Avec leurs opérations militaires contre la Libye, le Pentagone et ses acolytes de l'OTAN sont engagées dans l'un des plus manifestes et intensifs artifices de propagande depuis l'époque précédant l’attaque de l'Irak par la « coalition des volontaires. » Les dires insinuant que le gouvernement de Mouammar Kadhafi serait à l’agonie et la vie à Tripoli tendrait vers la paralysie, à la suite de la campagne de bombardement de l'OTAN, ne s’appuient pas sur la réalité vue par tout observateur impartial allé dernièrement à Tripoli...
Strategic Culture Foundation, Wayne Madsen, 8 juin 2011
En plus de la « guerre de l'information » de l'OTAN contre la Libye, le corps de presse à la solde des multinationales réuni à Tripoli, dont les fameux correspondants de guerre du Pentagone pour le New York Times, le Washington Post et le Los Angeles Times, servent la propagande de racontars OTANesques et Pentagonesques en pondant des reportages de terrain bidons depuis Tripoli.
Dans un article fait à Tripoli, Simon Denyer du Post insinue que le gouvernement libyen a fait croire qu’il y avait des victimes dues aux frappes aériennes de l'OTAN sur des cibles civiles au lieu simplement de causes indépendantes des combats. Cette même idée a été reprise par John Burns. Dans un hôtel de Tripoli, il confectionne à la hâte des reportages de propagande « made-in-the-Pentagon, » en les tapant sur sa machine pour le New York Times. Ayant été à l'hôpital El Khadra de Tripoli, je puis témoigner du fait que plusieurs personnes ont été blessées directement par des frappes aériennes de l'OTAN, beaucoup ayant des éclats d'obus dans les jambes, les bras et le torse.
Quand la chancelière allemande Angela Merkel a été mise en pâmoison par le président Ben Obama à Washington pour qu’elle engage les forces militaires allemandes dans la campagne de l'OTAN contre la Libye [*], Deutche Presse-Agentur, l'agence de presse allemande, a faussement signalé de Tripoli que la vie dans la ville tentaculaire de quelque 1,3 million de gens sol insistait en faveur d’un arrêt, car les écoles et les magasins étaient fermés, tandis qu’avec la défection de quelques unités, les forces de Kadhafi étaient de plus en plus sous pression.
[* Ndt : Barack Oussama a peut-être menacé Angela Merkel d’un tremblement de terre centré sur Berlin pour l’obliger à engager ses troupiers ? Avec ce genre de loustic, qui sait ?]
Ma propre analyse de Tripoli est que, au 6 juin, les élèves de tous âges étaient toujours à l'école, les magasins ouverts – même si certains marchés de victuailles avaient restreint les heures d’ouverture à cause des sanctions OTANesques sur les produits arrivant en Libye par avion et par bateau – et la vie à Tripoli se poursuivait normalement. Des sanctions de l'OTAN ont résulté d’énormes files de voitures, camions, taxis, faisant la queue pour faire le plein quand les stations d'essence reçoivent du carburant par les routes de campagne venant de Tunisie ou de raffineries locales.
Les sanctions de l'OTAN et leurs effets sur la vie des Libyens vivant dans la région centre-ouest contrôlée par le gouvernement, constituent une forme de « punition collective » visant à affaiblir la détermination des Libyens de l’ouest à soutenir leur gouvernement en difficulté. Seulement, ces sanctions ont l'effet inverse. Même ceux qui auraient pu approuver le remplacement du gouvernement Kadhafi viennent actuellement en aide à leur chef, au moment où l'OTAN se prépare à faire entrer une administration néocoloniale. Avec l'Italie comme membre de la coalition OTANesque, les Libyens se souviennent des atrocités italiennes commises contre la Libye pendant l'occupation coloniale de Rome, et les Libyens soutiennent Kadhafi contre les Italiens, les Français, et les Britanniques, qui, avec les Zuniens et les Canadiens, cherchent à imposer un régime fantoche à Tripoli.
L'OTAN a adopté la tactique de « punition collective » à l’israélienne contre les gens du gouvernement contrôlé de Libye. Les sanctions sur le carburant ont provoqué à Tripoli de longues files aux pompes d’essence, comme ces taxis (à droite) qui font la queue pour faire le plein après le ravitaillement des stations essence.
Les proches des Libyens de l’ouest à Benghazi – la ville de l'est sous le contrôle du Conseil national de transition intérimaire composé de personnages exilés de groupes d'opposition longtemps soutenus par la CIA, le MI-6 britannique, et la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) française, les derniers transfuges du gouvernement Kadhafi, et des éléments extrémistes wahhabites encouragés et soutenus par l'Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis –, rapportent comment la vie a changé sous les rebelles. Les femmes des villes comme Derna, qui est sous le contrôle d’anciens combattants salafistes des opérations d’« Al-Qaïda » en Afghanistan et en Irak, incluant certains libérés de Guantanamo Bay, ont peur de quitter leur maison, car les Salafistes ont imposé des lois islamiques extrémistes à celles se montrant en public sans voile. Sous Kadhafi, il n'y avait aucune contrainte sur ce que portaient les femmes et les hommes en public. Toutefois, les hommes ne pouvaient pas avoir la barbe sur la photographie de leur passeport libyen. Dans le mouvement rebelle, la possession d'un passeport libyen avec la photographie d’un leader salafiste barbu, indique que les autorités rebelles de Benghazi ont émis de faux passeports.
