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Le président de la République : Algérie et les réformes

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Le président de la République : Algérie  et les  réformes
1.-Le président de la République a prononcé un discours à la Nation le 15 avril 2011. Il reconnait  que les évènements internationaux notamment dans le monde arabe et les remous sociaux internes  qui touchent également   tous les  secteurs   ont un impact sur l’urgence des réformes en Algérie  et  qu’existent  des liens dialectiques entre les réformes politiques, sociales  et économiques. En effet, le blocage est d’ordre systémique ce qui fait que les importantes sommes monétaires  (486 milliards de dollars entre 2004/2014, le programme du président actuel des Etats Unis d’Amérique) ont ou auront un impact mitigé   avec  un gaspillage croissant   des ressources financières du pays.  Le déversement d‘une masse monétaire sans contreparties productives pour une  paix sociale éphémère aura pour effet un  retour inéluctable à l’inflation que l’on comprime artificiellement par des subventions comme en témoigne le dérapage du dinar algérien  45% de différence entre la cotation officielle et la cotation sur le marché parallèle (un euro 145 dinars) et l’introduction de billets de banques de 2000 dinars. Les taux officiels de croissance, de chômage, d’inflation  sont  des taux artificiels autant que la baisse de l’endettement extérieur et intérieur  étant due  à des facteurs exogènes et non à la bonne gouvernance.  Le président de la République  reconnait que la corruption  devient un danger pour la sécurité nationale , dévalorisant le  travail et l’intelligence ,  touchant tous les secteurs( administrations, entreprises)  , reflet de luttes  pour   la captation de la  rente des hydrocarbures qui représente l’essentiel de la richesse nationale,98% des exportations  et plus de 70% de la  valeur ajoutée  avec les effets directs et indirects. Tout le monde veut tout de suite une partie de la rente, avoir des augmentations de salaires  selon la devise populaire actuellement en vogue  pourquoi eux et pas nous, les hydrocarbures étant la  propriété de tout le peuple algérien. Cette méfiance ne croyant plus aux promesses des Ministres et aux vertus  que le gouvernement travaille pour l’avenir des générations futures, traduit  le divorce croissant  Etat citoyens. Le président de la République  reconnait également  que la   bureaucratie tant centrale dont l’extension de la sphère informelle en est le reflet, existant des alliances  entre la logique rentière et la logique spéculative, contrôlant 40% de la masse monétaire en circulation  et plus de 70% des segments de produits  de première nécessité,   freinent  les initiatives créatrices.  Dans ce cadre, le discours  du président de la république est plus réaliste  après les  interventions irréalistes déconnectés tant des mutations tant mondiales que locales tant  du premier Ministre que du secrétaire général du FLN  , discours  normal pour maintenir leurs leaderships au niveau politique , social et économique auprès de leurs clientèles. Pourtant le président de la république s ‘en est tenu à des axes généraux  qu’il conviendra  d’approfondir.
2.-Concernant  le point le plus important qui est celui de la révision constitutionnelle,  le point essentiel  de la limitation nécessaire  des mandats présidentiels  afin de favoriser l’alternance n’a pas été évoqué    ainsi que les  acteurs   politiques , sociaux et économiques qui seront impliqués  autres que les partis traditionnels  FLN-RND-MSP qui détiennent, avec les hommes du président  la majorité des portefeuilles ministériels  et des députés sénateurs. Dialoguer uniquement avec ces partis  est un monologue du pouvoir avec lui-même. Faire passer la révision de la constitution par ces partis   entrainerait   forcément  du marchandage  où  ces partis feront tout   pour faire du replâtrage  et non de véritables réformes  car c’est  leur existence même qui serait menacé. Je ne parlerai pas de ces centaines de micro partis insignifiants  qui sont des annexes de l’administration, non représentatifs, à usage de consommation extérieure mais qui ne trompent plus l’opinion tant nationale qu’internationale.  Or, ces trois partis représentent moins  de 25%  par rapport aux inscrits (critère plus significatif que par rapport aux votants)  selon les  chiffres officiels  du Ministère de l’intérieur (en réalité moins)  lors des dernières élections. Si ceux  sont ces partis qui  feront  la révision constitutionnelle cela  discréditerait encore plus l’image  internationale de l’Algérie  et créerait des  remous sociaux au niveau interne. Le référendum   est la seule solution  pour crédibiliser  cette révision de la loi fondamentale qui engage l’avenir de tout  le  pays et éviter le chantage   de certains partis qui monnayent leurs votes contre la rente. Comme il y aura lieu  de répondre à cette question lancinante : régime présidentiel- semi présidentiel ou parlementaire. Dans les  pays démocratiques   chacune de ces options  a ses règles de fonctionnement mais toujours  avec des contrepouvoirs politiques réels même aux USA où le congrès a  son mot à dire et éviter comme cela se passe actuellement en Algérie que tous les  manifestants se dirigent vers la présidence. Où est donc le gouvernement ? Comme dans toute élection présidentielle en régime démocratique, le président est issu   du parti dominant, devenant aussitôt après son élection   le président   de toute la Nation, la minorité même à 49% devant  se plier à la volonté de la majorité. En ce XXIème siècle, en démocratie  n’existent plus d’hommes providentiels, l’homme de tout  le monde en dehors des partis, ces vocabulaires étant l’apanage des régimes dictatoriaux. Par contre existe  une équipe dirigeante collective responsable devant les citoyens. C’est pourquoi les codes de wilayas et communaux   doivent s’inscrire  dans la responsabilisation  des élus ( les walis autant que les Ministres  servant de régulateur et non  directement de gestionnaires vison bureaucratique autoritaire ) afin de faire passer les collectivités locales  providences à des collectivités locales citoyennes et managériales dans le cadre d’une véritable décentralisation et non déconcentration.
