t-il. Le vice-président de la BERD a eu ce matin un long entretien avec Hamadi Jebali, chef du gouvernement, où il a été question des domaines de coopération entre les deux parties à savoir la redynamisation du secteur privé, l’encadrement des petites et moyennes entreprises (PME), l’amélioration du dispositif des microcrédits, la restructuration du secteur bancaire, ainsi que d’autres projets concernant le transport maritime, et l’encadrement direct des entreprises du secteur privé, souligne Riadh Bettaieb, ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale.
Jan Fisher évoque un dialogue fructueux avec le gouvernement tunisien ainsi qu’avec le secteur privé et la société civile. Il dit avoir eu ce matin un long entretien avec le chef du gouvernement, et le ministre de l’investissement et de la coopération internationale, "dont la préoccupation majeure est le chômage, et l’inexistence d’opportunités d’emplois pour les jeunes tunisiens". "La société tunisienne est particulièrement jeune, et cette jeunesse se prévaut d’un haut niveau d’instruction, ce qui constitue un important potentiel pour l’amélioration capacité compétitive de la Tunisie", souligne le vice-président de la BERD. "La coopération entre la BIRD et la Tunisie sera axée sur l’assistance au secteur bancaire, la promotion des énergies de substitution, la promotion de la décentralisation, l’amélioration de la capacité exportatrice et compétitive", relève-t-il, ajoutant que la BIRD coopère avec d’autres institutions financières internationales intervenant en Tunisie, à l’instar de la Banque européenne d’investissements (BEI), et la BAD afin qu’il y ait synergies, et complémentarité en matière d’intervention.
Interrogé sur l’éventuelle coopération entre la BERD et le FMI en Tunisie, et si la BERD soutenait un possible plan d’ajustement structurel du Fonds monétaire international en Tunisie, Hans Peter Lankes, directeur général des stratégies institutionnelles de la BERD, rétorque que "le FMI finance le gouvernement et les réserves de la Tunisie ; la BERD, elle, réalise des projets. Nous ne sommes pas dépendants du FMI, et nous n’appuyons pas les programmes du FMI, mais si ces programmes sont bénéfiques pour la Tunisie, ils le seront aussi pour la BERD".
La BERD va ouvrir en février prochain un bureau en Tunisie qui commencera avec des moyens limités, et puis s’étendra dans les mois qui viennent pour regrouper de 6 à 10 fonctionnaires. "La BERD comptera dans son extension sur les compétences tunisiennes", selon Jan Fisher.
La Banque européenne a défini une enveloppe financière régionale pour quatre pays : la Jordanie, le Maroc, l’Egypte et la Tunisie oscillant entre 2 et 2,5 milliards d’euros jusqu’à l’année 2015. "Il n’y a pas de répartition par pays. Ce sont les pays où la transition avance le plus vite, qui auront, en termes relatifs, plus d’investissements", indique Josué Tanaka, directeur général des stratégies et du planning opérationnels à la BERD.
Sur la question de savoir si la BERD a établi un calendrier de projets qui seront réalisés en Tunisie, Josué Tanaka répond en ces termes : "lors de notre rencontre avec le gouvernement, nous avons relevé des urgences nécessitant l’identification des mesures et actions qui doivent être mises en place rapidement, ainsi que l’engagement d’investissements rapides, notamment dans le secteur financier et les PME." Par ailleurs, "la BIRD envisage d’apporter sa contribution à des réformes de plus longue haleine, comme par exemple dans le domaine de la décentralisation", fait-il savoir.
La BIRD tient à l’intégrité de ses clients, mais n’impose pas de conditionnalité politique aux
Etats, dit Josué Tanaka. "La banque européenne travaille avec les pays en transition démocratique, et n’a pas eu de relations avec la Tunisie avant la révolution. Nous avons pris contact avec la Tunisie il y a 4 ou 5 mois, la Tunisie est devenue un actionnaire de la BIRD il y a peu, et c’est ainsi que notre coopération est engagée", souligne Hans Peter Lankes.
"La Tunisie nouvelle offre un nouveau cadre de coopération avec les institutions financières internationales, notamment avec la BIRD, et œuvrera à assainir le climat des affaires, à promouvoir la transparence et la bonne gouvernance, et à lutter contre la corruption, cela fait partie des aspirations populaires et des objectifs de la révolution", indique en substance le ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale.
H.J.
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