Après le pillage de 900 millions de dinars libyens et 500,5 millions de roupies US en espèces à la Banque centrale libyenne de Benghazi par les meneurs rebelles, entre les mains des insurgés tenant l'est, les fonctionnaires, dont les enseignants, ne sont plus payés. À Tripoli, malgré son désir d’aider les Libyens de l'est, le gouvernement central n’a aucun moyen d’envoyer les paiements aux fonctionnaires désœuvrés, aux retraités et aux familles qui recevaient 500 roupieus par mois dans le cadre du programme libyen de partage des revenus pétroliers. Ali Tarhouni, le « ministre des Finances » rebelle, est considéré depuis longtemps comme une pièce maîtresse de la CIA. C'est lui, avec l'aide d'un cambrioleur des Émirats arabes unis fourni par la CIA, qui a effectué le vol de l'argent dans les coffres-forts de la Banque centrale de Benghazi.
Quelques-uns des ministres libyens, qui ont abandonné le gouvernement pour les rebelles, étaient connus pour leur opposition à la politique de partage des recettes avec le peuple libyen instaurée par Kadhafi, et s’intéressaient plus à l’épaisseur de leurs propres comptes bancaires et portefeuilles d'investissement. Ce n'est donc pas un hasard si l'une des premières cibles des avions de guerre de l'OTAN a été le bureau de Tripoli chargé de mener l’enquête sur la fraude des hauts fonctionnaires du gouvernement. Bon nombre d’officiels mis en examen pour fraude et corruption, dont des ministres importants de Kadhafi, sont à présent de hauts fonctionnaires du Conseil national de transition intérimaire, reconnu comme « gouvernement légitime » de Libye par la France, l'Italie, la Grande-Bretagne et d'autres pays de l'OTAN. Les pays occidentaux concluent déjà avec les chefs rebelles des accords de nouvelles concessions pétrolières qui placent les intérêts des grandes compagnies pétrolières au-dessus de ceux du grand public libyen.
La bonne nouvelle, c’est que les dossiers de fraude et corruption du bâtiment frappé par l'OTAN avaient été sauvegardés dans un endroit sûr, et ces fichiers serviront de preuves pour inculper les transfuges qui servent actuellement au sein du Conseil intérimaire. Parmi les ministres et les conseillers cadres impliqués dans la corruption, figurent l'ancien ministre à la Justice, Mustafa Abdel Jalil, chef nominal et inefficace du Conseil intérimaire rebelles ; Mahmoud Jibril, ancien ministre, planificateur et chef du Conseil de développement économique formé en Zunie, qui agit à titre de premier ministre de la « République libyenne » rebelle ; le Dr Ali el-Essawi, ministre du Commerce et de l'Industrie et ancien ambassadeur en Inde, aussi membre des Frères musulmans ; le ministre de l'Intérieur Abdul Fatah Yunis, ami proche de Kadhafi ; et Musa Kusa, ancien patron du Renseignement libyen et ministre des Affaires étrangères, un autre ami proche de Kadhafi qui a aussi été l'homme de pointe du programme de sous-traitance de la torture et d'enlèvement de la CIA en Libye.
Chose ironique, quelques-uns de ces mêmes Djihadistes et extrémistes musulmans qui étaient les cibles du programme de restitutions extraordinaires et de torture de la CIA combattent à présent dans l'est avec les rebelles, et, dans le cas de Derna, ils ont instauré un « émirat islamique » à la talibane.
Concernant le soutien français aux rebelles libyens, il existe des preuves montrant que Nicolas Sarkozy et Bernard-Henri Levy, l'ami [autoproclamé *] philosophe de Dominique Strauss-D’Âne [**], le présumé prédateur sexuel d’hôtel de New York et ancien directeur général du Fonds monétaire international, ont soutenu les rebelles pour permettre à Israël d'étendre son influence en Libye afin de compenser les pertes de Tel-Aviv en Égypte. Il y a eu des rapports crédibles montrant que, lors d'une récente visite à Benghazi, Levy, l’un des premiers partisans des rebelles libyens, les a convaincus de permettre à Israël d'établir une base militaire dans l'est de la Cyrénaïque avec un bail de 30 ans. En contrepartie de la base, Israël exercerait son autorité auprès de Washington, Londres, Paris, Berlin et Rome, pour que l'OTAN intensifie sa campagne militaire en Libye, et Israël fournirait clandestinement aux rebelles une assistance militaire spécialisée et des renseignements. Juste après la navette diplomatique de Levy entre Benghazi et Jérusalem, où il a rencontré le premier ministre Binyamin Netanyahou, des hélicoptères de combat de l'OTAN hélicoptère ont été engagés pour la première fois dans sa campagne de Libye.