3.- Concernant la révision du code électoral il ne faut pas  être dupe. Il s’agit de favoriser l’émergence de nouveaux partis crédibles et non créés artificiellement par l’administration  se distribuant des quotas. Si l’on s’en tient au  calendrier actuel , il est à fort parier  que nous nous retrouverions dans la même situation que les  élections antérieures  à savoir  la dominance du FLN/RNN/MSP du fait qu’ils ont tous les moyens financiers  et matériels, nerf de la guerre.  Et ici,  ils ‘agira de revoir le mode de financement, tout parti devant vivre  avant tout  grâce  la cotisation  de ses adhérents. C’est pour cela,  qu’une transition démocratique pacifique (la population algérienne ayant déjà payé un  lourd tribu plus de 200.000 morts entre 1990/1999)    pilotée par un  nouveau gouvernement de techniciens  jusqu’a l’échéance présidentielle  afin  d’éviter les fraudes  massives du passé   est nécessaire pour crédibiliser  les actions des réformes. Ce temps jusqu’à fin 2013 avec le report des élections législatives et  locales, avec la dissolution de ce parlement ou pas puisque ce parlement sera dissous de facto à  la fin de son mandat,   avec comme contrepouvoir ce gouvernement non partisan  neutre  devrait   permettre aux nouveaux partis   et associations de se faire connaitre. Le président  de la République aura toute  latitude  durant cette transition   d’agir par décret présidentiel  afin d’éviter  le  blocage des institutions avec un minimum de lois( l’Algérie ayant trop de lois )  puisqu’il a  été démontré, à l’instar de la corruption qui se généralise,  que ce n’est pas une question de textes juridiques ou d’institutions bureaucratiques, puisque ces dernières sont contredites  quotidiennement par les pratiques sociales, mais une volonté politique réelle  de changement.  Le véritable débat devrait se faire au niveau des programmes réalistes et non  utopiques  et non plus sur  les relations  d’asservissement au pouvoir  en place, contreproductifs pour le pouvoir lui-même ce   qui a conduit à la crise multidimensionnelle que le pays vit dramatiquement. D’où d’ailleurs l’importance de nouveaux mécanismes de régulation politiques, sociaux  et économiques, liant économie de marché concurrentielle , réformes  et démocratie,  de  réseaux mobilisateurs  dont la société civile  et de syndicats  afin qu’elle puisse servir de médiation entre l’Etat et le citoyen. L’UGTA, qui servait par le passé de pompier pour le pouvoir  ne mobilise  plus dont les membres dirigeants sont dans des conseils d’administration, députés ou sénateurs vivant au Club des Pins résidence  d’Alger,  avec les Ministres loin des réalités des travailleurs) assistant en  téléspectateurs comme le démontre les évènements actuels des remous sociaux.
4.-Concernant la révision du code de l’information, signe des libertés car il serait méprisant   et dangereux d’assimiler la population algérienne à un simple tube digestif, avec la  révolution  mondiale du système des télécommunications, il faudra ouvrir  la télévision officielle à toutes les sensibilités évitant le monopole de certains  partis  et de  ces intellectuels organiques aux ordres selon l’expression d’Antonio Gramsci. Or, force est de reconnaitre, que les  trois chaines  publiques   ENTV,  Canal Algérie, A3  sont des copies conformes  avec  un gaspillage  de l’argent du contribuable. Il s’agit de permettre    des télévisons  indépendantes qui permettront justement grâce à la  concurrence   au service public de s’améliorer.  La chaine publique face à des évènements tant locaux qu’internationaux s’est totalement discréditée,  les Algériens parabolés  cherchant de l’information dans les  chaines satellites ou sur Internet. Il en est de même des quotidiens publics avec des achats presque nuls. Ce n’est pas   du à l’incompétence de ces journalistes, car il y  a  de nombreuses compétences  au niveau de ces structures, mais  à l’administration devant être  aux ordres s’ils ne veulent pas  être licenciés. D’où l’importance  de dépénaliser dans un cadre clair le code de l’information  les journalistes  jouant  un rôle positif faute   de contrepouvoirs politiques réels.
En bref, espérons que les  axes  directeurs  des réformes  développés par le président de la République  ne seront pas un simple discours  mais synchronisés  et datés  avec précision l’Algérie ayant  toutes les potentialités pour devenir un pays pivot par plus de réformes maîtrisées. En ce XXIème siècle  la maitrise du temps est le principal défi des gouvernants  et les deux piliers du développement sont la  bonne  gouvernance et la valorisation du savoir au sein d’une économie mondiale  en pleine mutation et  turbulence. L’adaptation de l’Algérie aux bouleversements géostratégiques  est urgente  et une question de survie.  Elle  est inséparable d’un Etat de droit et de la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle, du respect du droit de l’homme et  de la promotion de la condition féminine signe de vitalité de toute société. 

-Professeur Abderrahmane MEBTOUL


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