[* Ndt : C’est BHL qui se dit philosophe et personne ne croit vraiment se qu’il délire.
** Comme je l’ai déjà expliqué ailleurs dans un commentaire, les Basques ont forgé un qualificatif élogieux, « achtapitoâ, » signifiant littéralement zob d’âne, pour les gens qui, comme Straus-Khâne, semble-t-il, sont plus mus par la bite que par la conscience. Quand on pense que la gôche « socialiste » voulait imposer un anormal queutard à la tête de la France ! Les Françaises l’ont échappé belle !]
Il n'est fait aucune mention de l'implication israélienne en Libye dans le New York Times, le Washington Post, ou le Los Angeles Times, ce qui ne surprendra guère vu les tendances pro-israéliennes des propriétaires de ces journaux.
Dans leur zèle à promouvoir la ligne du Pentagone et de l'OTAN, les grands médias occidentaux n’ont pas mentionné que certains rebelles libyens ont accepté une offre d'amnistie du gouvernement s’ils abandonnaient les armes. Après que les rebelles ont déposé les armes à Misrata et dans les montagnes de l'ouest, l'OTAN a intensifié ses bombardements sur les deux régions.
Qu’ils soient Zuniens, Britanniques, Français, Allemands, Canadiens, ou Italiens, les « correspondants de guerre » des médias à la solde des trusts voyagent en groupes et adoptent simplement la ligne de l'armée occidentale. Dans le cas de la Libye, les reporters de guerre transnationaux font du battage médiatique sur le succès des rebelles, tandis que leurs homologues à l’hôtel Rixos de Tripoli sautent sur la moindre occasion pour décrire le gouvernement libyen comme malhonnête et exagérant les dommages collatéraux de l'OTAN. Ces journalistes connaissent pourtant les résultats d'une frappe aérienne de l'OTAN dans un quartier résidentiel de Tripoli. Elle a tué cinq personnes, dont le fils de Kadhafi, Seif al-Arab Kadhafi, et trois petits-enfants du colonel Kadhafi. Les maisons voisines, situées à seulement un bloc de l'ambassade de Côte-d'Ivoire, ont aussi été gravement endommagées par l'attaque de l'OTAN.
Le salon de la voisine de Saif al Arab Kadhafi après une frappe de l'OTAN. L'OTAN affirme bombarder que des cibles militaires et les médias à la solde des multinationales occidentales répètent leur propagande expédiée depuis Tripoli.
D'autres articles de médias à la solde des multinationales ont suggéré de Benghazi la victoire des rebelles dans la partie ouest de la Libye, dans les villes le long de la grande route principale entre Tripoli et la frontière tunisienne. Ayant voyagé sur cette route le 6 juin, je puis témoigner qu'il n'y a aucun signe de présence rebelle et qu’aucune ville entre Tripoli et la frontière n’arbore le pavillon vert de la Jamahiriya. De Tripoli jusqu’à la Tunisie, il n'y a aucun pavillon de l'ancien régime royaliste féodal, le drapeau utilisé par les rebelles. Les seuls tirs entendus dans la région provenaient de troupes tunisiennes, appelées pour disperser des travailleurs noirs africains réfugiés des combats contre la Libye, qui faisaient des allées et venues sur la frontière à proximité du poste douane.
Le gouvernement libyen a mis en place un numéro de téléphone tunisien qui promet aux travailleurs déplacés un logement et une aide financière s’ils reviennent en Libye. Simplement à cause de la couleur de leur peau, les rebelles ont attaqué plusieurs travailleurs noirs d'Afrique sub-saharienne et de pays du Sahel. Plusieurs travailleurs ont été tués et blessés et de nombreuses femmes noires africaines, notamment des femmes et filles des travailleurs immigrés, ont été violées par les rebelles. Pourtant, la violence des rebelles arabes contre les Noirs a été très peu rapportée par les grands médias, toujours soucieux de couvrir le Pentagone, la CIA, la Maison Blanche et siège de l'OTAN à Bruxelles.
Il n'a pas été non plus fait mention de l’enlèvement du corps des victimes de la violence des rebelles, de la combustion en masse des corps de victimes pour effacer toute trace de crime contre l'humanité commis par les forces rebelles soutenues par la Zunie et l'OTAN.
Il a été souvent dit que, dans la guerre, la première victime est la vérité. Pourtant, tout journaliste a le devoir de rapporter la vérité quelles que soient les caprices de son gouvernement. Comme nous l'avons vu en Libye, et avant, en Irak, Afghanistan, au Pakistan, Liban, à Gaza et en Cisjordanie, au Darfour, Rwanda, en Somalie et au Yémen, de nos jours le journaliste à la solde des multinationales sert juste de sténographe à son maître transnational qui, à son tour, tire les ficelles des marionnettes sises à Washington, Bruxelles, Londres, Paris, Rome et Berlin.
Original : www.strategic-culture.org/news/2011/06/08/natos-alternate-universe-in-libya.html
Traduction copyleft de Pétrus Lombard